| Sujet: and I become crazy. Dim 17 Oct - 8:45 | |
| and I become crazy.CLÉOPHEELIA N. MALFOY & ALVARO E. BALDOVINA Quant allait-il sortir de cette torpeur dans laquelle il s’était lui-même plongé ? Un état second? Non, une malédiction pour l’être imperturbable qu’il était, dragueur insensible, malheur de ces hommes et plaisir de ces femmes. Le vice, une nature seconde qui camouflait ses gestes de douceur à l’égard de celles qui comblaient son cœur, ne serai-ce que pour une nuit. Demoiselles sans visage qui trompaient son âme, l’amenant dans les voluptés d’un rêve tentateur à la sortie irrémédiablement cruelle. L’éveil était douloureux, tant pour les malheureuses victimes à la peau de lait que pour le persécuteur, inconscient du mal qu’il causait à ces filles ayant fait la bêtise de duper avec lui l’ennui par un acte charnel. Une parmi tant d’autres, poupée de porcelaine qui ne se casse que rarement. Efface tes larmes de cristaux ma jolie, demain sera une autre nuit et qui sait…Le désir pourrait me prendre à nouveau. Bille d’argent, lune inachevée. Prunelle dorée, étincelle de l’obscurité. Les couleurs se confondent, les traits physiques fondent les-uns dans les autres. Le bonheur s’envole avec l’arrivé de cette luminescence dans le ciel, le charme se rompt, si conte de princesse il y a eut. Ferme les yeux, inspire une dernière fois. Quand tu les rouvriras, je ne serai plus là.
Un pas, un simple pas. Pourtant porteur d’un abandon qui n’est que le renouvellement de cette routine déjà établie. Les rideaux s’empêtrent, portés par un courant qui transperce l’épaisseur des ténèbres. Nouveau-nés de la lune, minuscules diamants qui décorent ce vaste plafond d’ébène. Un jeune homme aux follicules pileux en développement soupira, déposant un chaste baiser sur le front de la malheureuse qui dormait maintenant paisiblement, la main tendue dans le vide. Oublie-moi. Je ne suis qu’une ombre passagère, aussi transparente et nomade que ce vent sifflant sa colère. Une nouvelle enjambée. Ernando n’appartient à personne. Ce n’est qu’un mirage que de croire possible de l’apprivoiser. On ne dompte pas les animaux sauvages. Intrépides, volages, imprévisibles. Les volatiles sont libres d’étendre leurs ailes écarlates, pour voler vers un monde nouveau. Lui , il faisait usage de son charme dévastateur pour voltiger vers un univers de plénitude. Et lorsque la mélancolie emplissait à nouveau son esprit, il déployait son sourire pour aller ailleurs.
N’utilise pas ces mots qui me sont vagues. Ne m’observe pas, mon regard te brûlera . Pourquoi les femmes s’attachent-elles si souvent, sans égard pour celui qui ne respecte que lui-même? Cherchent-elles la souffrance, celles qui tentent de le capturer dans leurs bras, à faire de lui un vulgaire canin fidèle à sa maîtresse? La liberté coulait dans ses veines, ses artères regorgeaient de ce sang pur qui le poussait à chercher la tendresse ailleurs que dans sa propre existence. La chair n’est qu’un tissu corruptible, qui n’entend raison ni d’Ève, ni d’Adam. L’âme n’a que faire des plaisirs terrestres, se délectant de la durabilité. Al' corrompait cette essence qui l’animait, cherchant le bonheur là où il ne trouvait que déception. L’amour? Une foutaise inventée par ceux qui ne connaissent que l’extase. Une illusion qui entraîne toutes ces demoiselles dans son grabat, attirées par l’idée d’écrouer l'élève de Salem dans ce piège de possession. Entrave à son entendement, le jeune homme ne vit pas de chaînes mais de conjonctures.
Les sons parvenaient à ses oreilles, mais il n’écoutait pas. Son regard était attiré vers le feu rougeoyant dans le foyer , léchant les bûches avec avidité en cette période estivale de l’année. Destructeur, puissant, chaleureux. Il était lui-même ce brasier ardent qui se consumait dans l’âtre. On ne contrôle pas les étincelles orangées. Ni Al'. La chaleur parvînt à sa peau nue, chatouilla sa poitrine découverte. Il soupira avant de tourner les talons, se dirigeant vers la sortie. Un pantalon avait été enfilé à la hâte, une chemise ouverte laissait apercevoir son torse basané. Des cheveux en pétard, un regard étincelant qui simule la folie. Le jeune homme n’avait pas besoin de camouflage, il connaissait d’or et déjà le chemin vers la pureté de la nuit. L’esprit guide les muscles, le conduit vers l’endroit auquel il aspire. Oxygène. L’appel des ténèbres, saisissant, vital. L’ombre allait le bercer, l’envelopper de son calme, comme une mère et son enfant. Le nourrir dans sa solitude, caresser ses cheveux par ses bourrasques suaves, semblable à ces femmes qu’il fréquente. Un bonheur tout aussi exquis...
Peut-être était-il somnambule. Peut-être était-il tout simplement idiot, fou, ivre ou inconscient. Quoiqu’il en soit, Al’ avait maintenant enjambé le rebord de la tour d’astronomie. En équilibre sur celle-ci, il regardait en contrebas avec un rire démentiel. Il lui suffirait d’un pas, pour être à nouveau le maître de sa mort. Mais si toutes ses tentatives avaient échouées, pourquoi celle-ci réussirait-elle? |
|