crédit weedseed. → CALLAHAN, LEWIS ELISUD, dit le translucide
Beau et jeune garçon qui nous vient tout droit de Salem pour entamer sa sixième année au collège. Il est né à San Francisco, Californie en ce beau jour qu'est le 13 mai 2044 en tant que sang mêlé ; à présent il vit à San Francisco, Californie. Jusqu'à maintenant, son niveau scolaire s'est révélé être excellent. Il y a quelques années maintenant, il s'est procuré une baguette faite en bois de lierre, mesurant vingt-deux centimètres et contenant une plume d'aile droite de phénix. Avec cette baguette, il est possible de créer un patronus - le sien prend la forme d'un cochon d'Inde sauvagement obèse. Pour ajouter à son bonheur, il y a aussi la vision qu'il a eu face au miroir du Risèd : le retour de sa mère. Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. La mort de son père, son frère, sa sœur, son chat et son rat, qui rejoignent sereinement sa mère tout en le laissant plongé dans une solitude abyssale, dans son cas. |
→ the best day of my life.(c) misery angel
« Ew ! »Ça, c'est ma mère, ou du moins, ses premières impressions lorsqu'elle m'aperçut pour la première fois. Mon paternel, fier, tenait un nouveau-né bien enroulé dans une couverture bleu clair, un bonnet blanc enfoncé jusqu'aux oreilles, et tendait sa nouvelle merveille à ce qui devrait être l'amour de sa vie, alitée, après ayant donné pour la troisième fois la vie.
« Mais... Il est bleu. Pourquoi il est bleu ?! Les autres n'étaient pas bleus ! Et il n'a même pas de cheveux ! Bonnie avait de jolies bouclettes, à sa naissance. Il est raté ! »Désespéré, mon père se redressa, comme s'il pensait que par ce simple geste, il allait mettre un terme aux généreux compliments de ma mère à mon égard. Scrutant le visage du bébé aussi affectueusement que fièrement, mon géniteur reprit la parole, tentant de défendre son fils, attendrit par les mimiques que faisait ce-dernier.
« Mais non, ma chérie, c'est simplement qu'il a un peu manqué d'air. Bientôt, il sera tout rose, comme les autres. Et si, regarde, il a des cheveux. Des petites mèches blondes, comme moi. »Je vous souhaite la bienvenue dans ma vie. Ou du moins, la première partie de celle-ci. Je suis né à San Francisco, au beau milieu du mois de mai. Peu après ma naissance, j'ai eu l'immense plaisir, et surtout le somme, de rencontrer ceux qui seraient liés à moi jusqu'à ma mort : mes aînés ; j'ai nommé Cohnaan et Bonnie. Cohnaan, c'est le « vieux » de la famille, on a onze ans de différence, et je crois qu'il n'en faut pas plus pour que dans ma petite tête, il figure tel un grand frère et une sorte de troisième parent. Bonnie, comme vous l'aurez aisément deviné, est ma sœur et une seule année nous sépare. Un petit ange d'apparence, mais qui a des manières à ma mère assez flagrantes.
Nous n'étions pas bien vieux, Bonnie et moi, lorsque ce qui devrait être notre maison se métamorphosa vite en beau foutoir. Ma mère, éprise d'un séduisant jardinier, trompa mon père. Vous connaissez ensuite la chanson populaire : ils s'engueulent pendant un an, se lancent des assiettes et autres ustensiles de cuisine, l'amour périt, la haine s'installe, les remarques acerbes fusent, les enfants apprennent les meilleurs moyens de se boucher les oreilles pendant la quasi totalité des vingt-quatre heures de la journée, et finalement, divorcent. J'avais alors une petite année, et j'ai vite apprit qu'être nomade dans son cœur, c'était la meilleure solution. Balloté d'un côté et de l'autre, n'ayant pas encore la faculté de pouvoir prononcer un « non » catégorique, j'ai un peu tout vu et tout connu. Un coup j'étais avec mon père, un autre avec ma mère, mon physique s'étant visiblement amélioré pour que je monte en grade et atteigne celui de « fils » à ses yeux. Cette année de transition et voyages continuels dura une autre année, comme quoi, on aime bien ça, chez les Callahan, les tranches de douze mois. Après, mon père, qui ne perd pas de temps, il faut l'avouer, trouva cette femme, cette Ève. Elle avait déjà une fille, qui avait l'âge de Bonnie, nommée Maïa. Une sorte de coup de foudre les transperça, les entremêla ensemble, les firent valser un tourbillon de la vie et de l'amour étourdissant, si bien que j'avais à peine deux ans et hop! Mon père s'était remarié avec cette femme, ils s'installaient dans une nouvelle maison, avec toute la petite troupe... Résultats des courses : papa Adam, maman Ève, fausse sœur Maïa, vrai frère Cohnaan, vraie sœur Bonnie, bébé moi-même – ou Lewis, pour les plus malins -.
