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elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel

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Lewis E. Callahan
Lewis E. Callahan

⊰ PARCHEMINS : 114
⊰ INSCRIPTION : 07/11/2010
⊰ CRÉDITS : .Reed
⊰ ÂGE RPG : seize ans
⊰ PSEUDO : addie
⊰ COMPTE DE GRINGOTTS : 9167

elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyDim 14 Nov - 13:04


elza&lewis • innocence déchue pour manège mortel


Silencieusement, je comptais les nuits depuis le festin du début de l'année. Muet, je criais l'amour tout aussi naïf que platonique que je nourrissais chaque jour. Un amour qui croissait, tel un monstre acerbe comme avide d'elle. Je mourrais pour l'apercevoir dans un couloir, je tendais l'oreille de manière impossible lorsqu'un de ses patronymes apparaissait dans une conversation souvent sans réels intérêts, je brûlais de jalousie lorsqu'un individu de sexe masculin, qu'il soit élève ou professeur, s'approchait d'elle, échangeait quelques mots avec cette facilité déconcertante, l'effleurait, lui touchait parfois même l'épaule dans un éclat de rire cristallin qui résonnait en moi tels les carillons de ma vie. J'étais à l'affût, tel un félin chassant une proie impossible d'accès. Toutes les barrières se dressaient devant moi à chaque pas, à chaque songe, et malgré la douleur de ces premières, ce démon qui brûlait en fond de moi, qui me faisait vivre comme jamais je n'avais existé, ce Malin qui me tiraillaient les entrailles sans répits, hurlaient toujours plus fort que ces obstacles, souvent annihilés comme de précaires châteaux de cartes par de douces fabulations.

J'emmagasinais toutes les informations sur elle, tout ce qu'il se disait de cette nouvelle infirmière. On la cataloguait de loufoque, elle effrayait certains premières années, elle attirait la sympathie de quelques Serpentard. Mais surtout, jamais dans ma vie, je n'avais tant apprécié l'heure des repas dans la Grande Salle. Je n'avais jamais été un garçon qui se sustentait avidement, en fait, j'avais parfois un certain dégoût même pour la nourriture. Je n'en étais pas anorexique ni boulimique pour autant, je sautais simplement aisément des repas, n'ayant véritablement aucunement faim. Mais les aliments passaient tellement plus facilement, l'heure passait tellement si vite, les plats disparaissaient tellement si cruellement, lors de ces festins. Je lorgnais la table des professeurs pour la contempler, pétrifié à l'idée qu'elle, elle se rende compte un jour de ma fascination inexplicable envers son être. Inexplicable, oui, c'était le mot. Car jamais, ô grand jamais, je n'avais été épris d'une telle énergie, jamais un être vivant n'était parvenu à me plonger dans cette valse folle où tourbillonne des envies, des émotions, des sensations et des euphories dont j'ignorais même l'existence, du haut de mes seize ans. Je n'avais jamais eu de béguin pour qui que ce soit, je n'étais jamais tombé amoureux. A mes yeux, les femmes avaient été indignes d'intérêts, celles que je fréquentais, tout du moins. Je n'étais pas le genre de personne sociable, j'étais tout le contraire, un invisible, un monstre aux yeux de beaucoup. Je ne me mêlais jamais, je ne faisais jamais de vagues, j'étais oublié. Encore et toujours, même dans ma propre famille. Mais, malgré tout cela, elle, elle était tout. Mon univers, mon phare, ma dépendance lointaine. J'étais fou, j'entretenais probablement une tare, tout le monde se moquerait bien de moi en apprenant cette narquoise mais si ancrée admiration, toutefois je ne pouvais lutter. S'il y avait une chose dans ma vie que je ne pourrais combattre, c'était contre son charme, contre son aura, contre son corps tout entier. Tout ce qu'elle touchait semblait béni, tout ceux qu'elle aimait semblait parfait, tout ce qu'elle faisait obtenait systématiquement le caractère providentiel.

Il y avait aussi ces jours, ces moments perdus de ma vie, où plongé dans la plus abyssale des solitudes, en peine de ne plus me conforter dans l'idée de respirer le même oxygène qu'elle, je la croisais, à la volée. Son parfum me frôlait, et mon souffle se coupait inévitablement, bien que j'aurais chérit les étoiles de me laisser mémoriser à tout jamais ces douces effluves. Ces secondes utopiques, ne relevant jamais du réel à mes yeux, où parfois, elle croisait mon regard et esquivait un sourire que je ne pouvais décrypter, car pour moi, c'était le sourire le plus somptueux que l'on ne m'ait jamais gratifié. Pourtant, lorsque ce voile d'indifférence me laissait suffoquant, seul dans ces larges couloirs soudainement austères de Poudlard, j'espérais que jamais, je n'ai à la confronter. De la pure couardise, sans doute. Un embarras profond s'entremêlait à tous ces merveilleux songes gravitant autour de cet ange que j'avais créés. Si un jour, j'avais à la rencontrer, si un jour, j'avais à l'approcher et devoir interagir avec cette personne, j'agoniserais jusqu'à la dernière seconde de ma piètre vie, car jamais, je ne pourrais me montrer à la hauteur de cette personne-là, jamais, malgré mes « optimal » réguliers, je ne pourrais être celui que j'espère un jour devenir. Et surtout, jamais, je ne pourrais entrer dans son cercle fermé de connaissances et amitiés. Jamais, je ne pourrais être un des siens. Et cela, bien que je le savais et essayais de le digérer, ce monstre mobile au fond de mon être, le refusait de manière catégorique, m'infligeant les plus terribles maux comme châtiments, si cette évidence n'était déjà pas assez coercitive.

Merlin seul sait de quelle manière je parvenais à me concentrer en cours et parvenir à obtenir des résultats toujours aussi exceptionnels. Pourtant, chaque heure sans elle semblait morose, inutile, fatale. Ma vie s'apparentait à un combat où seules quelques secondes misérables demeuraient l'antidote de sa prolongation. Nonchalamment, je touillais à l'aide d'une cuillère en bois ma potion qui avait une substance parfaite selon le maître et dont l'odeur était plus que jouissante à son odorat. Soit, elle ne serait jamais aussi parfaite que votre collège, sauf que ce bellâtre ne s'en rendrait jamais compte. Est-ce que cela m'aiderait si jamais, un professeur s'entichait d'elle ? Si jamais, elle avait, en définitivement, une vie, des enfants, un mari ? Si elle n'était pas telle les adolescentes qui partageaient mon cours et était loin d'être libre ? Probablement avait-elle une vie. Et pourtant, aussi médiocre suis-je, je parvenais à dénicher ce fichu procédé pour contourner ce « bémol ». Je me méprisais. Dans cette frénésie, je m'abhorrais.

J'observais le professeur d'un regard soudainement haineux. Si c'était lui, son amant. Si, le soir tombé, les heures libres naissantes, ils engendraient la plus sublime des idylles ? Vivement, une aversion contre ce pauvre maître sans défense me prit, je m'immobilisais alors, projeté dans une autre dimension. Si bien que lorsque l'empoté de Durmstrang donna un coup de coude dans mon chaudron, laissant libre cours à la gravité de laisser filer le liquide nocif de ma potion s'étendre sur ma propre personne, je n'eus le temps d'ébaucher le moindre mouvement. La douleur me pétrifiait, si aigüe, mais pourtant si faible comparée à l'Autre quotidienne. J'inspirais, d'une respiration abominablement saccadée, le visage complètement fermé, le regard vide, tandis que l'agitation suivait une courbe exponentielle dans le cours de potions. Quelques coups de baguette magique et le mal sembla se stabiliser, conservant néanmoins son caractère intolérable. La moitié de l'étoffe de ma robe de sorcier avait été rangée, ainsi qu'une bonne partie de la manche droite, laissant le loisir à ma propre peau d'être complètement anéantie, des saignements intempestifs aiguisant davantage le feu qui se nourrissait de chaque particule accessible de ma personne, vorace. Je fronçais les sourcils, continuellement muet, alors que l'atmosphère dans la classe s'alourdissait. Des vociférations, du dégoût, de la peur, n'importe quoi se lisait sur leur visage enfantin, et même ce probable amant, il semblait décontenancé. Avant qu'il ait la brillante idée de m'envoyer en Enfer. Où la fin de mon monde, où que dis-je, la fin de mon existence toute entière, serait annihilée à tout jamais, pour cet idiot, ce Durmstrang dénué de toutes entités cérébrales. Je n'avais aucun moyen de riposter, aucun intérêt de prétendre aller bien. Rien. Je me faisais diriger vers l'abattoir par ce balafré baraqué de Salem. L'infirmerie. Son quartier général. Son lieu. Son havre de paix. Sa vie. Elle. Elle. Rien qu'elle. Une confrontation frontale, on m'amenait à ma mort et livide, j'ignorais si c'était à cause de la potion ou de cette idée, mais je parvenais à peine à sentir mes jambes. Cette armoire à glaces me traînait telle un troll chérit son gros bout de bois vers le néant apocalyptique de ma vie. Chaque dalle glaciale assassinait la distance qui me séparait de cette nymphe, et à chaque dalle, j'y laissais une partie de mon existence, des lambeaux de ma dignité que je préférais rejeter ici que devant elle. J'espérais que l'inconscience m'ôterait cet infâme destin, mais j'étais toujours aussi alerte lorsque cette damnée dinde ouvrit la porte de l'infirmerie, m'abandonna telle une poupée de chiffon à mon sort des plus hideux sur le lit d'hôpital le plus proche et la réclama d'un air des plus détachés, malgré mon cœur qui menaçait bientôt de franchir la muraille de mes côtes et rebondir sur son ventre proéminent. Des mots qui parvinrent transformés à mes oreilles, tant celles-ci semblaient perturbées par les âcres chocs récalcitrants qui m'animaient de tremblements dégénérés. Pitié, faîtes qu'elle soit absente, faîtes qu'elle ne me voit pas, faîtes que je meurs, tout de suite, ici. Faîtes qu'elle n'existe plus. Faîtes que nous ne sommes plus. Prenez-tout, vous, là-haut, vous là-bas, qui que vous soyez plus fort que moi. Emparez-vous de tout ce que vous souhaitez m'appartenant, mais par tous les maux de la Terre, par tous les sortilèges du monde de la sorcellerie, promettez-moi ce simple fait, épargnez-moi cette simple rencontre, préservez-moi de ce fâcheux inévitable, et je vous louerais jusqu'à la fin de mes jours, je vous en fais la promesse solennelle. Mais surtout, surtout...

Elle entrait.

