@ tumblr → the worse day of my life.« Maman maman maman maman Maman maman maman maman (...) » Regards froids et méprisants de ces gens qu'elle ne connaissait pas : en réponse, elle leur accorda un sourire malin, reprit son souffle et recommença à parler de plus belle.
« Par Merlin, faites la taire ! » entendit-elle, dans un anglais qu'elle comprenait à peine.
« (...) maman maman maman maman Maman maman maman maman (...) » « QUOI ? » C'était pas trop tôt. Record battu, Madame Pradiel n'avait jamais tenu aussi longtemps. A ses pieds, la fillette aux cheveux noirs et emmêlés ne cessait de tirer la longue jupe de sa mère, titillant à la fois la patience de sa génitrice comme des passants du Chemin de Traverse.
La petite famille s'était offert un séjour en Angleterre : Monsieur Pradiel devait s'y rendre pour affaires pendant plus d'une semaine. Une occasion que sa femme ne pu s'empêcher de saisir : elle y avait de la famille, et y voyait là donc l'opportunité de leur rendre visite. Mais comment se rendre en Grande-Bretagne sans aller à Londres ? De plus, Mathilde, puisque tel était le nom de Madame, avait à se rendre au chemin de Traverse : bien qu'il y eu presque l'équivalent à Paris, on ne pouvait exactement trouver son pareil.
« Je veux un balai. » dit Imogène d'une voix décidée. Elle n'eut pour réponse de sa mère qu'un sourire amusé. La petit fille de sept ans, désireuse de se faire entendre aspira une grande bouffée d'air, prête à recommencer ses jérémiades : elle fut coupée par sa mère, qui s'agenouilla pour être à sa hauteur.
« Chérie, tu es trop petite. Et puis, ton père ne veux pas, je pense que tu comprends. C'est assez nouveau pour lui. Tu sais, il n'est pas vraiment comme nous (...) » « C'est un garçon » Rire amusé du paternel, qui, bien qu'un un peu plus loin avait pu entendre la perspicacité sortir de la bouche de son enfant.
« Pas que. Mais ne fait pas l'ignorante, s'il te plait. Tu sais très bien de quoi je veux parler, je t'ai déjà expliqué ça plus d'une fois : c'est un moldu. Mais pour clore cette discussion, c'est non. on est pas là pour dépenser de l'argent inutilement : et si je devais t'en acheter un, ta sœur en voudrais un. » « Même pas vrai »Le copie presque parfaite d'Imogène croisa les bras, à quelques mètres de là. Mêlée à la foule qui mesurait bien deux fois sa taille, ses parents n'avaient même pas vu qu'elle s'était éloignée. La moue boudeuse, elle s'était arrêtée devant la vitrine d'un magasin qui vendait des vêtements. Dans un pays qu'elles ne connaissaient pas, les deux jumelles avaient déjà repéré leur terrain de chasse. car malgré ce physique qui les rassemblaient, Imogène et sa sœur jumelle Pénélope, plus jeune de quelques minutes, étaient complètement différentes. En plus de leurs caractères distinct, elles avaient toutes deux des caractères extrêmement différents : on pouvait deviner de Pénélope, petit fille attentive et calme, qu'elle serait une jeune femme ultra féminine, tant son amour des fleurs, des vêtements et des animaux l'enfermaient dans ce cliché. Un cliché qu'Imogène était loin de partager : sportive, hyperactive et impatiente, elle se montrait brutale et souvent violente. Par maladresse, certainement. Néanmoins, tout le monde savait que ni les années ni la maturité qu'elles apporteraient n'y changerai rien.
« Papa, s'il te plaît » Mr Pradiel regarda tendrement sa femme, puis sa fille, qui lui offrait un regard implorant. elle le savait, il craquait toujours. Il haussa les épaules, et à la mine exaspérée de Mathilde fit un sourire approbateur. Au fond, un balai, ça ne devait pas être dangereux.
« Je ferais attention, je serais sage. Promis. »Un accident, c'est toujours bête. Toujours bête, et bien trop vite arrivé. Même malgré les promesses aussi sincères soient-elles. Imogène le vécu à ses dépends, pour perdre ce qu'elle avait sans doute de plus cher. Elle n'avait rien vu venir, tout s'était passé si vite. Il avait suffit d'une seule seconde.
