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Sujet: Dangerous looks fake, beautiful mistake (MARLON). Dim 6 Mar - 1:11
Seasons came and changed the time. Georgie soupira. Soupira de désespoir, d'agacement, de rage. Elle relisait la même phrase de son manuel de Métamorphose, « Manuel de Métamorphose avancée » pour la cinquantième fois, au moins. Habituellement, elle aimait plutôt bien la Métamorphose, malgré la froideur de son professeur, la difficulté qu’elle avait parfois à réaliser les exercices demandés ou encore malgré les énormes devoirs dont sa classe écopait à chaque fin d’heure de cours, mais en ce miraculeux samedi ensoleillé de novembre, elle aurait de loin préféré être dehors avec un ou plusieurs de ses amis ; Panda, Galadriel, Abby, ou Marlon, par exemple. Mais non. Au lieu de cela, elle était confinée à la bibliothèque – endroit qui lui donnait la plupart du temps des boutons, puisqu’il était pour elle plus relié aux devoirs qu’aux lectures récréatives – pour entamer la tonne de devoirs qu'elle avait en retard. Une joyeuse et ô combien intéressante après-midi en perspective. C'est donc pour cela que, son regard indifférent rivé sur cette phrase qu'elle relisait encore et encore depuis dix minutes, Georgie soupira. D'un geste désinvolte et machinal, elle secoua ses cheveux qui lui revenaient dans les yeux et se gratta la joue. Baissant les yeux vers sa montre, elle sursauta en constatant que cela faisait déjà une heure qu'elle étudiait. Ou en tout cas, qu'elle donnait l'impression d'étudier. Car elle avait beau avoir avancé dans son manuel, tout ce qu'elle avait lut jusqu'à présent était rentré par une oreille et ressorti par l'autre. Ou plutôt, était rentré par un œil et ressorti par l'autre. Elle avait elle-même la désagréable et fatigante impression que sa lecture glissait sur elle sans vouloir s'imprimer dans son cerveau. Chez les gens normaux, c'était signe qu'une pause s'imposait, que le cerveau et la mémoire avaient besoin d'un moment de répit. Mais sans doute que Georgie n'était pas quelqu'un de normal puisque chez elle, inutile d'avoir déjà produit un effort pour que cette réaction s'en suive. Avec toujours ce geste automatique, la jeune fille passa derechef ses doigts dans ses cheveux puis s'étira, baillant et frissonnant. Cette suite de mimiques avait apparemment totalement et définitivement désintéressé Georgie de son cours de Métamorphose, car elle se laissa tomber contre le dossier de sa chaise, et se lança dans un examen complet des lieux. Elle jeta un coup d'œil aux autres élèves qui lisaient, étudiaient ou discutaient à voix basse autour d'elle, comme elle en avait la manie. C’était plutôt étrange, pour une fille de son acabit – très peu psychologue – que d’avoir ce genre de passe-temps, mais c’était un véritable tic chez elle que de regarder toujours autour d’elle. À son plus grand désespoir, elle ne remarqua aucun élève ou professeur avec qui elle aurait pu se distraire. Taper la discut' aux autres quand elle était censée travailler, c'était une des spécialités de la Gryffondor, qui n'avait aucune difficulté à trouver un prétexte pour s'arracher à ses devoirs. Elle croisa alors le regard d'un jeune garçon – élève de Serdaigle, d'après l'écusson brodé sur sa robe de sorcier – qui devait être en train de l’épier, vu comme son visage se teinta joliment de rose lorsque leurs regards se croisèrent. La blonde ne put retenir un éclat de rire monumental que grâce à un énorme effort de volonté. Cette expression donnait au garçon l'air un peu perdu. Toute distraction étant bonne à prendre, Georgie lui offrit un sourire lumineux et battit des paupières à la manière des idiotes prétentieuses et superficielles qui grouillaient un peu à Poudlard au goût de la jeune fille. L'air béat qui s'afficha sur le visage du garçon força Georgie à plonger sous la table, faisant mine de ramasser sa plume, afin de pouvoir se bidonner à son aise. Ce moment de joie ne fut, à son grand damne, que de courte durée, car à peine deux minutes plus tard, elle était de nouveau affalée sur la table, le menton appuyé sur son poing et les yeux rivés sur cette immondice de phrase qu'elle ne parvenait pas à se rentrer dans le crâne. Elle resta immobile un moment, les sourcils froncés, avant de se redresser tellement brusquement que la fille aux cheveux roux flamboyants, qui s’étendait du mieux qu’elle pouvait pour attraper un ouvrage, sursauta. Elle recula bruyamment sa chaise, ce qui lui valut de nombreux courroucés, fourra parchemins, plumes et encriers dans son sac qu'elle mit en bandoulière et s'éloigna à grands pas légers de la table où elle s'ennuyait depuis une heure et dix-sept minutes. Elle semblait sur le point de s'envoler tellement quitter cet endroit terrifiant et pleins de bouquins d'école la ravissait. Pas qu'elle n'aimait pas la lecture, mais la bibliothèque, remplie de vieux volumes poussiéreux n'était pas vraiment le genre d'endroit qui contenait les livres qu'elle aimait. Si bien qu'elle regardait à peine devant elle. Ce qui ne fut malheureusement pour elle, pas sans conséquences. Alors qu'elle esquissait un mouvement rotatif de la tête pour regarder sur sa gauche – il lui semblait avoir aperçut une silhouette familière – elle braqua légèrement sur le côté, sans s'en apercevoir. Lorsqu'elle le sentit, elle retrouva brusquement ses esprits et n'eut pas le temps d'éviter le garçon immensément grand et incroyablement massif qui arrivait en sens inverse. Elle le heurta de plein fouet et, sous le choc, fut propulsée en arrière. Elle lâcha son sac qui vola en l'air. Tandis qu'elle se cogna violemment contre une étagère, son sac atteignait déjà les volumes entreposés plus haut sur ladite étagère. Le résultat fut incroyablement démesuré. Lorsqu'elle leva les yeux, Georgie eu la bonne idée de se jeter sur le côté – ce qui devait d'ailleurs être assez drôle à voir – pour éviter la gerbe de reliure de cuir et de pages. L'étagère, qui, nous sommes bien d'accord, était censée être cinq fois plus lourde et être deux fois plus grande que Georgie, vacilla dangereusement. Dans un unique et dernier sursaut, elle déversa la totalité des livres qu'elle contenait vers l'avant, c'est-à-dire, sur la table posée devant. Georgie eu juste le temps de voir que la table n'était pas inhabitée. En effet, elle hoqueta en apercevant l'homme à la tignasse foncée qui allait d'une seconde à l'autre être avalé sous les bouquins. Un professeur. Il y eu un vacarme assourdissant et un instant plus tard, l'étagère était totalement vide. Elle se releva d'un bond, écarquilla les yeux, regarda autour d’elle, affolée. Un seul témoin. Marlon. Marlon ! Marlon, Marlon, Marlon. « On se casse ! » dit-elle silencieusement, en lui faisant de grands signes. Comme il ne bougeait pas, peut-être trop abasourdi pour réaliser qu’elle était en danger de mort – et lui avec, en tant que témoin – elle se précipita sur lui, lui attrapa le bras, et se mit à cavaler jusqu’aux escaliers, qu’elle gravit quatre à quatre, l’Américain sur ses talons. Une fois totalement hors de vue, elle s’arrêta, lâcha Marlon, et s’adossa au mur pour reprendre son souffle. Il y eu quelques secondes de silence. Et son rire résonna dans le couloir vide du cinquième étage. « Par les glandes de Morgane, j’ai eu chaud ! Je compte sur toi pour faire comme si tu ne savais rien sur mon délit, d’ac’ Marlon ? » Elle adressa un grand sourire à son ami, ne doutant pas un seul instant de sa loyauté.