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elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyDim 14 Nov - 16:24

    Saviez-vous que le coup de foudre n’était en réalité qu’une succession de réactions physiques produites dans notre cerveau ? Pas de magie, nulle flèche tirée d’un improbable Cupidon volant, pas plus qu’il n’est question d’âmes sœurs qui se retrouvent dans une autre vie. Tout n’est que chimie et substances produites par le corps humain, comme l’adrénaline. Cette dernière accélère le rythme cardiaque, ce qui influe sur notre respiration et la quantité d’oxygène que reçoit notre cerveau. Ce légendaire « coup de foudre » n’est alors en réalité qu’un trop rapide et important apport d’O2. Alors pourquoi autant d’engouement ? Pourquoi avoir l’air si émerveillé lorsque l’on ressent ce sentiment pour la première fois ? Si l’on sait déjà tout ça, pourquoi n’arrivons-nous pas à ne pas être affectés par ce que nous croyons être de l’amour ? Ne sommes-nous donc que des êtres impotents ? Où est la raison dans ce tourbillon d’émotion ? Dans ces moments d’incertitude, le mieux à faire est sans doute de clamer haut et fort la célèbre phrase de Blaise Pascal : « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »

    Elizaveta referma avec un soupir exaspéré le livre de poche qu’elle avait entreprit de feuilleter. Beaucoup de mots pour pas grand-chose, au final. Non pas qu’elle espéra de sa lecture quelque chose d’autre que du divertissement… Elle passa une main lasse dans sa longue chevelure de feu, en captura habilement une mèche bouclée qu’elle entoura autour de son index et jeta un coup d’œil au bureau dans lequel elle se trouvait. La première fois qu’elle y était entrée, les murs blancs lui avaient fait l’effet d’avoir pénétré dans un hôpital comme un autre. Les meubles, rares, n’étaient là que pour satisfaire les besoins les plus essentiels. Un bureau, une chaise, une grande armoire où ranger le surplus médical et c’était tout. Percevant son désarroi, le directeur avait glissé un : « Vous pourrez le personnaliser, si vous le souhaitez. C’est votre bureau, après tout. » La jeune russe avait eu envie de le rassurer, en balbutiant qu’elle se satisferait du strict nécessaire. Néanmoins, quelques semaines plus tard, une peinture plus chaleureuse, d’un ambre profond, avait recouvert le blanc. De nouveaux meubles en bois sombre avaient remplacé les anciens. Une mince bibliothèque avait trouvé sa place près de l’unique – mais grande – fenêtre de la pièce et, récemment, dans le coin le plus sombre, une table sur laquelle trônait un vivarium. Elle avait mis du temps à se décider : quel animal trouverait sa place à ses côtés ? L’idée lui était venue alors qu’elle lisait avidement un ouvrage parlant des Acromentules. Contrairement à bon nombre de gens, la jeune sorcière n’avait pas peur des araignées. Elle avait toujours tenté d’expliquer, avec plus ou moins d’efficacité, que ces animaux n’attaquaient l’homme que lorsqu’ils se sentaient en danger et que, par conséquent, il fallait juste les laisser tranquilles pour ne pas se faire piquer – ou mordre, selon l’espèce. La Grammostola rosea qui avait élu domicile à Poudlard confirmait d’ailleurs ses dires. La majeure partie du temps, elle restait enfermée dans sa cage aux parois de verre sans blesser personne. Et quand venait le moment de nettoyer ladite cage, il suffisait de la prendre délicatement, à des endroits précis, pour la déposer dans un autre récipient et, malgré une légère animosité, elle n’essayait jamais de mordre. De toute façon, le venin de l’araignée mygalomorphe était aussi dangereux que celui d’une abeille, c’est pour dire. Le seul problème, la concernant, était qu’en cas de stress elle pouvait lancer ses poils urticants, qu’elle s’arrache à l’aide de ses pattes, sur la personne qui l’énerve. Mais cela n’était jamais arrivé.

      ELIZAVETA – « Je m’ennuie. »


    Cette simple phrase, si aisément énoncée, venait d’assombrir considérablement l’humeur de la belle. Son uniforme bordeaux et blanc lui donnait parfois l’impression d’étouffer. Elle ôta la coiffe blanche qu’elle se devait normalement de porter en toutes circonstances – ou presque – et dérangea l’ordre parfait de sa chevelure en passant de nombreuses fois ses mains à travers. D’ordinaire bouclés, elle avait ce matin prit le temps d’utiliser un shampoing spécial afin de les rendre plus lisses et le résultat lui donnait l’impression de ne plus avoir de cheveux. Cette réflexion, qui aurait fait rire n’importe qui, venait du fait qu’elle était habituée à être dérangée par l’épaisseur de sa coiffure et qu'aujourd’hui qu’elle entourait délicatement son visage de poupée, elle n’arrivait pas à s’y faire. Pourtant, le résultat avait dépassé toutes ses espérances… L’infirmière se mordilla la lèvre inférieure, cherchant un moyen – n’importe lequel – pour s’occuper. Elle avait terminé plus vite que prévu son livre et ne pouvait désormais qu’attendre patiemment que la journée se termine. Ou que l’on ait besoin d’elle. Son regard bleuté s’attarda sur le vivarium lorsqu’elle entendit quelqu’un pousser la lourde porte du couloir.

      ÉTUDIANT – « Mademoiselle Malinovski ? »
      ELIZAVETA – « Je, euh, j’arrive ! »


    Ses doigts effleurèrent sa coiffe sans parvenir à s’en saisir. Elle vérifia que sa baguette était bien suspendue à sa fine ceinture, que les potions les plus importantes étaient dans les poches de son jupon bordeaux et que les sorts les plus utiles lui venaient facilement à l’esprit. La curiosité prit le pas sur le professionnalisme. Qu’est-ce que ce serait, cette fois ? Une adolescente qui aurait voulu faire disparaître un bouton disgracieux et qui se serait fait pousser une corne à la place ? Deux élèves prit à se lancer des sortilèges dans les couloirs, et qui manifesteraient des réactions étonnantes dû aux combinaisons de sorts qu’ils auraient encaissés ? Des… Elle poussa la porte.

      ÉTUDIANT – « Sa potion s’est attaquée à lui. »
      ELIZAVETA – « Attaquée ? » répéta-t-elle, ahurie.
      ÉTUDIANT – « Oui, enfin, ça lui a calciné la moitié de la robe… Il me faut une attestation signée de votre main. Pour que le professeur sache qu’il est arrivé à bon port. »
      ELIZAVETA – « Bien sûr… » elle griffonna à la hâte quelques mots sur un morceau de papier trouvé dans sa poche, rangea la plume à Encre Automatique dans une autre poche et tendit l’attestation à l’élève renfrogné « Ça suffira ? »
      ÉTUDIANT – « Oui. Au revoir. »


    Elle marmonna un salut incompréhensible et s’avança vers l’unique lit occupé. L’adolescent qui y était allongé fuyait son regard comme la peste. Elle pinça les lèvres. Sa réputation l’avait précédée. Il avait sans doute peur de ce qu’elle pourrait lui faire. Réprimant un soupir, elle baissa les yeux pour examiner la blessure qu’il avait au bras droit et ne put retenir l’exclamation qui franchit ses lèvres.

      ELIZAVETA – « Merlin Tout-Puissant… ! C’est ta potion qui t’a fait ça ? Mais… c’est horrible ! Ne t’inquiètes pas, je vais arranger ça… Tu… Tu as mal ? »


    Elizaveta tenta de capter son regard, sans succès. Était-il en état de choc, en réalité ? La douleur était-elle tellement forte qu’il devait se retenir d’hurler ? C’était peut-être pour ça qu’il ne voulait pas la regarder. Les hommes et leur fierté mal placée… Se penchant au-dessus de lui, elle posa une main douce sur son épaule gauche et hasarda un sourire qui se voulait compatissant.

      ELIZAVETA – « Ça va aller… »


    Sa main glissa jusqu’au front du jeune homme où elle papillonna dans l’intention de connaître sa température. Il n’avait pas de fièvre, c’était déjà ça. Elle se redressa finalement, sachant parfaitement ce qu’elle devait faire. Après avoir jeté un ultime regard à l’élève, elle se retourna pour prendre quelques fioles dans l’une des nombreuses petites armoires qui parsemaient le « dortoir » de l’infirmerie.

      ELIZAVETA – « Tu es de Salem, n’est-ce pas ? Je ne suis jamais allée aux États-Unis… Je suis bien trop satisfaite de ma petite routine pour envisager de m’y rendre, d’ailleurs. Ah, le voilà… »


    La substance mordorée qui emplissait le gros flacon étincela dans la lumière du jour. Avec des gestes lents et précautionneux, elle en versa une bonne quantité dans un verre qu’elle avait fait apparaître à l’aide de sa baguette quelques secondes plus tôt. Une fois satisfaite de la dose, elle replaça le bouchon de liège et rangea la potion.

      ELIZAVETA – « Il paraît que ça a bon goût… Tu ne sentiras plus la douleur pendant une heure ou deux, avec ça. Ça me laissera le temps de te soigner convenablement. Aie confiance, c’est sans danger aucun. » fit-elle en lui tendant le verre.


    Leurs doigts se frôlèrent et Elizaveta frissonna. Elle détourna brusquement le regard, surprise par l’intense trouble qu’elle venait de ressentir à ce simple contact. Chair contre chair. Elle se reprit, se rendant compte qu’elle n’agissait pas comme une infirmière compétente et avertie. Ses prunelles d’un bleu-gris pâle se posèrent sur Lewis, et elle esquissa un nouveau sourire. Elle attendrait qu’il ait avalé l’anesthésiant et elle refermerait les vilaines blessures et les brûlures qui parsemaient le bras droit de l’américain. Parce que c’était son devoir.

      ELIZAVETA – « Comment t’appelles-tu ? »


Dernière édition par Elizaveta M. Malinovski le Jeu 18 Nov - 8:30, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyLun 15 Nov - 5:06

Je n'entendais plus que ces bourdonnements incessants, ou devrais-je dire, les intenses battements de mon cœur qui à mesure de chaque palpitation devenait davantage puissants, davantage bruyants. Mes oreilles brûlantes me procuraient l'envie soudaine d'y plaquer mes mains, tandis que j'avais l'impression que mes tympans menaçaient de céder sous toute la force des maux qui m'assaillaient, cruels. Néanmoins, je me laissais voguer par cette symphonie discordante, fixant un point imaginaire de l'infirmerie. J'entamais un culte à ce désir de me déconnecter du monde réel, tandis que fatal, je m'accordais à l'idée que bientôt, « Mademoiselle Malinovski » apparaîtrait. C'était déjà trop tard, j'avais aperçu sa chevelure de braise aujourd'hui lisse. J'avais croisé son infime beauté, et mon cœur n'avait fait que s'affoler davantage, épris de divers émotions qui vacillaient entre le bien et le mal.

Mon camarade de classe ainsi que l'Ange discourraient, pourtant, seuls quelques grognements indéchiffrables me parvenaient. C'était comme si j'étais à des milliers de kilomètres, projeté à des années lumière par toute cette peur, tout ce refus catégorique d'être ici, la confronter, et de faire de moi le dernier des minables. Le dernier être sur Terre qui aurait une raison de vivre valable. En fait, je luttais encore, piètrement, pour cette raison de vivre, cette Femme. J'ignorais pourquoi j'existais avant mon entrée à Poudlard, mais je savais pertinemment que je ne souhaitais aucunement retourner dans le passé, dans cet obscure précédant où tout est si morose, si plat. Elle avait métamorphosé ma vie, l'avait souverainement définit, tandis qu'elle ne me connaissait même pas, et que c'était tout ce que j'avais toujours chérit. A ses yeux, je n'étais qu'un vulgaire élève, probablement ignorait-elle même de quelle école étais-je, si ce n'est qu'en regardant les couleurs de ma robe de sorcier – bien que carbonisée, à l'heure actuelle -. Ce qui me semblèrent des pas et une porte grincer sur ses gonds me parvint, et j'en déduis rapidement que mon monstrueux et ignoble compagnon s'en était allé, vaquant sereinement à sa vie tandis que la mienne se brisait lentement en morceau, chaque fines parties de celle-ci s'étalant et se dispersant dans le but de ne jamais être retrouvée et ne jamais se rejoindre. J'abandonnais tout, absolument tout, dans un travail méticuleux, strict, et surtout acerbe. Plus rien ne comptait à présent, la perdre impliquait le néant. Et par déduction évidente, ma toute fin.