Et voilà, à partir de cette période, j'ai commencé à prendre vraiment conscience de la vie. Mon cerveau se développa, j'appris les trucs de bases comme ne plus baver et faire quelques pas. Certains souvenirs se forgèrent une place bien précise dans ma tête blonde, et bien que je résidais la majorité du temps avec mon père et sa nouvelle femme, il n'était pas proscrit que nous allions parfois rendre visite à notre chère et tendre mère, et son – ou ses ? - nouve(l)(aux) amant(s).
(c) manhattan Lily-Robin rejoint la famille lorsque j'avais cinq ans. Rapidement, tout le monde s'émerveillait de ce petit bout de femme, tandis que moi, j'étais inapte à voir l'intérêt que démontrait un minuscule bébé qui passait la plupart du temps à dormir ou à nous réveiller en braillant... Quoi qu'il en soit, l'arrivée de ma petite sœur m'indifférait. La seule arrivée qui m'enthousiasmait était celle de mon frère aîné, Cohnaan, qui avait plus ou moins échappé au déménagement et tout qui s'en suivait, passant sa troisière année à l'école de sorcellerie qu'est Salem. Souvent, et à mon plus grand plaisir, il venait pour les fêtes de fin d'année, tandis que durant l'année, je le harcelais de dessins plutôt médiocres que mon père joignait aux missives qu'il lui envoyait. Lorsque mon aîné était absent, cela s'apparentait assez à un vide intense et béant pour moi. Ainsi, inutile de préciser que lorsque celui-ci était présent, je ne le lâchais pas d'une seule semelle... D'ailleurs, le Noël de l'année de naissance de Pikachu – ou Lily-Robin -, il n'y avait qu'à mes yeux Cohnaan et Franck – mon lapin en peluche, qui ne ressemblait dès lors plus réellement à un lapin -.
« Loulou, lève toi, fripouille. »Mon frère, le dit Cohnaan, qui essaie de me réveiller en couvrant mon frêle cou de baisers en tout genre, un léger éclat de rire. La veille, mon cher père m'avait autorisé à squatter le lit de mon frère, en terme d'exception pour Noël. Une sorte de cadeau anticipé, bien qu'il faut l'avouer, j'avais tendance à me lever la nuit, Franck serré de toutes mes forces contre mes côtes, mes pieds nus frémissant contre le parquet, trottinant jusqu'à la chambre de « Coco » et me glissant discrètement sous les couvertures de ce dernier, pour me blottir contre mon frère. Oui, j'étais la parfaite image du petit frère collant et bien chiant. J'imitais Cohnaan, je le suivais partout, et j'étais toujours fourré dans ses pattes, si bien que parfois, il me bousculait et je finissais bien rapidement sur les fesses, les dix ans de différence se faisant alors douloureusement sentir. Je gémissais, attirant Franck contre moi, alors que mon frère impatient de découvrir ses présents me prenait dans ses bras sans grandes difficultés et me transportait jusqu'au séjour, où déjà toute la famille – même Pikachu – était présente. Assis comme un tas de linge sale à côté d'un autre tas qui devrait être mes cadeaux, je me frottais les yeux, fourrais mon pouce dans ma bouche, approchais Franck de mon visage et m'éveillais doucement, alors que Bonnie s'enthousiasmait d'un de ses jouets. Je demeurais immobile pendant une bonne trentaine de minutes, carrément oublié dans toute la frénésie de Noël, ne touchant à un seul des paquets encore intacts. Finalement, ma belle-mère me repéra, un léger rire attendri ornant ses paroles :
« Bah alors Loulou, tu dors encore ?! »Je me levais, Franck écrabouillé contre ma poitrine, jetant un coup d'œil aux paquets avant de m'en éloigner.