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Sujet: Re: Dangerous looks fake, beautiful mistake (MARLON). Dim 6 Mar - 4:59
Poudlard, ça craint. Marlon se remémorait cet affligeant constat depuis quelques jours déjà. Bientôt les jours deviendraient des semaines et il ne saurait plus supporter cet endroit. Tout l’ennuyait. Le temps, sans cesse maussade. Les cours, dont il ne voyait pas l’intérêt et qu’il était bien incapable de suivre. Et les élèves … Ah, foutus congénères. Il devenait de moins en moins apte à les supporter. Il était arrivé à Poudlard gonflé d’espoir, persuadé d’y rencontre flegme britannique et personnages attachants. Tu parles. Il retrouvait les mêmes comportements qu’à Salem, des perspectives sportives en moins. Il n’y aurait eu que le Quidditch pour lui donner une raison de se lever chaque matin. Sauf que le Quidditch, il s’en souciait à peu près autant que des pou.. Demoiselles de Poudlard qui affichaient de manière aussi ostentatoire que possible leur nouveau sac à main moldu qui devait bien être équivalent au prix d’un salaire de cadre moldu. Toujours les mêmes clichés, désespérément. Pas de bouffée d’air frais. En ce moment, même ses plus proches camarades (le mot « ami » restait difficile, les derniers amis qu’il avait eu, Marlon les avait quand même un peu frappé en guise d’adieu) ne remontaient pas le niveau. Ils étaient mêlés à ce marasme de gens convaincus d’être des plus intelligents parce qu’ils possédaient des pouvoirs, de ceux qui révisaient toute la soirée et obtenaient de bonnes notes là où il en était incapable, de ceux qui ne révisaient pas et réussissaient alors qu’il échouait, des faux rebelles qui boivent/se droguent/couchent à tout va et sont terriblement creux … Comment voulait-on qu’il trouve sa place là-dedans ?
Mécontent, il passa à la bibliothèque. L’endroit était chauffé et il pourrait bien perdre une demi-heure à lire les rayonnages avant de trouver cette occupation terriblement ennuyeuse. Marlon ne comptait même plus réviser : il n’y parviendrait pas. Ni une carrière dans l’intellect moldu, ni dans les gratte-papiers sorciers. Le meilleur cas de figure pour sa vie future ? Réussir dans le sport. Il ne voyait rien d’autre. Il finirait sans doute aigri, dans un petit coin perdu d’Amérique, aurait un boulot qui ne lui plairait pas, ne lui ramènerait pas de quoi vivre mais juste assez pour qu’il revienne pointer le lendemain, ferait un mariage dont il ne serait pas heureux et aurait des enfants qu’il ne désirerait pas tant que ça. Ah, si encore il pouvait pu se faire aussi petit que possible, disparaître un moment de la surface de Poudlard, le temps de déprimer un peu avant de remonter la pente … Mais non. Pas moyen d’être seul. Il avait bien essayé son dortoir jusqu’à entendre –oh surprise- qu’un camarade de chambrée comptait ramener une donzelle, et ce n’était sans doute pas pour lui faire admirer la tapisserie vieillotte. Hors de question d’aller dans le parc, il pleuvait encore et ça ne présentait pas de très grand intérêt d’aller faire une randonnée dans la boue Poudlardienne. La forêt interdite n’en valait le coup que si l’on était plusieurs à braver l’interdit.