« Merlin Tout-Puissant… ! C’est ta potion qui t’a fait ça ? Mais… c’est horrible ! Ne t’inquiètes pas, je vais arranger ça… Tu… Tu as mal ? »

Son parfum me parvenait, cette fois-ci. J'avais beau m'être figé, ma respiration haletante n'avait pu longtemps combattre mon stupide instinct de survie, et je m'avérais alors envahit de tout ce qui l'entourait. Sa chaleur me réconfortait alors qu'elle se situait encore à quelques mètres de ma personne. Pourtant, je refusais de rompre ce lien en croisant son regard, en employant ne serait-ce que le sens de ma vue. Je voulais mettre tous les autres en avant, jouant de mes autres mémoires, lui offrir gracieusement un nouveau terrain qu'encore une fois, elle occuperait et monopoliserait sans répits. Je la sentais s'approcher dangereusement de ma personne et me contentais de fermer les yeux comme si ma vie en dépendait. Comme s'il s'agissait d'une manière de lutter, de fuir. Comme si par ce simple procédé, je refermais mon âme, mon corps, mon souffle, et tentait de faire de ce moment un épisode si anodin de l'existence de ma fascination qu'elle en oublierait chaque bribe demain. Comme lorsque Cohnaan tentait de me consoler lorsque je craignais le châtiment de mon père, avec cette simple phrase, le soir tombé : « Demain, il aura tout oublié, ne t'inquiètes pas pour ça ». Des mots si naïfs, discréditant royalement mon paternel de toutes parts cérébrales, mais pourtant qui avait sur moi un impact tellement grandiose, que cette simple illusion avait métamorphosé mes nuits agitées en de doux songes. Mais je n'avais plus six ans, la vie n'était plus celle d'un enfant. Je ne possédais plus cette protection qui me tenait à l'écart des grands maux. Proportionnellement à mes seize années, je me retrouvais confronté aux pires punitions de toute mon existence. Et pourtant, non, physiquement, la douleur n'avait rien à voir à la guerre sans fin intérieure que cet empoté de Durmstrang avait provoquée. Ses termes résonnaient dans ma boîte crânienne telle une boîte à musique, s'assurant une prononciation et un rythme davantage compréhensible à chaque retentissement. « C’est ta potion qui t’a fait ça ? Mais… c’est horrible ! » Je ne pus réprimer un sourire, acte pourtant si banal aux yeux de tous, si aisé à former, mais que je ne réussissais à produire si facilement. Elle m'enchantait, m'ensorcelait, me charmait, me manipulait. Je n'étais plus Lewis, je n'étais plus l'Elisud que j'avais toujours demeuré. J'étais désormais un autre, une évolution dont j'ignorais le caractère mélioratif ou maléfique. Je reconnaissais simplement un changement inné, contre lequel, encore une fois, j'étais impuissant. Silencieusement et de manière stupide, j'espérais qu'elle ne pense pas que la dite potion était ratée à un point qu'elle me calcine un quart de mon corps. Mais son « Ne t'inquiètes pas » fut taire sans merci toutes ces fabulations.

« Ça va aller… »

Sa main glissa soudainement sur mon front, un simple contact qui bloqua net ma respiration, fit stopper tout mouvement cardiaque et sembla me laisser mort le temps de quelques secondes. Je me mettais rapidement à divaguer, ne sachant si c'était sous l'effet de mon amour intransigeant à son égard, des effets de mes blessures ou un âcre mixte des deux. Simplement, je ne pouvais m'empêcher d'apprécier cela. Je ne pouvais m'empêcher de placer ce moment si court comme instant phare de mon être, comme l'un des meilleurs souvenirs de mon existence. Comme si, en définitive, cet accident n'aurait pas que des torts. Et je me rappelais ces collègues, ces autres élèves, qui avaient eut aussi le droit à ce genre de contact physique, mais ce n'était pas de la jalousie qui naissait alors en moi, c'était plutôt de la fierté. Comme si je venais d'être monté en grade, d'avoir reçu une importante promotion me propulsant à une qualité d'être vivant essentiel pour l'heure à ses sublimes yeux.

Elle s'éloignait, et le souffle que je retenais depuis ces quelque secondes fila entre mes lèvres. Je ne fuyais plus, revirant totalement la situation pour la fixer sans retenue. C'était probablement un regard un peu loufoque, voguant entre l'émerveillé et le perdu, mais à chaque geste qu'elle esquissait, mes pupilles s'en marquaient. Sa voix mélodieuse perça de nouveau le silence admirateur :

« Tu es de Salem, n’est-ce pas ? Je ne suis jamais allée aux États-Unis… Je suis bien trop satisfaite de ma petite routine pour envisager de m’y rendre, d’ailleurs. Ah, le voilà… »

Satisfaite de sa petite routine ? Bien que mon visage demeurait impassible, seules deux perles se mouvant, accrochées à sa silhouette telle une bouée de sauvetage dans un océan meurtrier, je m'interrogeais sur cette dite routine. Sur cette satisfaction. J'étais épris de ce rêve de tout en savoir, qu'un jour, j'apprenne chaque instant de sa vie, chaque parcelle de passions, de passe-temps qui la faisait vibrer. Ce qui offrait à son cœur une manière de battre, à ses membres une raison de se mouvoir, à ses poumons une raison d'emmagasiner une nouvelle fois cet air pourtant si progressivement nocif aux yeux des scientifiques moldus. Le son de la potion emplissant un verre qu'elle tenait entre ses mains me vint, mais je n'en avais qu'à faire de cette potion, je ne guettais point la substance, seulement elle. Son visage dans la clarté du jour, infiniment plus magnifique que ce-dernier.

« Il paraît que ça a bon goût… Tu ne sentiras plus la douleur pendant une heure ou deux, avec ça. Ça me laissera le temps de te soigner convenablement. Aie confiance, c’est sans danger aucun. »

Je déglutissais, navré à l'idée de détacher mon attention de son corps pour poser mon regard sur ce dit verre. Gauchement, je tendais une main mal assurée vers le récipient. Je lui faisais confiance, la question n'était aucunement là. Le seul problème, c'est que je me craignais moi-même, en aucun cas, je me faisais confiance dans cette situation, comme si je partageais mon corps et mon esprit avec une quantité indénombrable d'entités qui me feraient virer d'un côté désastreux pour mon cœur. Alors, malheureusement, je ne pouvais que penser qu'elle avait tort, que c'était loin d'être « sans danger aucun ». Je saisissais le verre, frémissant intérieurement au contact du bout de ses doigts. Piteux, je daignais un bien sombre regard à la potion qui semblait affreusement épaisse. « Bon goût », c'est ce qu'on allait voir. Impassible, je portais le gobelet à mes lèvres et avalais le contenu d'un trait, esquissant une légère grimace en ayant la singulière sensation que le liquide parcourait déjà mes veines et les amollissait à l'image de vulgaires marshmallows. J'avais beau être accoutumé des potions en tout genre avec une belle-mère métamorphomage à la maison, je ne me ferais jamais aux effets physiques que ces substances aux vues plus que honorables imposaient. Je conservais le gobelet entre mes mains, comme si j'espérais m'en faire un souvenir précieux duquel je pourrais vouer un culte des plus saugrenues, tandis qu'Elle reprenait la parole, de sa voix toujours aussi... Parfaite.

« Comment t’appelles-tu ? »

J'eus l'horrible sentiment qu'elle m'invitait à tout briser. A rompre cette mélodie, ce manège pas si désabusé. Presque complaignant, je croisais son regard, pour finalement le plonger de nouveau au fond de mon gobelet étonnement immaculé. Cette potion devait être pire que de la glue, une sorte de limace sans formes concises qui ne perd rien sur son passage... Une sorte de Zippo/Métamorphe comme l'aurait qualifiée ma jeune soeur, adepte des Pokémons. J'articulais finalement, à ma plus grande surprise et sans doute que n'importe qui dans tout le château prendrait Elizaveta pour une mythomane à colporter l'idée que j'ai pu prononcer une phrase complète, avec plusieurs termes, d'une voix intellegible, qu'elle serait une des rares à un jour avoir entendue.

« Est-ce que j'aurais une marque ? ... Pour ne jamais l'oublier. »

Elle me trouverait certainement d'une névrose accentuée en phase fatale, néanmoins, j'espérais vraiment qu'elle me réponde par la positive. Je n'étais pas de ces êtres superficiels que l'unique cicatrice rendait dépressif. J'avais beau être le fils d'une femme les plus superficielles que la Terre ait portée, je n'avais jamais porté d'intérêt véritable à l'apparence. Probablement était-ce pour cela qu'il avait fallut l'arrivée de Elizaveta et tout ce qu'elle emportait sur son passage, toute la magie au sens splendide du terme, pour que cet amour m'envahisse et étouffe sans le moindre remord ma raison. Pourtant, je savais que si j'avais une marque, une sorte de cicatrice gravée en moi jusqu'à la fin de mes jours, je pourrais toujours me remémorer ce moment. Chaque coup d'œil vers elle me fera ressasser ce souvenir, qu'il advienne bon ou mauvais. Et même si le vent tourne de manière à ce que cette journée soit la plus horrible de toute ma plate existence, cette trace se transformera alors en promesse. Une promesse divine. Tel un argument, j'ajoutais :

« Lewis. Mère galloise. »

Prononcer mon prénom correctement aux États-Unis semblait aussi rare que l'abattement d'une comète sur Chicago. Ma mère m'avait baptisé de noms typiquement gallois, en honneur à sa fière patrie. Et pour espérer une phonétique correcte de mon prénom, il était pratiquement obligatoire de passer par le nom français « Louis », aussi étonnant cela puisse paraître. Encore heureux que mon second prénom, Elisud, tout aussi gallois, n'ait pas à être fréquemment prononcé. Encore plus heureux que peu de gens cherchent à m'appeler. Quoi qu'il en soit, un américain qui se nomme en un « Lewis » du Pays de Galles intrigue, ainsi, l'évocation à ma chère mère me semblait judicieuse, afin d'éviter d'entamer d'éternels préambules sur la femme qui m'avait donné la vie et avait disparu sept courtes années plus tard.

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elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyLun 15 Nov - 8:08

    En silence, ses iris clairs parcouraient avec attention le visage aux traits tendus du jeune adolescent. Son regard était fiévreux, ses lèvres frémissaient tandis qu’il lui posait une question déconcertante ; il semblait en proie à un trouble dangereux, comme ces fous qui, dévorés par leur folie, ne cessent de s’enfoncer dans les ténèbres de leur existence. Ou comme ces illuminés qui disent avoir entr’aperçu Dieu, le Paradis et les Anges. Elizaveta n’était pas particulièrement croyante ; sa mère, moldue, avait apparemment été une fervente disciple, priant aux heures de repas et citant des extraits de la Bible à tout bout de champs mais elle, elle n’en voyait pas l’utilité. Si quelqu’un survivait à un évènement qui aurait dû être meurtrier, c’était avant tout grâce aux soins que lui prodiguait et à son envie de vivre. Plus un patient était attaché à sa vie, plus il se battait pour y rester. Il n’y avait pas de secret, pas de plan dessiné à la hâte par une main Divine. Néanmoins elle était prête à considérer la Chance comme un facteur relativement important. La concession s’arrêtait là.

      LEWIS – « Est-ce que j’aurai une marque ? … Pour ne jamais l’oublier. »


    La seconde partie de sa phrase, presque murmurée, fit hausser les sourcils de la russe. Etait-ce une façon anglaise de vouloir se remémorer un échec ? Car pour l’infirmière, ces brûlures ne pouvaient résulter que d’une potion mal préparée. Son esprit ne pouvait concevoir que quelqu’un ait pu provoquer un tel désastre : ça aurait été tout bonnement horrible si tel avait été le cas. Si les élèves commençaient maintenant à tenter de se tuer elle n’allait bientôt plus pouvoir tous les soigner et Poudlard deviendrait un camp de réfugié militaire. La jeune femme sursauta très légèrement, se sentant coupable de s’être laissée emportée dans ses pensées les plus futiles, et s’évertua à plonger ses yeux dans ceux de l’américain afin de lui montrer qu’elle était sérieuse. Ils se croisèrent un moment, puis il tourna la tête. Quel entêté.