« Tu devrais pas faire ça, Imogène. Arrête de faire la maligne. » Regard désapprobateur de l'intéressée, face à sa sœur jumelle. Elle n'avait pas eu le droit d'utiliser son balai avant d'être rentrée chez elle, à Paris, et trépignait désormais d'impatience. Si bien qu'à peine rentrée en France, elle n'avait su se retenir de fouiller dans les affaires de ses parents et de se saisir de son précieux bien. Après tout, il était à elle désormais, c'était le sien. Mais si elle tentait de se rassurer en se disant que ce n'était pas compliqué ou dangereux, elle ne pouvait s'empêcher de serrer le manche à balai plus qu'il ne fallait, paralysant tout son avant-bras. Et les paroles de sa jumelle, bien plus sage qu'elle, la confortait dans son idée qu'il ne fallait pas le faire. Mais ça aurait été lâche. Petit. Indigne d'une sorcière. Indigne d'elle. Butée, Imogène sortit du jardin, traversa la clairière et s'arrêta en son centre. Pénélope resta contre la barrière blanche qui délimitait la propriété isolée des Pradiel, peu rassurée et en colère contre cette sœur qui ne l'écoutait pas.
Son aînée était désormais à deux doigts de s'envoler : un seul geste de sa part qui consistait à frapper le sol de son pied, et là voilà dans les airs. Tremblante, Imogène jeta un coup d'œil autour d'elle : au pire, il n'y aurait que sa sœur pour voir qu'elle avait raté son premier essai. Même si elle était pipelette, on ne la croirait pas : personne ne montait sur un balai, sans surveillance, à l'âge de sept ans.
« Imogène, reviens. C'est pas bien. » Il n'en fallait pas plus pour décider cette dernière à désobéir : une seconde après, elle s'envolait. Le vent froid frappait ses joues, et la frayeur paralysant son coeur, ses poumons. Elle était à plusieurs mètres au dessus du sol, ne contrôlant ni la direction ni la hauteur à laquelle elle voulait aller. gauche, droite, elle évitait à peine les arbres qui l'entouraient ou le sol qu'elle désirait plus que tout regagner.
Mais ce ne fut pas un arbre, la barrière ou l'herbe qu'elle heurta si violemment qu'elle en cassa son balai. Sonnée, mais enfin au sol, Imogène ne se doutait pas que la finalité serait aussi grave.
Pénélope succomba à ses blessures.
Imogène demeurait seule. Désespérément seule. Quelque part, elle se doutait que ses parents lui en avait toujours voulu de ce qui était arrivé. Leurs regards attendris avaient changés, et leurs gestes affectueux se faisaient plus rares, plus froids, plus distants. Mais la personne qui lui en voulait le plus n'était autre qu'elle même. Pas une seconde depuis la mort de sa sœur jumelle elle ne s'était pas détestée.
Elle avait bannie les miroirs. Quand elle ne voyait pas une meurtrière dans la glace, elle y apercevait le fantôme pâle de sa sœur. Que serait-elle devenue ? Imogène aurait-elle grandit d'une façon différente, avec sa présence à ses côtés ? Sans doute que non. Elle aurait sans doute vécu d'une façon identique chaque événement de sa vie, malheureux ou non. Cette part d'elle qu'elle s'était arrachée à ses dépends n'étaient en fait qu'un -tragique- accident, un cailloux dans la chaussures. Souvent, de tels évènements changent les gens. Dans le cas d'Imogène, elle aurait sans doute pu devenir meilleure. Faire attention. Peut-être n'aurait-elle pas été aussi mauvaises le jour de ses examens, en divination. Peut-être n'aurait-elle pas rompu avec Louis de façon aussi soudaine et violente. Peut-être se serait-elle investie dans le Quidditch, atteignant des sommets pour sa sœur.
Mais voilà. Rien n'avait changé en elle, au fond.
Elle était restée désinvolte, franche et brutale. Elle avait su garder son amour pour la solitude, son aversion pour le calme et la prévision des évènements. Elle était encore cette fille au fond timide mais excessive, imprévisible.
« Tu penses trop » « Oui, je sais » Lynn s'assit à côté d'Imogène. Sa cousine anglaise était sans doute sa meilleure amie, toujours là malgré la distance. Si elle n'avait pas pris la place de Pénélope, Lynn avait néanmoins réussit à trouver une place bien plus grande dans le cœur d'Imogène que celle que l'on pourrait attendre d'une simple cousine.
« Tu sais, je pense que tu devrais accepter ce poste. Vas au moins voir le Directeur. Je t'en pris. » « J'ai un accent déplorable. » Imogène marqua une pause, haussa les sourcils et hocha la tête.
« C'est pas crédible » « C'est sexy, rabat-joie ». Toutes deux croisèrent leurs regards, et ne purent s'empêcher de sourire.
Cela faisait plus de dix-neuf ans que Pénélope était décédée. Peut-être était-il temps d'esquisser un sourire. Ou deux.