Ne restait donc que la bibliothèque. Et quand on ne voulait pas travailler, ne restait qu’à regarder les ouvrages en se demandant si en lire un valait le coup. Mais il ne fallait pas trop déconner quand même : il n’allait, tout de même, pas faire un truc aussi risqué. S’évertuer à lire … Disons un ouvrage sur les propriétés curatives du la racine de mandragore, serait un peu comme un suicide cérébral. Il ne tenait pas à s’infliger ça. Même s’il n’avait pas la gniaque, Marlon ne pouvait sciemment s’infliger cela. Il avait déjà bien trop de mal à faire le minimum de travail demandé, inutile d’en rajouter. Il n’arriverait pas à travailler. Pour ses devoirs, il soudoierait quelqu’un (il avait songé à faire un numéro de charme à l’une de ses connaissances féminines, mais encore fallait-il en trouver une qui soit suffisamment intelligente pour avoir les bonnes réponses mais suffisamment niaise pour croire qu’il était sincère, et puis l’idée d’être un gigolo à Poudlard lui plaisait un peu moins bien. Ca risquait d’attirer Pearlyne-la-nymphomane). Ou alors il les bâclerait, ferait le minimum demandé, à supposer qu’il comprenne quelque chose. Mais qu’il pouvait être stupide, d’ailleurs … Tout dans les bras, rien dans le ciboulot. Même Georgie, qui était loin d’afficher un numéro de « bonjour-je-suis-surdouée-hihi » devait bien s’en sortir au niveau des cours …
Il parcourut des yeux plusieurs étagères. Nan. Rien d’intéressant. Vraiment rien. Sauf si on avait une passion débordante pour les scrouts à pétard, mais il entendait rarement des conversations de cet acabit. Il erra un peu vers un rayon consacré au Quidditch avant de se rappeler que le Quidditch, c’était un sport parfaitement inutile à ses yeux et pour son développement personnel. Et que la dernière fois qu’il était monté sur un balai, on avait découvert qu’il y avait de fortes chances pour qu’il souffre du mal de l’air : la séance s’était vite finie pour lui puisqu’il avait été vomir dans les premières toilettes trouvées. Il s’en souvenait avec émotion. Rarement eu aussi honte et été aussi faible qu’après cet « incident » Que ça ne recommence pas. Jamais. Ce souvenir rafraîchi lui donna subitement moins envie de rester dans la bibliothèque et il se dirigea avec bonheur vers la sortie. Du moins, jusqu’à ce qu’il remarqua qu’on lui fonçait dessus. Une blonde, assez petite, qui lui était familière … Et qui allait beaucoup trop vite à son goût. Il tenta de la prévenir et n’en eut pas le temps. Réflexe égoïste, il se prépara par réflexe au choc. Bon, ça allait au moins arrêter la folle furieuse …
Tiens, non.
Marlon n’eut pas le temps de la retenir, la blonde qu’il identifia comme Georgie alla se fracasser contre un rayonnage. Et son sac avec elle. Devant la pluie de livres qui allait s’en suivre, l’américain grimaça. Ca allait faire pas mal de dégâts. Sur la Gryffondor ? Non, sur … Quelqu’un qui semblait trop vieux pour être élève ici. Mauvais, mauvais, mauvais chuchota une voix dans sa tête. Pas assez suffisante pour qu’il ait envie de changer de place. Le sourire lui revenait, et il s’attendait à se délecter de la scène : ce serait peut-être le plus beau moment de cette journée. Pas le temps d’en profiter ou même d’éclater de rire comme il avait envie de le faire. Des ongles vinrent se planter dans son avant-bras, ce qui lui apprendrait à ne plus porter de vêtements dont il pouvait retrousser les manches pour se sentir plus à l’aise. Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, Marlon se laissa entraîner. D’un côté, c’est vrai que s’enfuir restait une valeur sûre pour ne pas devoir rendre des comptes. Lorsque sa course s’arrêta, il regarda Geo, et la marque qu’elle avait laissé dans son bras. Il s’attendait presque à saigner.
« Mais t’es malade ? Qu’est-ce qui te prends au juste ? Tu t’es dit que t’allais foncer dans les gens, comme ça, pour le plaisir ? Puis bravo, faire tomber une étagère sur un prof … Whouh, merveilleux. Tu chercherais pas à intégrer les faux rebelles du coin ? La cargaison qui arrive tout droit de Durmstrang et affiche un air plus con que con ? Que des abrutis, pas un pour rattraper l’autre. Y en a aussi qui sont déjà à Poudlard, remarque. »
Il avait la flemme d’être sympathique. Même avec Geo. Elle aurait beau être aussi adorable que possible, il n’en resterait pas moins désagréable, pour ne pas dire chiant. Marlon se laissa glisser contre le mur et s’assit, ramenant ses genoux vers lui. Bonjour, je suis autiste. Oh, et puis peu importe : de qui chercherait-il l’approbation ? Tous le décevaient. Il n’y avait peut-être que quelques exceptions, mais c’est lui qui finirait par les décevoir. Mécontent, il passa rapidement ses doigts sur l’écorchure que son jean portait depuis … Il ne savait plus, tiens. Ca devait venir d’une promenade en rollers sans protections. Il avait arrêté depuis qu’il avait passé neuf mois avec des genoux « bioniques » la dernière fois. Rouges, écorchés … Pas joli. Marlon était si mécontent qu’il se décida pour un autre geste tout aussi inutile, et il tritura les manches de sa chemise. Couleur vert-gris, ou « taupe », il ne savait pas. Un cadeau d’une de ses sœurs. De laquelle ? A quelle occasion ? Il ne savait pas. Les vêtements n’étaient jamais son souci, des parents surprotecteurs et plusieurs sœurs lui ôtaient toute envie d’en chercher par lui-même. Tant que c’était portable, il prenait ce qu’il trouvait dans son armoire. Après avoir joué avec un bouton de chemise (qui était tout à fait banal), il grommela de nouveau.
« Et puis les glandes de Morgane ? Qu’est-ce que c’est que cette expression de demeuré ? »
Spoiler:
1472. Eh ouais eh ouais. ajoutés, monsieur le grincheux
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Sujet: Re: Dangerous looks fake, beautiful mistake (MARLON). Dim 6 Mar - 10:01
The fragrance always remains in the hand that gives the rose.