      ELIZAVETA – « Je ne sais pas. Je ne verrais que lorsque j’aurais commencé à te soigner ; c’est probable cependant. Mais ce sera à peine plus gros qu’un grain de beauté. » lui confia-t-elle.


    Un temps. Il déclina son identité du bout des lèvres. Mère galloise, précisa-t-il. L’infirmière ne pensait pas que cela soit nécessaire, pourtant elle se garda bien de le faire savoir. Etrangement, le fait d’entendre cet étudiant lui parler avait quelque chose de d’inédit. Elle ne le connaissait pas, et pourtant… Si elle avait été plus attentive aux discussions de ses collègues professeurs ces deux derniers mois, elle aurait sans nul doute entendu parler de la fratrie Callahan. Tout droit venus de Salem, ils étaient de véritables phénomènes à eux seuls ; il y avait même un enseignant parmi eux. De quoi alimenter les ragots pendant cinq à six semaines. Seules les habitudes solitaires d’Elizaveta l’avaient empêchée d’en apprendre autant sur son nouveau patient. Elle aurait su, sinon, savoir qu’il ne parlait que très rarement – en tout cas pas pour faire des phrases aussi longues. Cet échange apparemment anodin aurait alors revêtu un caractère spécial, crucial même. Néanmoins, c’était sans doute mieux ainsi. Elle discutait avec l’étudiant avec une légèreté dont elle n’aurait certainement pas été capable si elle avait su tout ça ; elle se serait montrée beaucoup plus prudente et réservée. Non pas qu’à cet instant précis elle soit totalement extravertie, un trait de caractère qu’elle ne possédait pas, mais elle parvenait à établir un dialogue relativement poussé. Une première, selon elle.

      ELIZAVETA – « Le… Lo… Comment tu as dit ? Lé-ou-iss-euh ? Oh ! »


    Sa main droite vint cacher le O formé par sa bouche. Ses yeux étincelèrent, et elle éclata de rire. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas ri qu’elle en fut sûrement la plus étonnée. Incapable de contrôler ce dernier, elle s’efforça de l’étouffer avec sa main sans réel succès. C’était un rire franc, un rire éclatant et pur. Il « venait du cœur » comme aurait dit son père. Alexander adorait l’entendre rire lorsqu’elle était enfant. C’était un cadeau qu’elle lui réservait à lui seul, et ce uniquement parce qu’il lui montrait qu’elle était sa préférée. Elle avait confiance en lui, ce qui expliquait qu’elle se laissa plus souvent aller à l’allégresse qu’avec les autres membres de sa famille. Avec le temps cependant, ces démonstrations de joie sonores s’étaient faites plus rares jusqu’à pratiquement disparaître. Jusqu’à aujourd’hui.

      ELIZAVETA – « Je… Je suis désolée, ce n’est pas de la moquerie… Enfin, oui et non, mais pas envers toi… »


    Elle recueillit du bout des doigts les deux petites larmes qui s’étaient formées au coin de ses yeux clairs, inspira et expira profondément dans le but de retrouver une respiration plus calme. Ses pommettes étaient devenues écarlates et ses lèvres restaient étirées en un sourire ravi, dévoilant sa dentition immaculée et parfaite.

      ELIZAVETA – « Pardonne-moi d’avoir écorché ton prénom. Je ne suis pas très douée avec les langues étrangères ; sauf en anglais. Alors prononcer le tien… Mais je te promets de m’y exercer. Qui sait, j’arriverais peut-être à le dire convenablement. »


    Anecdote amusante au sujet de l’apprentissage linguistique de la rouquine, elle a pris des cours avec une vieille femme d’environ quatre-vingt ans pour qui, je cite, « le langage d’aujourd’hui est tout à fait inapproprié à une lady telle que moi ». Et par extension de « moi » elle voulait bien évidemment parler d’Elizaveta. La belle apprit donc à ses dépens un anglais vieux d’un bon siècle et demi – si ce n’est plus – et qui est secrètement un sujet de moqueries de la part de certains élèves à la langue bien trop pendue. Mais au moins, elle sait se faire comprendre.

      ELIZAVETA – « Bien… Je vais commencer à te soigner, d’accord ? Surtout, préviens-moi si tu as mal. »


    La longue baguette en bois d’ébène trouva naturellement sa place dans la main pâlotte et fine de la sorcière, qui fronça les sourcils imperceptiblement afin de se concentrer. Elle ne voulait pas que Lewis garde une quelconque marque de ce malheureux accident – ou incident ? – même si lui semblait y tenir. Pourtant elle ne pourrait que se plier à l’efficacité du sortilège qu’elle allait lancer. Si la peau se refermait convenablement, il n’y aurait plus rien. Si, au contraire, il y avait ne serait-ce qu’une infime perturbation dans la magie, il se retrouverait avec un reste de brûlure inoffensif mais voyant. C’était à la chance de décider.


Dernière édition par Elizaveta M. Malinovski le Jeu 18 Nov - 8:32, édité 2 fois
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Lewis E. Callahan
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MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyLun 15 Nov - 10:09

Certaines personnes s'aventurent à proclamer que nous ne sommes que des parts d'autres. A chaque interaction avec un individu, l'on lui copie quelque chose, un fait, un tic, une pensée, une envie, qui s'incrustera en nous et ainsi, deviendra quelque chose qui nous est propre. L'on ressemble donc à tout ceux qui nous ont donné, tout ceux qui nous ont apprit, volontairement ou pas. L'on demeure marqué de chaque échange, d'une marque invisible, mais pourtant si prononcément présente. Parfois, ce sont ces autres en commun qui le remarquent, souvent, on le nie, à la recherche d'une authenticité sans réelles valeurs. Cependant, l'être humain cherche sans arrêt des liens avec les siens. Depuis ma naissance, j'ai eu la sensation d'avoir manqué à cet appel de ressemblances. Ma mémoire me faisant défaut, je n'ai jamais vraiment connu l'époque de mes parents vivant en harmonie sous le même toit. Mes sept années étant bien anciennes, j'ai de plus en plus de mal à me souvenir d'elle. Pourtant, tout autour semble si évident, tout autour pourrait me la rappeler, à commencer par mon frère aîné. Ce métamorphomage, tout comme elle, qui imitait la couleur de ses cheveux à volonté. Ce passionné de plantes aussi farfelues les unes que les autres. Je pourrais facilement être jaloux de Cohnaan, il a tout sur ma mère, onze années d'avance. Quant à Bonnie, les vieilles connaissances s'évertuent à dire qu'elle ressemble à notre génitrice. Moi, c'est à peine si je suis le fils du jardinier. Je n'ai rien vraiment à faire, dans cette famille, dans ce pays, dans cette vie. Pourtant, sans eux, je ne suis rien. Sans eux, je n'ai plus rien. J'essaie continuellement de m'attacher à ces personnes qui devraient partager le même sang que moi, mais il semble toujours manquer quelque chose, une incompatibilité certaine. Alors, tout ce que je possède, ce sont ces marques. La plus chérit d'entre elles figure sans hésitation cette cicatrice sous mon œil, pour me rappeler cette folle journée avec ma mère. Une des meilleurs de toutes ma vie, jusqu'à ce que mon père interfère. Jusqu'à ce que les Plouftis s'en mêlent. Le bonheur, constitué de tellement de pièces, qu'irrévocablement, on en perd en route et qu'il en manque toujours tellement, avait une nouvelle fois frappé.

« Je ne sais pas. Je ne verrais que lorsque j’aurais commencé à te soigner ; c’est probable cependant. Mais ce sera à peine plus gros qu’un grain de beauté. »

Je l'admire. Une espérance au fond de moi me certifie que jamais, je ne l'oublierais. Pourtant, j'aimerai quelque chose, quelque chose d'indélébile, en permanence à portée de main, pour me souvenir d'absolument tout. De son parfum, de son regard, de ses cheveux de braises docilement lisses. De sa voix, de son aura, du fait qu'elle soit bénie des Dieux, à mes yeux. Je baissais le regard, laissant le choix au Destin, à la Chance, à ces Forces omniprésentes dans les mœurs des gens qui devraient y faire quelque chose. Je me résous à l'Avenir, à mon Destin, fermant doucement les yeux, inspirant davantage discrètement son parfum, m'en enivrant tout entier, bâtissant les fondations d'un nouveau souvenir.

Ma rare voix résonnaient dans les murs de l'infirmerie, tel un écho. Je jetais un coup d'œil à son visage, malheureusement bien trop curieux pour ne pas tirer toutes les sensations possibles de mes autres sens. Incrédule, elle ne semblait pas avoir rencontré beaucoup de Lewis sur sa route. Probablement n'était-elle pas en Angleterre depuis si longtemps. Déterminée, plusieurs balbutiements émanèrent de ses cordes vocales, tentant laborieusement d'articuler mon nom. Mes lèvres s'étirèrent doucement en un pseudo-sourire, alors que je sursautais, un rire cristallin retentissant. Admiratif, je restais de marbre, figé, inapte à produire le moindre mouvement. Elle vint poser avec grâce sa main devant ses lèvres qui ébauchaient un « O » parfait, et je n'en demeurais que plus attendrit, plus amoureux, plus fasciné.

« Je… Je suis désolée, ce n’est pas de la moquerie… Enfin, oui et non, mais pas envers toi… »

Je fronçais doucement les sourcils. Envers quoi, alors ? Envers elle-même ? Envers mon prénom ? Envers les sons désespérés qu'elle venait de provoquer suivant une réaction des plus... Éclatantes ? Je me réservais de poser la question, de nouveau atteint par mon profond mutisme. N'importe qui aurait pensé que j'ai parlé pour la décennie, sans vouloir exagérer. Depuis ma naissance, j'avais été d'une tranquillité abasourdissante. Néanmoins, j'avais inventé mon propre langage, que seuls Cohnaan et Bonnie étaient maîtres dans l'art de traduire, pendant quelques années. Ensuite, j'avais refusé catégoriquement de parler l'anglais, jusqu'à la mort de ma mère, où j'avais usé la langue avec brio pour vivre la première et dernière crise – jusqu'à présent, du moins – de ma vie. Depuis ce jour-là, j'étais muet, provoquant l'agacement ou l'intrigue de ce cher Autrui. Seuls quelques mots prononcés de temps à autres assuraient que mes cordes vocales étaient fonctionnelles, bien que ma voix s'avéraient cassée et rauque, s'apparentant du corbeau agonisant. L'on dit que pour entretenir correctement ces fameuses cordes vocales, il faut parler approximativement deux heures par jour. Voilà qui expliquait la condition de ma voix, que je ne semblais aucunement savoir poser, soit dit en passant. Mais c'était bien le cadet de mes soucis. Si encore, cela fut un soucis à mes yeux.

« Pardonne-moi d’avoir écorché ton prénom. Je ne suis pas très douée avec les langues étrangères ; sauf en anglais. Alors prononcer le tien… Mais je te promets de m’y exercer. Qui sait, j’arriverais peut-être à le dire convenablement. »

Elle promettait de s'entraîner à le prononcer. Elle s'engageait à un travail vis-à-vis de la phonétique de mon prénom. J'avais l'impression de rêver, d'avoir imaginé ces mots ainsi que d'être profondément naïf pour m'émerveiller d'une promesse qu'elle ne tiendrait peut-être pas... Observant tantôt mes genoux, tantôt mon interlocutrice, j'hésitais. J'hésitais à oser, j'hésitais à avancer, j'hésitais à parler de nouveau, à lui demander ce qui agitait ce monstre grondant au fond de moi, qui ronronnait précédemment des quelques dizaines de minutes s'étant écoulées. J'ouvrais finalement les lèvres, pour les refermer, me sentant si absurde, que j'attaquais :

« Vous vous y engagez ? … Vraiment ? »

J'avais prononcé mon dernier terme comme si c'était la première fois qu'un adulte m'offrait si généreusement sa parole, peu importe sur quel acte elle reposait. Comme si, en quelque sorte, ma vie dépendait de sa réponse, bien que l'on ne pouvait percevoir une quelconque espérance dans le ton de ma voix, ni dans l'éclat de mes yeux. Seulement de la résignation, une pointe d'indifférence qui clame avoir été déchu plus d'une fois. Seul le cœur priait une nouveauté, un revirement de situation dont elle serait l'auteur. Encore un...