« Viens ouvrir un cadeau, 'chou. Ils sont là, regarde. »Ma belle-mère aurait pu se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au coude, je lui tournais vraiment le dos pour aller me scotcher à Cohnaan. Ce n'était pas que je l'aimais pas, mais disons qu'entre elle et mon frère, le choix était vite fait. Et puis, l'important était surtout que :
« Pacafrafraou. »Oui, j'ai beau avoir cinq ans, je parle encore une sorte de langage précaire qui n'a de sens que pour mon frère et ma sœur. Même mon père ne le comprend pas, allez savoir pourquoi. Et bien que lui et sa nouvelle femme s'évertuent à me faire parler une langue reconnue dans le monde, je persiste à m'exprimer de cette manière. Comme si, ainsi, je me sentais protégé, ou du moins, lié à mes deux aînés. Cohnaan traduit rapidement, devant l'air assez divertissant d'Ève :
« Il dit que Franck n'a pas eu de cadeau et demande s'il a été oublié. »Bam. La tête de ma belle-mère aurait valu des millions, là. Ça se voyait que, ouais, elle n'aurait pas pensé que le pauvre bout de chiffon que son beau-fils traîne depuis des années, considère comme un être humain et chérit comme son propre bébé, aurait dû avoir un cadeau. Loupé. Le benjamin de ton fils est un chieur.
« Mais non, mais non... » tente-t-elle d'improviser désespérément, projetée sous une demi-douzaine d'yeux d'enfants.
L'air émerveillé, euphorique pour ma peluche, je me dresse sur la pointe de mes pieds, tentant de voir ce que fabrique ma belle-mère dans mon dos. Elle finit par tirer un simple ruban rouge, sans doute d'un emballage cadeau, qu'elle me tend fièrement.
« Regarde, Lewis. »Oui, ce que je regarde, c'est surtout le tas de déchets d'où elle en a extirpé le ruban, mais passons.
« C'est un collier pour Franck. Il est tout doux, viens, touche. Et il beau. Ohhh, regarde, comme il est beauuuu. Waaaw ! »Elle me prend pour un arriéré, mais bon, l'intention est là. Je jette un coup d'œil à Cohnaan qui aide Maia avec un de ses cadeaux bien scellé et m'aventure bravement vers ma belle-mère, tendant mon petit bras vers le ruban qu'elle laisse tomber dans ma main. Elle avait déjà appris à ses dépens que valait mieux ne pas effleurer le moindre fil du dit Franck, alors, bien qu'elle a une certaine envie de passer à autre chose, elle me regarde me débattre avec le ruban pour tenter de l'enrouler autour d'un Franck qui en a déjà vu des vertes et des pas mûres. Au bout d'une bonne vingtaine de minutes, je suis de nouveau fourré sur les genoux de Coco, caressant du bout des doigts le ruban autour du cou de Franck, n'ayant d'attention que sur ça, alors que tout le reste de la famille s'émerveille pour moi à ouvrir mes présents – les derniers encore emballés, surtout -. Mine de rien, ce pauvre ruban, s'il n'avait pas été là, je crois que je n'aurais pas commencé à considérer Ève comme ma mère dès ce fameux Noël. Je ronronne presque :
« Fracon. »Ce qui se traduirait, grossièrement par : « Franck est content, tout comme moi. »
(c) misery angel Les escapades chez notre mère n'étaient pas très fréquentes. Mon père possédait la plupart de notre garde, ma mère ayant quelques mercredis après-midi puis week-end. Et encore, cela lorsqu'elle n'avait pas d'autres projets, ce qui semblait passer avant ses propres enfants. Mais passons, cela ne voulait absolument pas dire que je détestais ma mère. Au contraire, je l'adorais, malgré le fait qu'elle repousse mes câlins intempestifs et ne réponde jamais à mes demandes d'affection. Elle demeurait ma mère, celle que j'aimais par-dessus tout en tant que telle, et que j'admirais.