Apparemment, la journée n’avait pas mal commencé que pour Georgie. Lorsqu’elle avait aperçu son ami tout près de la scène de crime, elle n’avait pas imaginé que s’il s’y trouvait, c’était car il en était l’un des acteurs principaux. Le fait qu’une furie blonde vous fonce dessus avant de vous mêler à une sale histoire de vengeance personnelle – il se trouve que le professeur victime avait en réalité fichu une mauvaise note à la jeune fille à peine quelques jours plus tôt, comme elle n’avait pas manqué de le hurler, furieuse, à qui voulait bien l’entendre pendant des heures – n’était sûrement pas la meilleure façon de vous mettre de bonne humeur. Certes, on ne pouvait en vouloir à Marlon de grogner un petit peu et de pester intérieurement contre Georgie de lui avoir à moitié démis l’épaule, sauf qu’il semblait plutôt enclin à laisser libre court à sa rage, aujourd’hui. « Mais t’es malade ? Qu’est-ce qui te prend au juste ? Tu t’es dit que t’allais foncer dans les gens, comme ça, pour le plaisir ? Puis bravo, faire tomber une étagère sur un prof… Waouh, merveilleux. Tu chercherais pas à intégrer les faux rebelles du coin ? La cargaison qui arrive droit de Durmstrang et affiche un air plus con que con ? Que des abrutis, pas un pour rattraper l’autre. Y en a aussi qui sont déjà à Poudlard, remarque. » Un temps. Sur le coup, Georgie ne sut que répondre. Était-ce vraiment Marlon qui avait parlé ? Le Marlon ? Son petit Marlon chéri ? Elle ne pouvait sans doute pas se targuer de connaître par cœur absolument toutes les facettes de la personnalité, mais de là à raisonner presque à l’exact opposé de d’habitude, il y avait quand même un problème. Abasourdie, elle se contenta de rester là, immobile, l’ombre de son sourire passé figée sur les lèvres, à l’observer se mettre en mouvement. D’un air las, il s’adossa au mur, et se laissa glisser tout le long jusqu’à s’assoir, genoux contre le torse. Dire qu’il n’était pas dans son état normal, qu’il semblait contrarié, était un doux euphémisme. La blonde dut recourir à toute la volonté dont elle disposait pour ne pas courir jusqu’à lui et le ruer de coups de pied. Bon. Elle adorait Marlon. D’accord. Elle était plutôt compréhensive. Tout à fait. Mais de là à ce qu’elle le laisser lui parler ainsi sans réagir, c’était au-dessus de ses forces. Son côté gryffondor qui ressortait, sans doute. Elle sentit ses poings se serrer d’eux-mêmes, sans qu’elle ne puisse s’empêcher de sentir l’exaspération monter peu à peu. Ses sourcils se froncèrent et ses lèvres se tordirent en un rictus désapprobateur. En réalité, si un élève inconnu s’était mise à l’insulter sans raison dans les couloirs, elle aurait répondu de bonne grâce et en se moquant, mais le fait que les reproches viennent de Marlon la touchait bien plus. La raison était certainement que c’était parce qu’il était un ami. « Et puis, les glandes de Morgane ? Qu’est-ce que c’est que cette expression de demeuré ? » Toute trace de bonne humeur s’évanouit de son visage, qui devint furieux. Ce qui était déjà extraordinaire en soi, étant donné que Georgie était du genre peace and love. Elle ne se mettait que très rarement en colère, et lorsque c’était le cas, elle était si peu convaincante que ses amis se mettaient systématiquement à la charrier, et sa bonne humeur revenait. Et puis il y avait les très, très, très rares fois où elle était réellement furieuse. Généralement, c’était pour des broutilles, et personnes ne pouvaient dire – même pas elle – d’où lui venait cette mauvaise humeur subite. « Non mais c’est quoi ton problème, Marlon ? » aboya-t-elle. « De un, tu ne me parles pas comme ça ; de deux, je t’ai pas foncé dedans volontairement ; de trois, j’ai pas demandé à ce que le prof se mange une étagère entière de bouquins dans la figure, alors écrases ! » Bien que totalement adepte du ‘‘don’t worry, be happy’’, Georgie n’était pas non plus le genre de fille à se tasser sur elle-même dès que quelqu’un – et surtout un garçon – avait l’audace de hausser le ton devant elle. « Alors quoi, tu t’essayes au cynisme, Marlon ? T’es vraiment ridicule. Tu vas pas me dire qu’il n’y a pas des abrutis à Salem ! Je peux te prouver là, tout de suite, que t’as tord. Allez, je te le fais en mile : il y en a un juste devant moi. » Elle le fusilla du regard, les doigts étroitement serrés autour de la bandoulière de son sac. Elle tirait si fort dessus sans même s’en rendre compte qu’elle aurait put le déchirer sans que l’information n’effleure son cerveau. Ca aurait été dommage, car c’était un cadeau de son parrain. Bah, elle lui aurait dit que c’était un petit imbécile de troisième qui l’avait cassé d’une quelconque façon. Ou mieux, elle ne lui dirait même pas, et le réparerait ni vu, ni connu. « Et au passage, traite-moi encore une seule fois de demeuré, fous-toi de mes expressions féministes encore une seule fois, et tu verras ce qu’une abrutie de Poudlard est capable de faire à un enragé de Salem sans se faire prendre, capito ? »
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Sujet: Re: Dangerous looks fake, beautiful mistake (MARLON). Dim 6 Mar - 12:59
En bain de sang, ça allait forcément finir en bain de sang. Marlon s’en rendait bien compte mais il savait aussi qu’il ne pourrait s’empêcher de répliquer. Parce qu’il était de mauvaise humeur, et que la réaction de Georgie « aggravait » d’autant plus les choses. Qu’aurait-elle pu faire pour arranger les choses ? Sans doute bien peu. Au fond, le sorcier en venait à se demander s’il n’était pas plus ou moins en train de la provoquer, pour une raison sans doute stupide. Parce qu’il ne l’avait jamais vue en colère et voulait tester les limites de la Gryffondor ? Il avait déjà eu ce comportement à Salem. Ce comportement stupide. Qu’il savait stupide, que tout le monde savait stupide, et Georgie la première. Qu’allait-il se passer cette fois ? D’ordinaire, Marlon avait plutôt provoqué des camarades masculins. Pour voir jusqu’où ils pouvaient aller : jusqu’aux mains ? Ca avait régulièrement été le cas. Pas de soucis dans ce cas de figure : il collait une trempe à l’autre, et faisait au plus quelques heures de colle –si un adulte était dans le coin, sinon les choses se réglaient comme dans une mauvaise série moldue sur Las Vegas, ce qui se passe entre les élèves reste entre les élèves. Et là ? Il ne se voyait pas frapper une fille. C’était contraire à toute cette maudite éducation dont il ne parvenait à se défaire, et contraire aux principes qu’il avait. Tout au plus oserait-il bloquer un geste violent dans sa direction, la pousser … Et encore. Pourtant, pousser Georgie dans ses derniers retranchements était plus fort que lui.