« Bien… Je vais commencer à te soigner, d’accord ? Surtout, préviens-moi si tu as mal. »

Elle s'installait à mes côtés, et silencieux, j'observais ses lèvres articuler les incantations magiques qui eurent aussitôt effets à mes blessures anesthésiés. Fronçant les sourcils, j'observais les tissus se rejoindre difficilement, lentement, ayant l'impression que ça prendrait des heures, à ce rythme là, tant tout semblait si profond, si méticuleux, si ardu. Je décollais mes yeux de la vision, détournant la tête, inspirant une bouffée d'air frais, ayant l'impression que les images me montaient vraisemblablement à la tête, dans un tourbillon bouillonnant, comme si mes synapses cuisaient. J'essayais de me remémorer les ingrédients un par un de ma potion, afin de tenter de comprendre d'où cette sensation pouvait provenir, car elle n'était certainement pas occasionnée par les soins que l'on me prodiguait. Néanmoins, alors que je me revoyais couper en fines lamelles longitudinales les copeaux de polygonums, mes réflexions furent brutalement interrompues par ce dit liquide surchauffé m'agressant la gorge inconfortablement, jusqu'à ce que ma bouche en soit inondée et que n'ayant d'autres moyens sur l'instant et à proximité, je tentais valeureusement d'éviter le plus gros du dégât imminent avec ma main libre, recueillant ce qui semblait s'apparenter à du sang à première vue qui s'évadait de mon être sans que je n'ai mot à placer. Le volume croissant, rapidement ma robe de sorcier qui épongeait généreusement le reste se définissait comme irrécupérable, tandis que je maudissais intérieurement de toutes mes forces ce maudit cours de potions, ces satanées ingrédients, ces maléfiques étudiants, et surtout, ô grand surtout, moi-même. L'inconscience m'aurait réellement préservé de tout cela. N'importe quoi aurait pu éviter ce déchargement peu gouleyant, et le pire, c'est que j'étais inapte à le stopper. Comme si mon corps semblait déterminé à traumatiser la femme que j'admirais à un point inconcevable et à la dégoûter de ma personne jusqu'à la fin de ses jours. Très bien, la prochaine fois qu'elle me verra, trois choses lui viendront à l'esprit : mes blessures « horribles » - pour reprendre ses termes – mon prénom méchamment peu répandu et cette pure mésaventure. Heureusement, mon mauvais karma possédait encore tout le loisir de me réserver de fatidiques surprises, j'étais certain qu'à ce rythme-là, je ne pourrais me terrer dans ma salle commune tout de suite... Il ne me reste plus qu'à participer à Euro Gallions cette semaine.

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elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyJeu 18 Nov - 9:59

    Tout se passait bien, tout ne pouvait qu’aller bien ; c’était un sort qu’elle maîtrisait parfaitement et son patient faisait preuve d’un calme absolument épatant. Alors oui, tout ne pouvait qu’aller. Elle se détendit légèrement, allant même jusqu’à rire doucement à la question de Lewis. Il avait l’air tellement surprit… Comme s’il n’était pas dans ses habitudes de se rendre compte que l’on s’intéressait un tant soit peu à lui. Peut-être était-ce le cas ? Elle n’en ressentit que plus d’affection pour ce jeune adolescent. Il était l’un des premiers qui ne la craignait pas – tout du moins pas ouvertement. Ce qui la faisait espérer. Elle finirait sans doute par se sentir chez elle ici… Avec un peu de temps.

      ELIZAVETA – « Bien sûr que je m’y engage. C’est une promesse. » lui avait-elle répondu en traçant une croix sur son cœur.


    Un geste qu’elle avait partagé avec son père, lorsqu’ils se juraient des choses. Elizaveta raffermit sa prise sur sa baguette, se concentrant sur le sortilège qu’elle était en train de lancer. Les chairs abîmées se reconstruisaient lentement sous l’œil attentif de l’infirmière. Les brûlures laissaient place à une peau parfaite et douce. Tout ne pouvait qu’aller bien. C’était ce qu’elle se répétait en attendant que la magie s’opère. Jusqu’à ce que le drame se produise. Ce qui lui fit d’abord relever la tête fut le bruit. Il s’étouffait. Ses sourcils se froncèrent au-dessus de son joli minois inquiet, et, avant qu’elle ne puisse amorcer un geste, un flot rougeâtre s’échappa de la bouche grande ouverte du malade, se répandant sur les draps et sur son uniforme en cascade. La première pensée de la russe fut emplie de peur : il vomissait du sang. Ce ne pouvait être que ça, non ? Et si c’était le cas, ce phénomène ne pouvait avoir lieu qu’à cause de la potion. Or, elle ignorait tout de ladite potion : quels ingrédients avaient été utilisés, quelle quantité, quell… Quelques gouttes sanguines s’écrasèrent sur ses bras dénudés et sur son visage. En état de choc, elle ne pouvait qu’observer en silence l’élève dépérir. Une part d’elle pourtant s’interrogeait sur ce qui se déroulait sous ses yeux. Tout d’abord, au vu de la texture fluide et de l’absence d’odeur, ce ne pouvait pas être de l’hémoglobine. Ensuite, si c’était une réaction dû à un élément particulier, elle n’avait aucun moyen de déterminer la nature dudit élément. Le côté scientifique de la belle lui murmurait à l’oreille que c’était une expérience enrichissante. Après tout, n’était-elle pas en train d’assister à un phénomène rarissime ? Elle se reprit, grondant mentalement ses mauvaises manières et sa curiosité mal-placée. Bondissant sur ses jambes, elle pointa sa baguette sur Lewis et lança quelques sorts sensés arrêter le flot incessant qui jaillissait d’entre ses lèvres. Sans succès.

      ELIZAVETA – « Qu’est-ce que… ? »


    Elle se secoua, empêchant la panique de l’envahir totalement. Ce genre de problème devait arriver fréquemment dans les hôpitaux magiques, elle devait donc se montrer à la hauteur si elle voulait un jour atteindre son rêve. Farfouillant dans les petites armoires qui parsemaient le mur, elle jetait des sorts sur l’adolescent sans que cela ne fasse effet. La première chose à faire était de stopper l’hémorragie – quoi que cela ne fut pas exactement du sang. Sinon, il serait déjà à l’article de la mort. Un faisceau bleuté tomba dans le liquide rouge, le faisant disparaître totalement avant que le sol de l’infirmerie ne se transforme en mini-étang. Enfin, sa main trouva le minuscule flacon argenté. Grand remède, il suffisait de quelques gouttes pour que les symptômes de différentes maladies diminuent jusqu’à disparaître. C’était maintenant la façon de faire absorber le produit qui était problématique. Elle profita d’un bref laps de temps entre deux vomissements pour faire tomber deux gouttelettes sur la langue de son patient.

      ELIZAVETA – « L’effet devrait être immédiat, ne t’inquiètes pas. »


    Et il le fut. Fort heureusement, Lewis retrouva progressivement une couleur normale et cessa de vomir du « sang » partout. Couvant d’un regard attentif l’américain, elle se laissa tomber sur sa chaise miraculeusement épargnée.

      ELIZAVETA – « Wow… Je veux dire… Wow. » elle passa une main dans sa chevelure désordonnée « Comment vas-tu ? Tu n’as mal nulle part ? Je suis désolée… C’est peut-être ma faute… Une réaction allergique due aux effets de la potion qui t’a éclaboussé. »


    Sa baguette s’agita pendant une longue minute, durée pendant laquelle elle s’efforça de rendre à l’infirmerie sa propreté immaculée. Puis, son regard tomba sur l’uniforme imbibé de sang de Lewis. Elle grimaça.

      ELIZAVETA – « Je pense que je vais devoir te garder pour cette nuit au moins. Histoire de me rassurer… Oh, au fait, ce n’était pas du sang. » rajouta la belle pour qu’il ne pense pas être à l’agonie.


    Un tas de vêtements pâles se matérialisa sur la table de chevet.

      ELIZAVETA – « Enfile ça, je vais signaler au directeur que je vais avoir un pensionnaire et que tu es exempt de devoirs. Inutile que tu te fatigues davantage… »


    Un léger sourire s’inscrivit sur son visage, effaçant le stress qu’elle avait pu ressentir quelques minutes plus tôt.

      ELIZAVETA – « Ne me fais plus peur comme ça, d’accord ? »


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Dernière édition par Elizaveta M. Malinovski le Lun 29 Nov - 13:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyVen 19 Nov - 11:12

Je perdais rapidement toutes notions du monde extérieur. J'ignorais les secondes qui mourraient inexorablement tout autant de ce qui se passait tout autour de moi. Emmené contre mon gré dans ce tourbillon maléfique, je me contentais de vivre, ou du moins, lutter pour ne pas m'étouffer avec ce liquide rougeâtre émanant en grande quantité de mon estomac ou que sais-je. Ma gorge semblait s'enflammer à chaque remontée du dit liquide, emportant sans doute avec lui assez de bile pour irriter ma trachée, et finalement, tout se déversait si rapidement que j'aurais aisément pu être l'objet d'un film comique aux effets théâtraux. Le seul bémol de l'histoire était sans doute que je ne jouais pas, bien qu'à mesure des sortilèges que me lançait Elizaveta, certains des plus petits maux s'anéantissaient, laissant bientôt que le désagrément de mes crachats intempestifs recouvrant avec grande générosité tout ce qui était à sa portée. Je me permis rapidement de penser qu'à l'air magnifiquement étonné qui tirait les traits de ma jeune idylle, je demeurerais marqué en sa mémoire pour être le premier cas de cette manière. Dommage néanmoins que la situation ne soit pas plus... Raffinée. Je n'avais plus qu'à me contenter de ce que j'avais, et pour l'instant, mon unique soucis était de demeurer assis sur ce lit, parfois secoué par le flot saccadé qui bouillait en moi pour figurer en véritable éruption, comme si j'étais devenu un quelconque volcan. Une catastrophe naturelle. Quelle belle image.

Mon calvaire prit finalement fin, ma salvatrice y coupant court par quelques gouttes miraculeuses qui stoppèrent instantanément le déluge. Abasourdi, je demeurais immobile, toujours dans la même position, mes mains posées sur mes jambes allongées sur le lit désormais teint de ce rouge assez immonde. Incrédule, même mes yeux semblèrent perdre toute animation, comme si la potion m'avait pétrifié. J'inspirais doucement, comme si je redoutais une nouvelle vague de rougeurs à la moindre provocation de bonne santé. Mais... Rien. Ces minimes gouttes avaient tout résolu, en un éclair. Et la pensée que quelques rares sorciers pouvaient la concocter me donna en quelque sorte des ailes. Ce flacon devait valoir une petite fortune, tel un bézoard liquide, mais davantage puissant. Je me sentais désormais honoré d'avoir eu droit à ces quelques gouttes, comme d'avoir été sauvé par elle, par cette fascinante femme qui s'écrasait sur sa chaise, pliant sous le poids des émotions passées. Je l'apercevais à peine, fixant ce vide devant moi. Je lui étais désormais redevable, comme j'étais parvenu à m'ancrer à tout jamais dans sa mémoire, ou du moins, jusqu'à demain. Ce demain, ce fameux demain, ce même demain dont m'évoquait Cohnaan lorsque j'étais plus jeune. La voix d'Elizaveta me parvint doucement, comme un écho légèrement assourdit par mon état de choc. J'avais le sentiment d'être plongé dans une autre dimension, perdu entre le monde de mes pensées et celui des réalités. A mi-chemin entre les nuages et la Terre.