Bien qu'elle possède un côté superficiel fortement prononcé, il faut avouer que celui-ci avait une rude compétition avec ses manières loufoques. Ma mère, sorcière galloise, était réellement une femme hors-du-commun. Nous étions élevés dans un monde pratiquement parallèle, tellement les pratiques et les histoires qu'elle nous offraient étaient dénuées de tout sens commun. Elle me transmettait d'ailleurs une certaine peur pour les Plouftis, des êtres dans les gouttes de pluies qui pénétraient dans les tissus libres et étaient rudement « mauvais ».
Quoi qu'il en soit, ce mercredi après-midi là, moi, Bonnie – Coco étant, à cette période de l'année, à Salem -, passions une journée des plus dingues avec notre mère extraordinaire. Éclats de rire à profusion, Bonnie et elle faisaient des trucs aussi dingues les uns que les autres tandis que je les suivais timidement, tout sourire. Vers la fin de l'après-midi, après que notre génitrice nous ait payé de ces crêpes au sucre dont nous raffolions, nous rentrions en voiture dans la demeure californienne de cette première. Une explication se doit alors d'être donnée : la demeure de notre mère se tenait sur deux étages. Le premier, il y avait quasiment toutes les salles utiles. Au second, se trouvait la chambre que je partageais avec Bonnie et d'autres pièces aussi anodines les unes que les autres pour nourrir les folies de notre mère. Le plus étrange pour les voisins étaient probablement le fait que pendant une longue période, aucune vitre n'était accrochée au fenêtre. Ce n'était que de trous béants, parfois fermés par des volets, et encore, c'était plutôt rare. Allez savoir pourquoi, ma mère ne voyait pas l'intérêt d'acheter des fenêtres... Jusqu'au jour, où elle rencontra un bellâtre vitrier. Généreux dans l'âme, il lui recouvrit tout ces « trous » - sans vouloir être tendancieux -. Ce qui était parfait, il faut l'avouer, pour éviter l'invasion de Plouftis. Ce qui l'était un peu moins, lorsqu'il se mit justement à pleuvoir, et notre mère, affolée, nous répliquait en se garant :
« Par Merlin ! Le linge est dehors ! Il va être infesté de Plouftis ! Vite, il faut le rentrer et le désinfecter au plus vite !!! »Elle paniquée, nous héroïques, je sortais en trombe de la voiture, entrait dans la maison déverrouillée – oui, ma mère connaissait guère ces drôles de gens que les voisins nomment « voleurs » -, entamant une course folle avec Bonnie, cette-dernière sur mes talons. Comme quoi, il y avait au moins quelque chose où j'étais plus fort. Oh, et j'ai aussi excellé en passant justement, à travers la fenêtre de la porte vitrée qui portait jusqu'au jardin. Normalement, c'était un trou, mais voilà qu'en fait, y'avait bien une vitre, et dans un élan spectaculaire, je venais de la briser en mille morceaux, m'écroulant lamentablement sur le sol, des bouts de verre partout, le sang dégoulinant de mon visage, de mes bras, mes jambes..., ma peau piquant à peu près partout, mais surtout, ce bruit tout à fait mélodieux, un des plus beaux que je n'ai jamais entendu, résonnant à mes oreilles. Derrière moi, une Bonnie effarée, s'était stoppée nette, ses petites mains sur sa bouche, étouffant un « Oh », alors que ma mère finissait par se pointer avec courage, et que je demeurais immobile sur mon lit de verre. Franchement, je vous conseille, c'est une expérience à forcément connaître dans une vie.
Enroulé dans une couverture inutile, ma mère et ma sœur avaient vite reprit le chemin de la voiture, la première me fourrant presque sur les genoux de la dernière, marmonnant un « Mets ta ceinture et tiens-le bien ! », alors que, pour la première fois de sa vie, elle dépassait le vingt kilomètre/heure en route vers l'hôpital. Après, ça devient vachement marrant. Mon père est avertit, il atterrit avant elle à l'hôpital, et forcément, est souverainement flippé. Mes parents s'engueulent, ma mère déambule avec moi dans ses bras, me donnant généreusement envie de vomir, alors que je n'ose même pas ouvrir les yeux, de peur qu'un bout de verre me les crève. Mon père lui vocifère de me confier à une infirmière qui, après une valse torride, finit par m'arracher des bras de ma mère et c'est là que j'entame mon dégoût pour l'hôpital, les ciseaux, les aiguilles, les pinces, les cotons, les produits désinfectants à l'odeur répugnante. Mais bon, je me contente de garder les yeux solidement fermés, effaré à l'idée que Franck doit m'attendre et s'inquiéter pour moi, alors que je me fais tripoter de tous les côtés, arraché des bouts de fenêtre un peu partout et me retrouve même avec des points de suture à quelques centimètres de mon œil. Ça n'aurait pas été aussi drôle à raconter, si je n'avais pas eu de marques !