Il se releva d’un bond en l’entendant parler et ses mains traduisirent sa nervosité. Les doigts qui craquent d’instinct, une furieuse envie de lui en coller une en sachant que quelque chose l’en empêcherait. Qu’y pouvait-il ? Il avait toujours été comme ça, pas diplomate, plus doué pour écouter que pour parler. Et surtout pour régler les problèmes par la force. Un peu trop « brut de décoffrage » comme on disait. Il s’acharna à serrer les poings pour ne pas faire de mouvements brusques envers Georgie. Elle devait déjà sentir son hostilité tant à elle était palpable : comment ne pas voir la veine sur son avant-bras gauche, toujours en valeur lorsqu’il serrait les poings autant que possible, jusqu’à ce que ses jointures deviennent blanches ? Il n’appréciait pas qu’on lui dise d’écraser ou de s’écraser. C’était un moindre mal, il aurait pu passer l’éponge sur cela. De même, elle pouvait le traiter d’abruti, de tout ce qu’elle voulait qui soit féministe au possible, il n’en avait rien à faire. Mais le petit paragraphe sur les étudiants de Salem ne pouvait le laisser de marbre. Parce qu’il en avait été, et surtout parce qu’il en avait connu, des abrutis.
« Le cynique te dit shit, Georgie. » répliqua-t-il en imitant cet accent anglais incroyablement guindé, celui du fameux balai dans le fondement. « Est-ce que tu crois que j’ai vraiment besoin de ton pseudo féminisme ? Redescends sur Terre. Je viens d’une putain de région où on t’en collerait une dès les premiers mots de ton maudit discours féministe. J’ai cinq sœurs, tu crois peut-être que ça ne me fait rien de savoir qu’elles vont être coincées dans ce schéma stupide de femme au foyer dépendante de son mari ? Je t’ai balancé ces préjugés sexistes comme quoi tu étais forcément moins intelligente qu’un homme, ou encore que tu ne pouvais être énervée que parce que tu as tes règles ? C’est pourtant pas les occasions qui manquaient. Ton caractère, je l'ai subi avec moins de mouvements d'humeur que ce que tu me fais là. »
Et quoi, elle allait lui sauter à la gorge, maintenant ? Il faisait bien une tête de plus : si elle s’approchait il saurait la repousser, et avec sans doute moins de « douceur » que lorsqu’ils s’étaient heurtés tout à l’heure. Recommencer une petite énumération sur son comportement d’abruti ? Il ne comptait pas lui en laisser le temps. Ce petit passage sur Salem l’avait mis en rogne. Sans le savoir, Georgie lui avait rappelé ces années où il avait joué au larbin pour une bande de sang-pur qu’il était désormais plus que certain de haïr. C’était le couteau dans la plaie, pas encore refermée, de ses années d’aveuglement qu’elle retournait. Combien de fois se serait-il compromis pour ce groupe stupide qui lui avait laissé un bien mauvais souvenir de l’amitié ? Qui l’avait rendu presque incapable de s’attacher aux autres même ceux qu’il commençait à apprécier comme la Gryffondor, lui qui n’avait jamais été à l’aise avec autrui ? Georgie n’y pouvait rien. Au fond, c’était en partie contre lui qu’il était en colère. Mais si la Gryffondor se portait comme bouc émissaire, même sans le savoir, rester de marbre lui semblait bien impossible. Seule partie rassurante du tableau, il était au moins en train d’agir, après plusieurs jours d’inactivité totale. Ce serait toujours ça de pris lorsqu’il regretterait son attitude stupide.
« Est-ce que toi et ton putain d’égoïsme de fausse rebelle vous êtes déjà demandé pourquoi je n’avais pas envie de parler de Salem ? Pourquoi je suis si peu près proche des autres étudiants qui sont arrivés ici et qui en viennent ? Il t’est pas venu à l’idée, au milieu de tes pseudo-luttes que oui, je sais très bien qu’il existe des abrutis à Salem, que j’en ai connu et que surtout, j’en ai suffisamment fait partie ? Tes menaces ridicules, je m'en fiche : c'est pas toi qui va m'effrayer. » souffla-t-il.
Oh que oui, c'était bas d'utiliser tout ce qu'il pouvait pour la blesser. Marlon n'en avait cure : Georgie l'avait cherché.
I need some sleep, it can’t go on like this. Respire. Respire. Inspire, expire. Respire. Non. Même si Georgie tentait – et ce n’était pas vraiment le cas, reconnaissons-le – de se calmer, elle n’y parviendrait pas. Marlon lui avait trop échauffé les oreilles. Difficile de croire que le garçon seul pouvait la faire sortir à ce point de ses gonds. Mais la question était à se poser, indéniablement. Était-ce plus le fait qu’elle se rendait compte qu’elle s’était totalement trompée sur le compte de son ami – mais était-ce réellement un ami, en fin de compte ? – plutôt que ses paroles en elles-mêmes qui la blessait ? Elle se rendait compte inconsciemment, et sans pouvoir réfréner ses pensées, que c’était peut-être bien le cas. Sûrement, même. « Le cynique te dit shit, Georgie. » Elle lui en aurait collé des baffes. « Est-ce que tu crois que j’ai vraiment besoin de ton pseudo féminisme ? Redescends sur Terre. Je viens d’une putain de région où on t’en collerait une dès les premiers mots de ton maudit discours féministe. J’ai cinq sœurs, tu crois peut-être que ça ne me fait rien de savoir qu’elles vont être coincées dans ce schéma stupide de femme au foyer dépendante de son mari ? Je t’ai balancé ces préjugés sexistes comme quoi tu étais forcément moins intelligente qu’un homme, ou encore que tu ne pouvais être énervée que parce que tu as tes règles ? C’est pourtant pas les occasions qui manquaient. Ton caractère, je l’ai subi avec moins de mouvements d’humeurs que ce que tu me fais là. » Mais ma parole, il la cherchait. Totalement et littéralement. Il s’était relevé, et malgré la tête qu’il avait en plus qu’elle, Georgie n’était pas effrayée. Elle était bien trop furieuse pour être effrayée. De plus, elle n’en revenait pas qu’il soit arrivé à lui sortir un petit discours de futur président des États-Unis en campagne sur le droit des femmes et l’impensable réalité qu’était le destin de chaque jeune fille dans leur pays. Ca l’aurait presque fait rire de voir à quel point les protagonistes pouvaient dériver dans leurs accusations lors d’une dispute. Car allons bons, il n’allait pas dire que c’était à cause de son tempérament