L'ambiance décorée par mes propres soins s'évanouit soudain sur les plusieurs coups de baguette magique de mon interlocutrice qui s'efforçait à donner un air plus présentable et surtout hygiénique à son domaine. Le plancher devint immaculé, les quelques gouttes sur les meubles s'annihilèrent, les charpentes métalliques du lit reprirent leur couleur initiale. Seul les matières textiles conservèrent la marque du désastre. Je refermais doucement ma main sur le liquide chaud non-identifié, mais dont pourtant je ne souhaitais guère connaître la composante tout de suite. J'étais mitigé entre la colère et la honte, mais surtout, dans l'absence de savoir comment réagir, je me contentais de ne plus bouger, comme si par ce simple procédé, j'implorais que l'on m'oublie, paradoxalement. Je me concentrais simplement sur ma respiration, le vide se faisant imposant dans ma tête. Aucune voie ne se dessinait, je semblais voué à l'impassible, à l'immobilité, à la cruelle absence de spontanéité. Je percevais quelques mots qui me firent vite deviner, avec la matérialisation du traditionnel pyjama anglais, qu'elle me garderait pour la nuit. Je clignais des yeux, posant mon regard sur le tas immaculé, toujours aussi passif.

« Enfile ça, je vais signaler au directeur que je vais avoir un pensionnaire et que tu es exempt de devoirs. Inutile que tu te fatigues davantage… »

Des devoirs... Mon cerveau finit par réagir et me redonner « vie » à ce simple terme. Je levais les yeux vers elle, dont deux petites gouttes demeuraient toujours sur son visage pâle, jurant avec ses cheveux de braise. Je retins un sourire, des mots résonnant dans ma tête, dont pourtant le souffle semblait dépossédé tellement j'étais encore surpris par la beauté de la jeune femme, et surtout, de la proximité de cet ange providentiel que l'on m'offrait si gracieusement. Je croisais son regard, m'y noyant tout l'instant qu'elle m'accordait, et finissais par articuler d'une voix pâle, perplexe ainsi que quasiment inaudible, tandis qu'elle détournait le regard :

« On est vendredi. »

Je plantais sans retenue mon regard sur son visage, bien que celui-ci n'était pas réellement doté d'une quelconque émotion. Je réfléchissais simplement, et tout en ayant posé cette question, je me questionnais si l'on était vraiment vendredi ou si je perdais la tête. Et pire, si je devais rester la nuit à l'infirmerie – bien que c'était une véritable utopie, de posséder l'utopie de dormir à si peu de mètres des appartements réservés à l'infirmière – qui nourrirait Miétek et Löthar, mon chat ainsi que mon rat – qui s'entendaient à merveille, aussi étonnant cela puisse paraître - ? Qui les rassurerait ? Qui leur donnerait toute l'affection et l'attention qu'ils avaient besoin chaque jour ? Qui les rassurerait vis-à-vis de ma longue et première absence ? Je déglutis. Mes sœurs s'en occuperont sans doute, en particulier Bonnie et Maïa qui savaient combien ces animaux étaient cruciaux à mes yeux. Presque vitaux.

Un sourire étira doucement ses somptueuses lèvres. Tel une étoile filante dans un caniveau, il m'infligea ce genre de choc électrique, ce coup de foudre qui n'en est qu'un nécessaire, cette pulsion qui fait battre votre cœur si fort que vous vous en surprenez vous-même, vos côtes se plaignant de cette brusque perturbation. Dépendant, je ne pouvais me résigner à quitter du regard ce sourire, qui m'emplissait de chaleur, de bonheur, comme jamais rien sur cette planète n'avait su le faire. Elle m'était comme une source, comme une déesse dont le culte me procurerait ce fameux élixir de la béatitude. Mais bientôt, ses lèvres s'entrouvrirent, brisant à tout jamais ce sourire unique, cette pièce du puzzle qui manquait à ma raison de survie continuelle ici, m'abandonnant néanmoins aux mythes de l'amour éternel. Cette impression sans doute névrosée, de croire à corps perdu que notre premier amour est le véritable. L'irremplaçable, le seul, l'unique. Qu'il est celui touché par la pureté et la grâce des dieux. La première chance, le bonheur offert qu'à unique reprise, dont l'expérience fait cruellement défaut. Mais cette femme, quoi qu'il advienne de ses sentiments, quoi qu'il advienne de mon existence, je me faisais la promesse de l'idolâtrer à l'infini du ciel bleu. Une rupture cristalline, dont les mots générés brisèrent le silence parfait :

« Ne me fais plus peur comme ça, d’accord ? »

Mes pupilles cherchèrent les siennes, pour s'y couver un moment, avant de se fondre dans l'étoffe toujours rougie de ma robe de sorcier. Tête baissée, je contemplais mes mains dont le liquide avait déjà séché, et répliquais, d'un ton sincèrement navré :

« Pardon. »

Elle disparut, en quête d'aller prévenir le Directeur de ma présence cette nuit à l'infirmerie du collège Poudlard, et je profitais de ne plus poindre dans son champs de vision pour m'évader – de manière étonnamment rapide, moi qui m'imaginais chanceler voire ramper coûte que coûte - à côté d'un lavabo pour débarrasser mes mains de cette hideuse texture craquante. Sous l'eau, elle reprit immédiatement son aspect liquide et sembla gagner en volume, avant de disparaître pour de bon dans les canalisations du château. Je levais les yeux devant le petit miroir, en profitant pour débarbouiller mon visage des traces rougeâtres, me laissant vite en face d'un moi-même des plus ordinaires, bien que livide. Ordinaire, voilà le problème. J'étais horriblement commun. Je soupirais, si je pouvais au moins avoir l'apparence de quelqu'un d'autre, quelqu'un qui lui plairait, quelqu'un qu'elle prendrait au sérieux ne serait-ce que l'espace de quelques millièmes de secondes. Quelqu'un qui n'était pas qu'un vulgaire adolescent de seize ans qui est sensé ne rien connaître de la vie. Piètre a priori. J'étais certain en savoir plus sur ce que peut nous réserver l'existence que beaucoup ici. J'ôtais ma robe de sorcier avec une passagère amertume et revêtit le pyjama, avant de jeter un coup d'œil furtif au restreint périmètre que j'avais occupé, de crainte d'oublier quelque chose sur mon passage. Mon regard se stoppa sur la plante qui semblait me dévisager, aussi curieux cela puisse paraître venant d'un végétaux. Je fixais la tête de l'être vivant, le visage ferme. Je n'avais en ma possession aucune photographie de ma défunte mère sans une de ses plantes chéries aussi farfelues les unes que les autres. Cela avait-il provoqué en moi une certaine acidité envers toute forme de gazon ? Probablement. Des jours où je voulais oublier son décès, ces végétaux apparaissaient comme de vifs moyens de mémorisation qui m'envoyait dans une spirale infernale de tristesse et haine. Cette plante, quel que fut son nom stupide, je savais l'avoir déjà vue. De plus, j'étais certain que mon frère aîné avait hérité d'une de ses filles. C'était puéril de nourrir autant de jalousie et de frustration, et probablement cela m'éloignait de la maturité de l'âge adulte... Peut-être devrais-je... J'approchais prudemment une main du pot de terre où résidaient les racines de l'être, et m'arrêtais à mi-chemin, ma main se formant rapidement en un poing serré, que je finis par baisser, respectueux. Je déposais une main sur mon front, le massant doucement, comme si j'espérais naïvement assassiner les souvenirs par ce procédé et m'orientais vers le lit, m'y asseyant, soupirant, mains contre le front, luttant contre la fatigue ainsi que cet envahissant manège qui m'enlaçait depuis mon entrée dans l'infirmerie.

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elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyDim 21 Nov - 14:05

      LEWIS – « On est vendredi. »


    L’effet de sa phrase fut immédiat. La jeune femme s’empourpra doucement, plissant les lèvres et cherchant un endroit où poser le regard. Evidemment. Par conséquent elle n’avait nul besoin de le dispenser de devoirs. Intérieurement, elle se maudit d’être aussi sotte. Mais qui pourrait lui en vouloir ? Les jours se succédaient sans évènement notable – jusqu’à aujourd’hui. Il n’était donc pas étonnant qu’elle en vienne à perdre la notion du temps… Elizaveta esquissa un sourire sans joie, peu fière d’avoir dit pareille bêtise.

      ELIZAVETA – « Je suis désolée, c’est vrai ; ça m’était sorti de la tête. Il faut quand même que je prévienne le directeur de ton absence au repas de ce soir. »


    Se servant de cette excuse pour se réfugier dans son bureau, elle en profita pour laisser échapper un chapelet de jurons russes. Il devait la prendre pour une sombre crétine incapable de différencier les jours de la semaine et qui, en plus, se laissait aller à une sympathie débordante avec un adolescent dont elle ne connaissait rien. Sans doute la trouvait-elle trop envahissante, après tout ? Ce ne serait ni la première, ni la dernière fois qu’on lui ferait ce genre de réflexion. Ses yeux pensifs tombèrent sur ses mains constellées de tâches rouges, ce qui lui arracha une grimace peu gracieuse. Cela ne prit qu’une petite minute pour qu’elle se débarrasse agilement de cette saleté qui recouvrait sa peau à l’aide de son lavabo personnel. Elle en profita pour se nettoyer le visage et se rafraîchir. Ses pommettes écarlates retrouvèrent peu à peu leur couleur habituelle, laissant sur son visage un air pâle, presque maladif. Des souvenirs lui revinrent en mémoire, des soirées passées près de l’âtre brûlant à contempler les flammes dansantes, des mines inquiètes rivées sur elle. On l’avait souvent pensée fragile à cause de son teint diaphane. Pourtant, sa santé de fer ne lui avait jamais manqué. Les seules fois où la maladie s’était emparée d’elle se comptaient sur les doigts d’une unique main. Deux fois. L’une causée par le surmenage qui découlait des longues heures passées à étudier et l’autre…

      Monsieur le Directeur,

      Je me dois de vous informer de la présence de Lewis…


    Elle s’interrompit, plume en l’air. Une goutte d’encre noire vint tâcher le parchemin sans qu’elle n’y fasse attention. Quelle incompétente elle faisait ! Elle ne lui avait même pas demandé son nom de famille ! Comment pourrait-elle prévenir le directeur si elle ignorait ce point relativement important ? Elizaveta inspira profondément, résistant à l’envie de pincer les lèvres – chose qu’elle faisait dès qu’elle était contrariée – et s’empara du lourd grimoire qui était posé sur un coin de son bureau. Sur chaque page, des dizaines de photos d’élèves bougeaient. Ils se demandaient pour quelle raison l’infirmière se retrouvait à feuilleter le dossier regroupant les étudiants de Poudlard… Ses longs doigts fuselés s’arrêtèrent au chapitre concernant les nouveaux venus de Salem et, plus précisément, sur la photo qui accompagnait la légende inscrite en-dessous : Lewis Elisud Callahan, sixième année. Dans son minuscule cadre, le jeune américain fuyait son regard, n’hésitant pas à disparaître totalement en sortant par la gauche afin de rejoindre les autres membres de la fratrie Callahan, quelques lignes plus haut. Il finit par s’immobiliser près de Maïa Kalliopê, une belle fille d’environ dix-sept ans qui dardait sur lui un regard réprobateur. Elle s’interposa juste assez pour couvrir l’image de son frère, et afficha un sourire satisfait. Non loin d’elle, deux autres filles secouaient doucement la tête. Elza referma subitement le livre, coupant court à la curiosité dévorante qui s’emparait d’elle dès qu’elle regardait les photos. Chez les sorciers, elles étaient dotées du même caractère que le modèle original et cela provoquait chez la belle une fascination aussi subite qu’improbable.