De la chambre, j'entends Bonnie qui crie presque aussi fort que mes parents, qui semblent même pas la prendre en considération. Un ambulancier a l'air de vouloir les calmer, mais mon père parle de nous enlever à ma mère, ce qui fait vite pleurer bruyamment mon aînée. Ensuite vint le plus beau, comme quoi, notre mère n'est pas une bonne mère, qu'elle a faillit me tuer, qu'elle nous mérite pas, qu'elle mérite pas de nous garder, qu'elle est pire qu'une enfant irresponsable. Enfin bref, vous connaissez la chanson, mon père jette son dévolu sur elle, et encore une fois, Bonnie et moi, on se bouche les oreilles, comme on avait l'habitude de faire avant qu'ils divorcent.
Le soir, je sors de l'hôpital, et inutile d'annoncer que ma sœur et moi prenions la route avec notre père, à notre plus grand damne. Boudant, on demeure parfaitement silencieux – ce qui n'est pas vraiment une nouveauté pour moi -, et après que nous ayons récupéré Franck, on atterrit au quartier général de la troupe des Callahan, où je suis, mais par tous les Plouftis de la planète, chaleureusement accueillit. A commencer par les hurlements et des pleurs de Pikachu qui court se réfugier sous la table de la cuisine comme quand il y a de l'orage, en hurlant de toute son âme que « Y'a Halloween ! Y'a Halloween ! » comme quoi, je dois avoir un sacré look ; le tout à peine couvert des vociférations rageuses de Maïa qui harcèle violemment tout le monde pour savoir qui m'a fait ça. Finalement, la famille est agitée, même mon père et Ève. Bonnie raconte au dîner en bribes ce qu'il s'est passé sous les questions incessantes des deux figures paternelles, et pour ma part, j'écrabouille Franck contre ma poitrine, mon pouce mille fois plus appétissant que ce qu'il y a de mon assiette, attendant sagement que le repas se termine, pour une fois pas accommodé pour devoir manger un peu. Comme quoi, j'aurais pas tout perdu.
Rassurez-vous, Pikachu n'eut pas peur de moi très longtemps. Ève, médicomage, avait usé de sa baguette pour guérir la plupart de mes plaies rapidement, si bien qu'il ne restait que ma cicatrice bien apparente. Ça faisait déjà moins « Halloween », pour reprendre les charmants termes de ma cadette. Néanmoins, il faut dire que je me souciais guère de mon apparence, même si j'avais eu l'air d'un saucisson charcuté. Franck aussi, s'en fichait. Et étant donné qu'on me laissait plutôt tranquille, j'étais comblé. Ce petit bonheur ne dura malheureusement que très peu de temps. Deux mois après, un bien détestable 25 août, ma mère périt dans un accident de voiture. Enfin, disons que sa voiture dérailla, perdant donc le contrôle de son véhicule, elle disparut, entamant un magnifique vol plané au bas d'une falaise californienne, la voiture crashant dans un bruit abominable contre les rochers, avant de s'évanouir dans la mer. Le soir du 25 août, autant dire que les Callahan première génération étaient totalement silencieux. Coco, Bonnie et moi nous sentions réellement lourds, et n'arrivions pas vraiment à réaliser que notre mère avait disparut. Tout comme le fait que ma sœur et moi n'avions toujours pas digéré le fait que notre père nous avait interdit de la revoir durant l'été. Cohnaan disparaissait dans son plat, Bonnie attaquait les morceaux de sa saucisse, Lily chantonnait dans son siège adapté à son âge, Maïa était muette comme une tombe, Ève désemparée, mon père agacé. Finalement et pour la première fois dans toute ma vie, c'est moi qui provoqua l'agitation. Ou du moins, qui brisa ce silence, en plaçant mon Franck peu appétissant aux yeux des autres sur la table. Rien de plus pour que mon père sorte de ses gonds. Ni une ni deux, il l'avait saisit, rouspétant, et je m'étais levé, pratiquement électrisé, avant d'arracher mon trésor de ses grosses et insensibles mains. Franck ayant visiblement un problème de « calcium », son bras resta dans les mains de mon père, dans un hideux craquement, à ma plus grande terreur. Les yeux aussi grands que des soucoupes, je hurlais, en langage, s'il-vous-plaît, reconnu par le monde entier :