et sa très nette tendance au féminisme que Marlon se retrouvait à hurler sur Georgie comme ça ? Car de ce dont elle pouvait se souvenir, jamais elle n’avait abordé ce sujet, jamais elle n’avait fait une quelconque réflexion, ni lâcher un pique sans le faire exprès. Rien. Nada. « Tu m’expliques ou on va là, bloody hell ? » lui répondit-elle en accentuant à son tour d’un accent vulgaire américain. « Tu ne sais même pas faire la différence entre de l’humour et la réalité ? Je suis hyper concernée par le droit des femmes, et ce qui arrive à tes sœurs m’attriste autant que toi, parce que je sais très bien que si je me laissais faire, je pourrais être exactement dans le même cas qu’elles ! Et d’ailleurs, ça ne tient qu’à elles de finir comme elles le souhaitent, elles et elles seules ! mais putain, qu’est-ce que ça vient foutre là ? Tu me gueules dessus pour une expression que j’ai lâchée sous l’émotion ? Mais t’es complètement marteau mon pauvre Marlon ! Et hypocrite, avec ça ! Mon caractère te pose un problème ? Mais je ne te retiens pas, casse-toi ! Fous-moi la paix et ne parle plus ! » Mine de rien, c’était vrai, même si, aveuglé par la colère, Marlon pouvait le voir autrement. Certes, Georgie était d’un enthousiasme parfois intarissable, et certes, elle était parfois très dure à arrêter. Cela dit, il était peut-être bon de rappeler à certains qu’en aucun cas elle n’avait forcé qui que ce soit à quoi que ce soit. Marlon ne s’était jamais plaint d’elle, jusqu’à maintenant. Il avait même chaque fois l’air content des escapades dans lesquelles elle l’embarquait, tout comme il semblait content lorsqu’il la voyait progresser sur ses rollers. « Est-ce que toi et ton putain d’égoïsme de fausse rebelle vous vous êtes déjà demandé pourquoi je n’avais pas envie de parler de Salem ? Pourquoi je suis si peu proche des autres étudiants qui sont arrivés ici et qui en viennent ? Il t’es pas venu à l’idée, au milieu de tes pseudo-luttes que oui, je sais très bien qu’il existe des abrutis à Salem, que j’en ai connu et que surtout, j’en ai suffisamment fait partie ? Tes menaces ridicules, je m’en fiche : c’est pas toi qui va m’effrayer. » Ce fut comme un coup dans l’estomac. Elle n’en revenait pas qu’il puisse utiliser d’aussi petits arguments pour lui clouer le bec. C’était bas et mesquin. Et elle avait beau réfléchir, elle ne comprenait ce qu’elle lui avait fait pour que, tout à coup, il s’en prenne ainsi à elle. Lui reprochait-il d’être trop peu attentive à lui ? Ou avait-il simplement accumulé tellement de colère ces derniers mois qu’il la lâchait sur la première personne qui l’avait agacée ? Ou était-elle vraiment une si mauvaise amie, et le pire, sans s’en rendre compte ? Elle aurait put philosopher sur ce si passionnant sujet, si la rage ne la faisait pas grincer des dents. « Tu veux la jouer comme ça, Marlon ? Très bien, mais ne me fais pas passer pour la seule fautive dans l’histoire ! Je t’ai jamais rien demandé sur Salem, c’est vrai, mais je te retourne ta propre question : est-ce que toi et tes pleurnicheries de caliméro vous vous êtes déjà demandé pourquoi je ne t’avais jamais interrogé ? Tu me connais donc si mal que tu me prends pour une espèce de vipère qui fait tout pour soutirer ses secrets aux gens ? Tu n’as pas l’air de vouloir parler de ton passé, d’accord, parfait, je n’insiste pas, c’est aussi simple que ça. Et puis je te signale que de ce côté-là, tu ne vaux pas mieux ! Tu parles, mais je ne me souviens pas t’avoir jamais entendu poser de questions sur moi. Je passe mon temps à me faire humilier par Charlie, parfois même devant toi, sans me priver pour lui renvoyer l’ascenseur, mais toi non plus, ça ne t’ai jamais venu à l’idée qu’il y ait une raison, pas vrai ? » Elle dut reprendre son souffle, mais elle s’en empêcha, refusant de laisser Marlon penser qu’elle faiblissait. Non pas qu’elle soit d’un tempérament particulièrement hautain ou fier, habituellement, mais il était totalement hors de question qu’elle ait l’air inférieure. Puisqu’on était dans les règlements de compte, elle pouvait avouer sans trop de mal qu’elle avait sans doute ses tords dans l’histoire – histoire qui n’avait commencé de rien – mais elle déniait le fait d’être la seule à être responsable de l’abcès qu’ils semblaient devoir crever, là, tout de suite.
(Bon, j'ai pas encore écrit la partie de ma fiche qui parle d'elle, donc Charlie, c'est Charlie Benett. Lorsque les parents de Geo se sont séparés, sa mère s'est remariée avc le père de Charlie. Elles se détestent, et passent leur temps à se hurler dessus, à s'humilier, à se disputer, mais dans le fond, elles ont terriblement besoin l'une de l'autre, parce qu'elles sont genre un pilier de la vie de l'autre, enfin, tu vois le genre )
« Tu m’expliques où on va là, bloody hell ? » Est-ce qu’il pouvait retrouver son calme ? Marlon essaya désespérément. Ces insultes, ce n'étaient jamais que des mots d'adolescents stupides en pleine bagarre pour une fierté stupide. A quoi ça servait, au juste, la fierté ? A faire rêver les gens devant un film, ok, et après ? Ca ne servait à rien. Et cette dispute également. Juste des mots prononcés par une voix trop aigüe. Trop émue aussi, mais quoi ? Georgie l’avait cherché. Plus ou moins, plus moins que plus. Il avait des torts, l’étudiant de Salem le savait pertinemment. Sauf qu’il n’était pas agréable que l’on vous le rappelle. Dans cette affaire, tant qu’il serait aveuglé par un mélange de colère et de mauvaise foi, Georgie n’aurait pas raison. La situation allait s’envenimer. « Tu ne sais même pas faire la différence entre de l’humour et la réalité ? Je suis hyper concernée par le droit des femmes, et ce qui arrive à tes sœurs m’attriste autant que toi, parce que je sais très bien que si je me laissais faire, je pourrais être exactement dans le même cas qu’elles ! Existait-il un point de non-retour en amitié ? Pour Marlon, les choses s’arrangeraient forcément, si bien qu’il les prenait sans doute moins à cœur que la Gryffondor. Ils parleraient de tout ça après, arrangeraient les choses. Forcément. Ca allait venir. Pas de souci à se faire.