      Monsieur le Directeur,

      Je me dois de vous informer de la présence de Lewis Elisud Callahan, élève de sixième année venant de Salem, à l’infirmerie. Suite à un accident s’étant déroulé pendant le cours de Potions il s’est retrouvé avec d’importantes brûlures et autres symptômes pour l’instant indéfinis. J’ai donc pris la décision de le garder en observation cette nuit. Serait-il possible que les elfes de maison s’occupent de son familier, s’il en possède un ?

      Cordialement,
      Mlle Malinovski.

    Un coup de baguette suffit pour effacer la trace laissée par la goutte d’encre. Elle relut les quelques mots qu’elle venait de tracer de son écriture ample et ronde, avant de l’enrouler, refermant ensuite la missive à l’aide d’un sortilège et la confiant à une chouette hulotte posée près de sa fenêtre. L’animal changeait chaque jour, ce qui lui permettait de disposer d’un moyen de communication fiable et rapide. Elizaveta passa une nouvelle fois une main dans sa chevelure rousse, jeta un bref coup d’œil à sa Grammostola rosea qui somnolait dans sa cage aux parois de verre et poussa finalement la porte pour pénétrer dans le dortoir. Elle savait avoir laissé suffisamment de temps à l’adolescent pour se changer et reprendre place dans le lit… la seule chose qu’elle n’avait pas prévu était de le trouver face à une plante, le regard presque dur. Elle s’immobilisa soudainement, comprenant qu’en surgissant dans son dos sans prévenir elle risquait de l’effrayer, et se racla le plus bruyamment possible la gorge. Dès qu’il se tourna vers elle, un sourire fendit ses traits harmonieux, donnant à son visage un air lumineux.

      ELIZAVETA – « C’est de l’ellébore. C’est relativement vénéneux, alors tâche de ne pas trop y toucher. Difficile à croire qu’une telle plante entre dans la composition du Philtre de Paix, n’est-ce pas ? »


    Penchant la tête, elle s’autorisa un rire bref. Faire la conversation était son moyen personnel de cacher le malaise qu’elle pouvait ressentir. Inutile de préciser qu’elle ne s’était pas remise de sa bourde de tout à l’heure…

      ELIZAVETA – « Le Directeur est prévenu, je lui ai demandé s’il pouvait faire en sorte que les elfes s’occupent de ton animal… si tu en as un. En attendant sa réponse, je vais te demander de me dire ce que tu aimerais manger. Puisque tu vas passer la nuit ici, je pense te tenir compagnie au moins pendant le repas… Enfin, si tu te sens assez bien pour manger… »


    Ses iris bleutés vinrent chercher les siens, laissant le silence s’installer tandis qu’elle guettait sa réponse.
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Lewis E. Callahan
Lewis E. Callahan

⊰ PARCHEMINS : 114
⊰ INSCRIPTION : 07/11/2010
⊰ CRÉDITS : .Reed
⊰ ÂGE RPG : seize ans
⊰ PSEUDO : addie
⊰ COMPTE DE GRINGOTTS : 9167

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MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyLun 22 Nov - 5:11

« Bien, tout semble en ordre ».

Sous l'œil précis de mon père, Cohnaan et Bonnie grimacèrent légèrement, n'étant guère amoureux de cette manie qu'il avait d'examiner chacun de ses enfants après un séjour chez leur mère, comme s'il craignait qu'elle leur ait inculqué certains maux visibles. Cohnaan tendit son blouson à Bonnie qui le revêtit avec grâce bien qu'à contrecœur. Comme à chaque visite chez notre mère, aucun de nous trois souhaitaient retourner chez notre père, après un si bref séjour. On adorait la vie chez notre géniteur, là n'était pas la question. Cependant, nous ne pouvions nous empêcher d'adorer notre mère et de ressentir ce vide béant dès que l'on passait plusieurs mois consécutifs sans la revoir. Alors que mon aîné enlaçait autour de son cou un foulard que notre mère lui avait offert pour son anniversaire, la voix de notre père s'étonna :

« Oh, mais non. Il manque Lewis. Où est votre frère ? »

Après un regard interrogatif de la part de mes deux aînés, mon père fusilla ma mère du regard qui se contenta de hausser les épaules avant de partir dans une de ses nombreuses pièces consacrées à une certaine variété de plantes. J'étais discret, voire parfaitement invisible, personne n'aurait remarqué mon absence avant un certain moment. D'ailleurs, l'on avait tendance à souvent m'oublier, aussi affreux cela puisse paraître. Et même âgé de trois petites années, j'étais assez silencieux pour me défaire du regard méticuleux de mon père en vue de m'évader dans une des pièces de la maison. Devant moi, la fameuse « plante magique ». Celle que je préférais entre toutes, bien que ma mère refusait catégoriquement que j'y touche seul. Mais comment freiner la curiosité d'un gamin ? L'ellébore se mouvait au gré du vent dans son pot de terre, et poussant quelques caisses en carton, j'érigeais un escalier bien précaire jusqu'à la plante. A la hauteur du végétal dont les bourgeons demeuraient solidement fermés à cette heure de la journée, je tendais un de mes fins doigts vers une des tiges, me stoppant lorsque la porte s'ouvrit à la volée. Ma mère jeta un coup d'œil à l'assemblage de cartons sans y voir le moindre danger et se posta à mes côtés, les yeux étincelants de fierté. Mon doigt effleura une partie de l'être endormi, la laissant au contact tomber mollement contre le dos de ma main, les fleurs d'un blanc nacré apparaissant néanmoins spontanément.

« Mon petit génie plein de malice ».

Ma mère m'attrapa violemment, me chavirant dans ses bras, laissant les cartons s'effondrer lamentablement tandis qu'elle me couvrait de baisers sans ménagement. La botanique devait être son unique passion, ses végétaux ses grandes fiertés. Son rêve devait sans doute être de nous offrir toutes ses connaissances et voir le partage de sa passion s'exécuter entre ses enfants, et qu'ils deviennent meilleurs qu'elle en la matière, si cela fut possible.

« C’est de l’ellébore. C’est relativement vénéneux, alors tâche de ne pas trop y toucher. Difficile à croire qu’une telle plante entre dans la composition du Philtre de Paix, n’est-ce pas ? »

L'ellébore, je me remémorais sans difficultés les quantités de faits aussi falsifiés que véridiques de ma mère à son sujet. La plupart devait relever des mythes ou de ses songes un peu dingues. Néanmoins, j'avais apprit les propriétés de ce genre de plantes dans mes manuels de botanique, étant résolu à ne pas amasser de piètres notes au collège et provoquer ainsi la froideur de mon paternel. L'ellébore figurait donc un traitement contre la paralysie comme la folie. Néanmoins, plusieurs d'entre elles provoquaient sans ménagement des vertiges jusqu'aux arrêts cardiaques. Pour la petite touche d'histoire, il paraîtrait qu'Alexandre le Grand serait mort d'une overdose de cette plante, et qu'elle fut utilisée par les sorcières pour invoquer les démons. Exécutant le même mouvement de dans mes jeunes années, la plante démontra de petites fleurs pourpre violacée presque noires, l'intérieur d'un vert émeraude. Son feuillage fin, denté et caduc confirmait la théorie qu'il s'agissait d'une variété de purpurascens, originaire d'Europe de l'est. Je retirais doucement ma main, articulant :

« Purpurascens. C'est la vôtre ? »

Je me retournais, me rendant compte que j'avais fait preuve d'une assez grande provocation et malpolitesse dans mon moindre geste. Moi qui était d'ordinaire docile tel un agneau et obéissait au doigt et à l'œil, voilà que je faisais preuve de ce qui semblait un profond affront à mes yeux. J'ajoutais, espérant alléger la probable exaspération que j'aurais pu imposer à ma vénérable interlocutrice :

« Pardon, c'était... Spontané. »

Je croisais les bras, comme si j'espérais par ce geste assez anodin empêcher mes doigts de tripoter davantage l'ellébore, détournant instantanément le regard, honteux.

« Le Directeur est prévenu, je lui ai demandé s’il pouvait faire en sorte que les elfes s’occupent de ton animal… si tu en as un. En attendant sa réponse, je vais te demander de me dire ce que tu aimerais manger. Puisque tu vas passer la nuit ici, je pense te tenir compagnie au moins pendant le repas… Enfin, si tu te sens assez bien pour manger… »

Je grimaçais imperceptiblement. Manger. Mon estomac était aussi creux qu'un cratère, en ce moment même. Alors imaginer avaler le moindre aliment. Néanmoins, je connaissais ce genre de questions qu'on pourrait presque considérées comme maternelles. Dire que l'on a pas faim résumerait d'un probable malaise ce qui pousserait la curiosité de la personne étant jugée être celle qui devrait alléger vos maux. Ainsi, sans vouloir l'être, la réponse n'avait qu'un choix sans larges conséquences. Si ce n'est celle du dégoût de la nourriture.

« Je ne suis pas difficile. Du moment qu'il n'y a pas de banane... »

Croyez-le ou non, j'avais découvert qu'en Angleterre, ils prenaient un malin plaisir à placer ce fruit maudit dans la composition de plats « principaux ». J'avais tendance à éviter les desserts pour ne pas croiser cet aliment, mais voilà qu'ici, il pouvait être placé à toutes les sauces, ce qui se métamorphosait vite en bien mauvaise surprise pour ma part. Enfin, jusqu'à présent, j'étais parvenu à survivre, ayant toujours un membre de ma famille qui s'intriguait aussi bien que moi de trouver des fruits dans ce genre de plats. J'ajoutais sincèrement, vis-à-vis de sa demande pour la prise en charge de « mon » animal de compagnie, bien que j'en avais plusieurs, le second étant placé comme possession de ma sœur par une sorte de fraude assez maline. Mais inutile qu'elle en soit au courant, Löthar trouverait bien la sollicitation de Lily pour de gros morceaux de patacitrouille ou autre. De quoi le retrouver doublé de volume à mon retour aux dortoirs.

« Merci beaucoup. »

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elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyMer 1 Déc - 9:47

    La question qu’il lui posa arracha un sourire étonné à la jeune femme. Personne ne s’était jamais intéressé à elle, de près ou de loin. Sauf le directeur. Elle n’était qu’une infirmière un peu bizarre, venant de Durmstrang et qui semblait bien trop jeune pour être compétente. Alors comment devait-elle interpréter l’attention que Lewis lui portait ? Etait-il fasciné par la botanique, en réalité ? Cela lui semblait peu probable mais elle avait appris à ne jamais porter de jugements hâtifs sur quelqu’un. Or, ce jeune homme semblait indéniablement … imprévisible. La jolie russe hocha doucement la tête, coulant un bref regard bleuté vers la plante en pot. Elle avait acheté les graines en Russie sur un coup de tête, les avait laissées dans ses bagages pendant des jours avant de finalement tomber dessus par le plus pur des hasards. Elle n’avait jamais réellement eu la « main verte », aussi ne s’attendait-elle pas à voir l’ellébore pousser aussi vite et devenir si résistante en un rien de temps. Les longues tiges s’étaient développées à une vitesse déconcertante, laissant les bourgeons éclore et devenir aussi gros que son pouce. Finalement, la plante s’en sortait mieux qu’elle. Il ne lui avait fallu que quelques courtes semaines pour s’épanouir totalement à l’aide de l’engrais magique et des soins réguliers que l’infirmière lui apportait. Alors qu’Elizaveta, elle, demeurait aussi fermée qu’une huître. Elle n’avait lié que très peu d’amitié, passait la majorité de son temps enfermée dans son bureau ou dans sa chambre, et subissait sans protester les rumeurs qui couraient à son sujet. « Laisse-les dire. » était sa phrase fétiche lorsqu’elle n’était encore qu’une pauvre adolescente réfugiée dans ses imposants bouquins. Les rares fois où ses frères tentaient de démentir les ragots, ils se retrouvaient face à un mur de glace. Elle n’avait cure de ce qu’on disait sur elle. Peu lui importait qu’on la dise froide, sournoise ou tout simplement folle. Bien sûr, cela ne plaisait pas à sa sœur aînée qui devait se pensait que se tailler une réputation en or était le but des études… Il faut dire que le fait qu’on lui rabâche sans cesse les oreilles avec les exploits de sa cadette tout en soulignant son caractère particulier n’était pas forcément pour lui plaire. La rouquine avait vite compris qu’elle n’était pas réellement la bienvenue, même dans sa famille – sauf auprès de son père bien qu’elle ait toujours soupçonné qu’il la comparât en secret à sa défunte mère moldue.