« ASSASSIN ! ASSASSIN ! ASSASSIN ! »J'aurais bien mérité une baffe pour qu'on me fasse taire. Je récupérais le bras sur le sol de mon Franck, tandis que mes pouvoirs magiques se « dévoilèrent ». Sous l'effet de la colère, la table à laquelle l'intégralité de la famille se sustentait, se mit rapidement à vibrer, faisant tomber tout les récipients possibles, puis les assiettes jusqu'au sol. Je continuais de crier, laissant à mon père que très peu le loisir de me gronder, ma belle-mère tentant de protéger Lily d'une projection de purée :
« C'est ta faute ! C'est toi qui l'a tuée ! Tu t'en fichais, parce que t'as trouvé une autre maman. Et t'as tué la nôtre. T'as dit qu'elle n'était pas gentille, alors tu l'as laissé mourir. T'es un sorcier, tu devais la sauver, tu pouvais la sauver. Alors pourquoi tu l'as pas fait ? Pourquoi tu l'as pas fait ?! »De grosses larmes roulaient sur mes joues roses, je tremblais de tout mon corps encore frêle du haut de mes sept ans, alors que la table quittait le sol de plusieurs centimètres. Je fixais néanmoins mon frère, désemparé, connaissant mon premier et dernier craquage. Les autres, demeuraient juste choqués du fait que oui, je sache parler, composer des phrases avec un sujet un verbe et un complément, et que je saccageais la moitié de la cuisine. Sans oublier le fait que ma voix puisse si bien hurler, bien qu'il fallait l'avouer, elle ressemblait assez à celle d'un corbeau étouffé, tellement elle pouvait être cassée, rauque et que je ne semblais pas capable de poser convenablement. Je me retournais vers mon frère, la nappe prenant feu et son silence me blessant sauvagement, qui me regardait, impuissant. Il avait dix-huit ans, depuis un an, il nous faisait rêver avec sa magie.
« Pourquoi t'as rien fait Coco ? Pourquoi t'as pas sauvé maman ? Pourquoi tu l'aimais pas non plus ? Vous avez rien fait alors que vous étiez sorciers ?! ... Et vous vous en fichez, parce que vous avez tous une autre maman. Et à cause de vous, j'en ai même pu, moi, de maman ! Je vous déteste ! Je vous DETESTE ! »Sans réclamer mon reste, Franck et son membre fermement dans mes bras, je reculais, l'air abominé par leurs comportements, et disparaissais le plus vite que je pouvais, courant le plus loin possible d'eux, où jamais ils pourraient me retrouver, où jamais ils pourraient me rattraper...
Suite à ce « clash », disons que je n'ai plus vraiment été le même. Déjà que j'étais pas très commun, je suis devenu encore « pire ». Au départ, j'avais beau être doté d'un mutisme quasi parfait et ne parler qu'une langue que j'avais moi-même inventée, j'étais tout de même sociable ainsi qu'affectueux. Le petit frère toujours fourré dans les pattes de ses aînés, à toujours vouloir les imiter, à les admirer, à les prendre en exemple. Le cadet typique bien collant bien chiant, au risque de me répéter. Après la mort de ma mère, je suis simplement devenu plus froid, plus réservé, plus introverti. J'ai eu énormément de mal à « remonter » la pente et revoir ma famille non comme des ennemis mais comme des alliés. J'étais perdu, et me suis plongé dans une sorte de bulle de laquelle peu de gens parvenait à m'en sortir. Je dégradais, n'étant plus qu'un spectre, complètement vidé, plus vulnérable que jamais.