Et pourtant … Pourtant, Georgie serait-elle capable de tout oublier une fois la colère retombée ? Les attaques de la jeune fille ne lui semblaient pas graves. Elle pouvait le traiter n’importe comment, ce ne seraient jamais que des mots. Pas une attitude, comme celles qui l’avaient tant blessé lorsqu’il était à Salem. Il lui semblait aussi qu’il avait été loin d’être aussi honnête avec Georgie. Oh, leur amitié était franche, il ne s’était pas senti forcé de passer du temps avec elle jusque là, quand bien même l’empressement de la Gryffondor et sa bonne humeur ne lui était pas familières et le mettaient parfois mal à l’aise. Ce qu’ils « échangeaient » sur le moment, ce n’était rien en comparaison des éclats de rire précédents. Des mots. Pas grand-chose. Du vent. Et d’ailleurs, ça ne tient qu’à elles de finir comme elles le souhaitent, elles et elles seules ! mais putain, qu’est-ce que ça vient foutre là ? Tu me gueules dessus pour une expression que j’ai lâchée sous l’émotion ? Mais t’es complètement marteau mon pauvre Marlon ! Et hypocrite, avec ça ! Et elle ? En penserait-elle autant ? Penserait-elle que la façon dont il venait de l’attaquer n’était qu’une bagatelle ? Marlon commençait à en douter. Cette dispute lui semblait presque stupide. Il n’aurait pas du se fâcher ainsi. Etait-ce à dire qu’il renonçait, qu’il allait la laisser l’insulter dans un silence quasi-religieux ? Il se sentait encore furieux, prêt à lui en coller une pour la faire enfin taire. Voix trop aigüe qui l’agaçait.
« Mais tais-toi, Georgie. Comporte-toi en adulte, pour une fois. » gromella-t-il sans y penser.
Parce que moi, tu vois bien que je n’en suis pas capable aurait-il voulu ajouter. Mais de cela aussi, il n'en était plus capable. La voix de Georgie bourdonnait dans ses oreilles. Mal de crâne. Et puis, il se "déconnecta". Comme ça. Incapable de suivre la conversation. « Mon caractère te pose un problème ? Mais je ne te retiens pas, casse-toi ! Fous-moi la paix et ne parle plus ! » Après ces derniers mots, ce fut le silence dans son esprit. Il entendait toujours un bruit de fond, celui d’une Georgie furieuse qui s’acharnait à rétablir la situation, lui montrer ses torts. Mais il ne l’écoutait pas. C’était un maelström de bruits divers, rien qu’il perçoive de la même façon. Les mots de Georgie n’étaient plus des mots, juste des bruits. Un bruit ne s’écoute pas. On l’entend, on n’y cherche pas de sens. Et il ne cherchait plus de sens aux paroles de Georgie. C'était du bruit. Oh, qu’elle parle. La belle affaire. Ca lui était un peu égal, maintenant. Un minimum de bon sens lui hurlait de se ressaisir, d’au moins présenter des excuses si la dispute comptait moins à ses yeux. Pas colérique, le Marlon. Du moins pas colérique au point de chercher et trouver les mots qui feraient mal. Les mots n’étaient pas son terrain de jeu. S’il y avait un message à faire passer, ce serait une affaire de comportement avant tout. Quand bien même ce serait une grève de parole. Tiens, une grève de parole. Pas si mal. Peut-être même qu’il devrait faire ça. Il éviterait au moins d’avoir à répondre à Georgie et d’aggraver la situation. Enfin, quelle importance qu’il aggrave la situation ? Elle devait déjà le haïr. Ne voudrait plus lui parler. Elle s’arrangerait pour l’éviter, il s’arrangerait pour ne plus empiéter sur sa vie. Fin d’une amitié. Comme ça. Connement.
Les bruits avaient changé, Marlon promena un regard dénué d’intérêt sur Georgie. Du moins lui semblait-il. Ses gestes n’étaient plus en accord avec ce qu’il pensait. La veine sur son bras palpitait toujours. Il aurait pu mettre un coup à la Gryffondor sans réaliser, par simple « réflexe ». C'était exactement, ça, un réflexe : un geste qu'on ne pensait pas. Et ne plus écouter Georgie, c'était un réflexe aussi. Peut-être qu'elle ne comprendrait pas ou que ça ne suffirait pas. Le regard qu’il espérait vide paraissait-il méprisant de l’extérieur ? Est-ce que son mal de crâne se remarquait ? Est-ce que Georgie n’en avait rien à faire, voulant continuer sur sa lancée ? Il avait perçu quelques bribes. Parcharlie. Mais parcharlie, il s’en fichait. Ce n’était même pas une bribe de mot qu’il connaissait. Ah, ces foutaises d’abcès à crever. Non, décidément, Marlon ne voyait plus l’intérêt d’une dispute. Cette dispute elle-même l’ennuyait. Ça n’était pas intéressant. En ce moment, Georgie n’était pas intéressante. Parce qu’elle se disputait avec ... Avec ? Et parce qu’il n’était pas d’humeur à la trouver intéressante. Que fallait-il faire ? Ce qu’il avait toujours rêvé de faire, lorsqu’il assistait à un cours inintéressant également, sans oser le faire. Partir. Sans mot dire, sans maudire, sans lui accorder le moindre regard.
Il se tourna vers l’escalier qu’il fixa quelques secondes. Moui, c’était bien. Il s’éloigna de Georgie, posa doucement ses doigts sur la rampe –avec un mal de crâne pareil, inutile de chercher à les dévaler- et s’en alla tranquillement.
Seuls les cons sont assez cons pour croire qu'ils ne sont pas cons.
Parler de Charlie avait amené la Gryffondor à penser à sa chère demi-sœur, ce qui n’était pas vraiment pour lui plaire. Il n’y avait certainement personne qu’elle détestait plus que cette stupide incruste. Incruste – c’était exactement, purement et totalement ça – elle s’était incrustée dans sa vie. Son père s’était incrusté entre ses parents, traînant sa peste de fille avec lui, qui, elle s’était incrustée dans son existence paisible et joyeuse. Depuis, c’était devenu l’enfer, à la maison. Ou du moins, chez sa mère. C’est pour ça, en partie, qu’elle s’évadait régulièrement chez son père, dont elle avait toujours été beaucoup plus proche. La plupart des temps, les fils passaient du temps avec leur père, à parler Quidditch ou football, balai ou mécanique, duel de sorcellerie ou télévision – et les filles, restaient avec leur mère, à discuter maquillage, vêtements ou tenue de soirée, de la prochaine sortie sur le Chemin de Traverse ou dans le centre ville. C’était cliqué, mais c’était comme ça. Pour Georgie, c’était l’inverse. Elle adorait son paternel, ses manières rudes et douces à la fois, sa barbe de trois jours qui la piquait quand elle déposait un bisou sur la joue, elle aimait sa cuisine originale, quoi que peu au point, et elle aimait lorsqu’il lui offrait des trucs complètement nuls mais qui, avec l’imagination de l’un et l’enthousiasme de l’autre, se révélaient incroyables. Mais plus que tout, elle adorait lorsqu’il essayait de se montrer strict. Chaque fois qu’il la sermonnait, il y avait toujours un moment où elle finissait par hurler de rire. Le rôle de père sévère, de parent responsable et mature, ne lui allait tellement pas qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de rire en le voyant afficher un air sérieux. Alors il se mettait à râler, à faire l’enfant, tout comme sa fille était en train de faire l’enfant, là, maintenant, tout de suite. En fait, elle aurait envisagé, si Marlon y avait consenti – et, au passage, s’il avait fait des excuses publiques, avait reconnu ses tords par contrat signé sur du papier de notaire et avait fait ses devoirs pendant un mois – à se calmer et à passer outre ce petit accrochage. Comme si ça n’avait été qu’un accident de parcours. Sauf que le pire de dispute n’était pas encore derrière elle. Oh non. Elle s’était attendue à ce que Marlon devienne complètement cinglé, défonce les murs, lui refasse le portrait façon Salem, s’arrache la peau du visage avec les ongles sous la furie. Pas à ce qu’il s’en aille tranquillement. Car c’était bel et bien ce qu’il était en train de faire. Partir tranquillement. Sans même dire un mot, sans même la couper dans son élan, il s’était retourné, et avait pris la direction des escaliers. Scandalisée, Georgie, qui se préparait déjà mentalement à parer n’importe quel type d’attaque – des mots ou des coups – fut totalement prise au dépourvu, en le voyant rebrousser chemin. Si ça avait été quelqu’un d’autre qu’elle, ou même, simplement dans d’autres circonstances, elle aurait éclaté de rire. Même elle trouvait la scène totalement risible – la naine qui pique une crise de nerfs en agitant les bras comme une folle, et l’immense brun qui, ennuyé, sans même lui adresser ni un regard, ni une seconde d’attention, la laisse dans son délire. Avouez, c’est absolument désopilant. Sauf que là, non, elle ne pouvait tout simplement pas le tolérer. Il l’avait cherchée, provoquée, puis voilà qu’il décidait, sans plus une once de colère dans les gestes, de la laisser mariner dans son jus. Hors de question. Sauf qu’elle ne savait que faire. Lui crier après qu’il était un vrai con, lâche de s’enfuir face à une fille ? Il s’en ficherait. Ou pire, il n’écouterait même pas. Lui hurler de revenir et de se conduire en homme ? Non seulement il s’en ficherait – ou pire, n’écouterait même pas – mais en plus, c’était vraiment une solution minable. Pour rester encore là à s’engueuler comme des loups pendant deux heures et demie ? Pff. Stupide. Se jeter sur lui et lui mordre l’épaule, ou n’importe quelle partie de son corps qu’elle atteindrait en premier ? Euh, sans commentaire. Les cannibales sans frontières, c’est la porte à côté. Sauf que pendant ce temps-là, le félon s’éloignait, la main sur la rampe, le nez en l’air, comme un bienheureux. C’est là que Georgie eut une réaction très puérile. Un réflexe du genre de ces vrais réflexes pur et dur – stupides et irréfléchis. D’un geste tremblotant, elle se baissa, délaça sa converse, et, de toute ses forces, la lui lança sur la tête. « J’espère que ça te fera une bosse, y’aura plus de place pour ton cerveau comme ça, visiblement il a besoin de respirer un peu, crétin d’imbécile de garçon » ronchonna-t-elle. D’un air fier, sans plus dire un mot, elle tourna les talons, et parti à son tour dans la direction opposée aux escaliers. Avant de faire volte-face, à peine cinq mètres plus loin, pour se précipiter, râlant et marmonnant, dans les escaliers, où elle ramassa sa chaussure, l’enfila rapidement, et repartir de l’autre côté. Oui, d’accord, Georgie pouvait se montrer très fillette, lorsque la situation s’y prêtait. Mais jamais elle n’avait prétendu être des plus adultes. Elle n’avait que dix-sept ans, après tout, elle pouvait encore prétendre à la connerie de la jeunesse, bien que majeure aux yeux de la loi. En silence, elle s’avança dans le couloir sur quelques pas encore, avant de se laisser tomber contre le mur et de s’assoir, adossée à la pierre, bras enroulés autour de ses jambes, et menton appuyé sur ses genoux. Elle était partie pour au moins quarante-cinq minutes à ruminer sa mauvaise matinée.
(nul, nul, nul. )
Ms Filomena Archibald
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