Mes proches ont œuvré à me faire redevenir « comme avant », sachant pertinemment que c'était, d'une part le mieux pour moi, et d'autre part, que je n'avais aucune part de mauvais en moi pour survivre de cette manière. Au fil des années, des améliorations minimes pointèrent le bout de leur nez, jusqu'à l'arrivée de Miétek. Ce chaton intégralement gris avec de grands yeux d'une couleur indéterminée. Un bébé abandonné, ayant perdu le fil de sa famille, qui s'était retrouvé à errer dans une rue pas si loin de notre demeure, tentant si bien que mal d'éviter les véhicules roulant à vive allure. Choqué et déjà attendrit, je l'avais recueillit sans grandes difficultés, et l'avait caché, par crainte que les parents Callahan me l'ôte, l'envoyant dans un institut spécialisé ou quoi que ce soit d'autre. C'était mon salut, ce chat. Mon deuxième Franck, mais en plus démonstratif et agité. Mais c'était surtout la cause des éternuements intempestifs d'Ève, visiblement allergique aux chats.
Mon combat pour Miétek – je n'avais pas réellement tardé à le baptisé, ce nom m'était apparu telle une évidence – commença. Alors que mes parents constataient une nette amélioration dans mon comportement, s'étonnant même à ce que je parle à mes sœurs, Ève passait ses heures à éternuer à chaque fois qu'elle s'approchait trop des chambres. Inutile de dire qu'ils avaient vite fait le lien. Mais j'étais déterminé à le cacher, peu importe la punition. Jusqu'à ce que j'entre un beau jour dans ma chambre, observant avec horreur Maia et Miétek, peinard, sur le dos, se laissant gratifier de caresses et ronronnant bruyamment. Figé, je restais planté sur le seuil de la porte, les yeux fixés sur le duo, ma tête faisant des liens qui se concluaient presque tous vers une fin prochaine.
« Quoi, t'as vu un fantôme, Lou ? Oh et, entre nous, tu ferais mieux de fermer la porte. »Je prenais quelques précieuses minutes à broncher, finissant par laisser grogner doucement la porte sur ses gonds. Je m'orientais vers mon lit, sans m'y asseoir néanmoins, faisant face à ce qui semblaient être deux nouveaux amis.
« J'comprends pourquoi ma mère éternue tout le temps hein. Petit cachotier. T'as pas honte ?! »Honte ? Honnêtement, si, un peu. Mais je ne pouvais me résoudre à délaisser Miétek. Alors, bien que je me sentais mal à rendre ma belle-mère comme ça, je stagnais à l'idée de lui avouer d'où venais ses crises journalières. Tandis que je ne répondais pas, mitigé entre la peur et la méfiance, Maia éclatait brusquement de rire, attirant la petite boule de poils si docile sur ses genoux.
« Va, c'est trop marrant ! Tu sais que si j'te connaissais pas, je serais fier de toi ! »Tenant le chaton dans ses mains, l'attirant jusque devant son visage, elle ajouta :
« Ce sera notre petit secret. »Petit secret qui dura approximativement deux jours, jusqu'à ce que Ève, toute hurlante, découvre l'animal. Par un miracle des plus étranges, ils cédèrent au fait de laisser Miétek vivre – et accessoirement, connaître le reste de la maison – chez nous, ma belle-mère trouvant un fin stratagème pour guérir son allergie aux chats, savant enfin d'où prévenait ses « satanés éternuements ». Après, disons que le reste de la vie devient encore plus banal. Vers mes onze ans, je fus envoyé à Salem, jusqu'à ma cinquième année. Et, voilà qu'en route vers ma sixième année, toujours en vie, avec Miétek et le nouvel arrivé Löthar, j'affronte Poudlard, largement précédé par sa réputation.
→ oh, oh, it's magic, you know.Allez savoir pourquoi, voilà que l'on se retrouve à Poudlard, l'école britannique à l'autre bout du monde. Adieu Salem, je devrais traverser l'océan pour rejoindre le prestigieux collège de sorcellerie britannique. Cette année, tout changeait, en quelque sorte. Mais au moins, j'avais mes sœurs de mon côté. Maïa ainsi que Bonnie seraient en septième année, alors que Pikachu commencerait son « éducation de sorcellerie ». Moi, je suis le paumé de sixième année. Et c'est en Callahan qu'on affronte ces fameux anglais, ne se sentant pas si seuls que ça, finalement. Et puis, tout Salem est avec nous, c'est un peu comme si l'on était entre nous, mais avec d'autres élèves d'un peu n'importe quoi. Également, les Beauxbâtons et les Durmstrangs nous rejoignent. De quoi faire la fête, haha. Oh, et sans oublier que mon cher frère aîné, Cohnaan, a remporté le poste de professeur au collège. En quelque sorte, on est tous réunis, pour le meilleur et pour le pire. - Sans vouloir être pessimiste, je pencherai davantage pour le pire -.
Mais, l'important demeure que nous sommes tous là, dans la Grande Salle. Je suis assis à côté de Bonnie, Maïa en face de moi, Lily de l'autre côté parlant activement avec mon aînée. Maïa jette des regards noirs à un mec qui l'avait assez embêté l'an dernier, et moi, je contemple mon assiette vide. Je n'ai pas faim, comme d'habitude. Mes parents m'ont rabâché les oreilles tout l'été pour que je mange de ci et de ça, me jugeant trop difficile. Mais ce n'était pas que je n'aimais pas, c'était simplement que mon estomac était plein, j'étais rassasié comme un œuf. Mais non, ça, c'est trop bizarre pour eux. Comme s'ils s'étaient pas habitués au fait que j'étais déjà peu commun. Enfin bref, j'attaque quelques minables petits pois, piteux. Je songe à Miétek ainsi que Löthar, mon chat et mon rat qui s'apprécient tout particulièrement malgré leur race, qui doivent être Merlin sait où, à m'attendre. J'espère qu'ils n'ont pas trop faim, et d'une certaine manière, ils me manquent, bien que je suis bien entouré avec mes sœurs. A ma gauche, j'entends quelques filles de sixième et cinquième année m'évoquer par « code » que j'ai, non sans difficultés, décrypté. Elles râlent que je sois à la fois trop « sexe » et « inaccessible ». Elles pensent toutes à la même chose : être perchée au bras d'un homme. Malheureusement pour elles, je ne suis pas du genre à courir les jupons, et de toute manière, je n'aime personne de cette manière-là. Je lève les yeux, soupire, et vire de mon attention les jérémiades des adolescentes. Je jette un coup d'œil à la table des Professeurs, y repérant vite fait mon frère. Poudlard, en soit, ne m'effraie pas, disons que, ça m'indiffère. Être ici ou ailleurs, mon éducation est tout de même réalisée. Je laisse juste filer le temps, attendant ce qui se passera par la suite. Le château est néanmoins majestueux, bien que rien que pour me repérer dans le hall, j'ai prit le soin de retenir jusqu'à la moindre brique, peu enclin à l'idée de me perdre dans l'immensité du bâtiment. Je n'espérais rien vraiment de Poudlard, bien que toute la famille s'émerveillait à l'idée d'y aller. Certes, c'était une expérience, mais voilà, ce n'était qu'une expérience. Je n'étais pas du genre à raconter mes exploits ou mes aventures aux autres, alors... Me vanter que j'ai étudié à Salem et Poudlard, merci mais non merci. La table de ce qui semble être des Poufsouffle s'agite, visiblement quelque chose d'important et utopique s'est réalisé, tellement ils ont l'air euphorique, à taper sur leur table comme ça. En espérant qu'elle ne casse pas et que personne ne se blesse. Cohnaan m'offre un sourire, je lui réponds discrètement, l'air plutôt endormi. Mes yeux divaguent sur l'attirail de professeur et mon cœur se stoppe brutalement devant l'une d'entre eux. Tel un aimant, je parviens à peine à y décoller mes yeux du profil de l'individu, littéralement en mode « gros bug ».
→ i am not a robot. ton pseudo : addie. ton âge : dix-neuf ton avatar : mathias lauridsen, le merveilleux danois ton avis sur sonorus : je le hais. tellement, que je me suis fait un double-compte ! si je te dis what else ? tu me réponds : beuh, pas encore
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