      LEWIS – « Pardon, c’était… Spontané. »
      ELIZAVETA – « Tu n’as pas à t’excuser d’éprouver des sentiments ou de vouloir dire des choses. C’est naturel. » un rictus désabusé s’empara de ses lèvres « Enfin, c’est ce qu’on dit. Je ne sais pas si ça l’est vraiment… Tout ce que je veux que tu saches, c’est que tu n’as rien à te faire pardonner. Et puis le fait que tu sois spontané n’a rien de mauvais, au contraire. »


    Elle parlait beaucoup trop, elle en était consciente. Entre Lewis-celui-qui-parle-peu et Elza-celle-qui-dit-tout-ce-qui-lui-passe-par-la-tête, la soirée promettait d’être intense. Et pleine de rebondissements.

      ELIZAVETA – « Je n’aime pas vraiment les bananes non plus… ce n’est pas l’aliment principal qu’on peut trouver dans nos assiettes, en Russie. Ici, c’est le contraire. Je crois que j’en ai mangé assez pour ces dix prochaines années. »


    Un bref rire ponctua la fin de sa phrase. Elle adressa un doux sourire accompagné d’un clignement d’œil à l’américain, lui expliquant que ce n’était vraiment rien. Elle-même aurait aimé que l’on pense à son animal de compagnie… Quoi que ce genre de procédé n’avait pas cours à Durmstrang. Les professeurs et le directeur n’en voyant pas l’utilité, les élèves n’avaient pas le droit d’emmener des bêtes à l’école. Les chouettes appartenaient au collège, et cela suffisait amplement. Pas de rat, pas de chat, rien d’autre que les longs couloirs sinueux et froids. C’est sûr qu’à en parler comme ça, on pouvait croire qu’Elizaveta avait passé là-bas les pires années de sa vie, mais ce serait mentir que de le prétendre. C’était juste un passage obligatoire, qui lui avait permis de s’échapper de l’imposant manoir où elle passait toutes ses vacances. Trop de souvenirs s’y étaient attardés depuis le décès de sa mère. Trop de tristesse.

      ELIZAVETA – « Je ne suis pas aussi bonne cuisinière que les elfes de maison, mais je pense que ce sera mangeable. Néanmoins je ne t’en voudrais pas si tu n’arrives pas à terminer ton assiette. » plaida-t-elle avec un sourire contrit.


    Elle aurait pu claquer des doigts, faire apparaître deux-trois petits êtres sur pattes et leur demander de ramener tel ou tel plat qu’ils avaient sûrement déjà préparé pour le repas de ce soir, mais elle avait sa fierté. Si l’on peut appeler ça ainsi.

      ELIZAVETA – « Tu ferais mieux de t’allonger, par contre. Je n’ai pas envie que tu t’évanouisses pendant que j’aurais le dos tourné… »


    La jeune femme retourna ensuite dans son bureau, les sourcils froncés. Elle réfléchissait à vive allure. Que devait-elle « cuisiner » ? Le mieux aurait sans doute été de faire quelque chose qui tienne au corps, mais qui ne soit pas trop lourd. Une soupe, par exemple. Mais d’un autre côté elle se doutait qu’un tel plat n’avait rien d’appétissant. Peut-être autre chose, alors… Du hachis Parmentier ?

      ELIZAVETA – « Je n’aurais jamais pensé que faire à manger serait aussi difficile… surtout que je n’ai même pas commencé la préparation. » murmura-t-elle en russe.


    Posant sa baguette d’ébène sur une pile de livres qu’elle n’avait toujours pas consentit à ranger, elle se passa les mains dans les cheveux. Se saisissant d’un petit pot creux, elle s’approcha du vivarium dans lequel elle conservait une grosse araignée velue. Cette dernière agita ses deux premières pattes, tapotant légèrement le verre incassable de sa cage avant de se reculer avec une vivacité surprenante. Les pucerons que la sorcière fit tomber dans sur l’imposante toile de soie se débattirent jusqu’à ce que le prédateur les enferme dans un cocon nacré. Elizaveta se détourna, pinçant les lèvres. Non pas qu’elle soit dégoûtée par la façon dont l’animal se nourrissait, mais plutôt parce qu’elle n’aimait pas la regarder dévorer vivantes ses proies. Sûrement son côté « infirmière » qui ressortait. Elle expulsa l’air qui lui restait avant de reprendre sa baguette. Les sortilèges qu’elle lança mirent quelques instants avant de marcher, comme s’ils flottaient dans l’atmosphère en attendant de voir s’ils allaient obéir ou pas. Puis, finalement, deux portions de hachis Parmentier vinrent prendre place dans des assiettes immaculées elles-mêmes posées sur des plateaux. La magie ne crée rien, aussi les cuisines allaient manquer de viande et d’autres aliments ce soir. Mais elle doutait que ce léger emprunt ne produise beaucoup de problèmes. Les elfes de maison étaient doués pour s’accommoder du peu qu’ils avaient. Elle rangea la baguette dans l’une des poches de son uniforme après avoir lancé un sort de lévitation sur les plateaux, et poussa la porte du bureau pour rejoindre l’élève qui l’attendait patiemment. Ou pas.

      ELIZAVETA – « Ce sera du hachis Parmentier. J’espère que tu aimes… »


    De longues tiges poussèrent en-dessous du plateau réservé au malade, permettant ainsi à ce dernier de manger en position assise sans avoir à se soucier du reste.

      ELIZAVETA – « Et si ce n’est pas aussi bon que ça en a l’air, j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur ; j’ai beau avoir fait des études de Médicomage, cela ne fait pas de moi une parfaite cuisinière. »
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Lewis E. Callahan
Lewis E. Callahan

⊰ PARCHEMINS : 114
⊰ INSCRIPTION : 07/11/2010
⊰ CRÉDITS : .Reed
⊰ ÂGE RPG : seize ans
⊰ PSEUDO : addie
⊰ COMPTE DE GRINGOTTS : 9167

elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel _
MessageSujet: Re: elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel elza&lewis ♦ innocence déchue pour manège mortel EmptyDim 12 Déc - 6:56

J'observais l'ellébore avec tant d'intensité que probablement si mes iris avaient été dotées de lance-flammes, le pauvre végétal serait aussi calciné que la manche de ma robe de sorcier, à l'instant actuel. Il s'était avéré difficile de cacher mon aversion pour la botanique durant mes années scolaires ainsi que les quelques années perdues précédant ma première intégration à Salem. Autant j'avais pu apprécier cette science, autant je m'étais montré comme quelqu'un aussi ouvert avec les animaux ou les plantes mais indéniablement clos aux êtres humains, autant le lien que j'entretenais avec le monde vert s'était refermé avec le décès de ma mère. Trop de souvenirs. Trop de rancœur. Je m'efforçais de m'interdire d'y penser, car je me savais assez imaginatif pour inventer tous les scenarii possibles, à ternir l'opinion que j'avais de ma famille à mes propres dépens, tournant dans un masochisme implacable mes rares souvenirs comme de vrais cauchemars emplis de sous-entendus aussi acerbes les uns que les autres. Ainsi, valait-il mieux fuir ce qui nous heurte sans retenue, suivre un instinct de conservation minime.

Toutefois, comment aurais-je pu ne pas éprouver de la sympathie, voire un minimum de gratitude, envers cette variété d'ellébore lorsque j'aperçus deux lapis lazulis couler vers cette-dernière. Deux joyaux perçants dans l'atmosphère de l'infirmerie, si intenses et cruciaux à mes yeux que même si cette image n'avait duré qu'une seconde à peine, la couleur de ses yeux, l'émotion logée dans son regard, demeurait encrées dans ma rétine, tenace, bien qu'à chaque clignement d'yeux, je perdais un peu plus de couleur, un peu plus de sensation, un peu plus d'elle. Voguant dans ce qui paraissait s'approcher à un éventuel univers parallèle, je demeurais figé, comme perdu, tel un pantin dont soudainement les ficelles s'étaient relâchées et ne savait quoi faire de cette immense liberté qui s'offrait à lui. Clignant les yeux une nouvelle fois, annihilant l'éclat bleuté qui résidait jusqu'alors dans ma mémoire visuelle, je baissais les yeux sur la plante, ne trouvant meilleure solution en vue de voiler mon indécente distraction.

Voilà que cette fichue excroissance de gazon reprenait une place important à mes yeux. Je ne pouvais me leurrer, tel un mauvais jeu du destin, l'ellébore rejouait les mêmes vieilles notes. Si cette fois-ci ce n'était pas ma mère que j'avais toujours admirée, il s'agissait de l'infirmière de laquelle j'étais complètement fasciné. Dépité, résigné, je fixais un bourgeon, un mauvais pré-sentiment m'envahissant. Et si cela n'était qu'un signe ? Et si cela n'était qu'un vil hasard, pourtant bien recherché, qui n'aurait pour ultime voie de me faire rejeter toutes mes amertumes sur ces plantes innocentes mais assez malchanceuses pour n'être que présentes lors de ces formidables événements ? Et si alors ne composait-elle qu'en un vulgaire signe de lâcher prise ? D'apprendre des erreurs passées pour lutter contre ces ouragans d'admiration et d'affection dévastateurs de ma sérénité puis mon impassibilité ? Et si n'était là qu'un message rimant avec une situation vouée à l'échec, des rêves imbéciles abrutis par un garçon pas si terre-à-terre que ça, bien malheureusement un peu trop optimiste, guettant une certaine clémence de la part du Destin.

« Pardon, c’était… Spontané. »

Les bras croisés, comme si j'espérais ne pouvoir commettre un autre de ces gestes maudits. « Spontané » était loin d'être quelque chose de très judicieux à mon égard. Il dénotait d'un manque de réflexion flagrant, et régissait bien souvent pour ma part un grand embarras, comme au moment même. Je fixais la plante, tentant de la juger responsable bien que je savais pertinemment que j'étais l'unique être à blâmer pour mes gestes. Le seul à accuser pour se sentir si libre en sa présence, de se sentir quelqu'un d'autre, quelqu'un qui ne doit pas forcément prouver sa valeur, mais juste démontrer qu'il en a une. Toutefois le ridicule revenait au galop, et j'entendais les mêmes racontars, les mêmes mœurs. La stupidité m'enlaçait à m'étouffer d'avoir tant d'illusions à l'adresse de cette magnifique jeune femme qui était sans doute hors de ma portée. Comment pouvais-je oser en espérant tant ? Comment mon esprit pouvait-il s'avérer aussi tordu, encore une fois ? Pourquoi ne pouvais-je pas être quelqu'un de normal, quelqu'un d'habituel, qui serait tombé amoureux non d'un personnel de son école de sorcellerie, mais d'une élève de son âge, en toute légitimité, en toute normalité. Rien à faire sourciller, rien à faire regretter. Quelque chose d'acceptable, quelque chose qui n'a nul besoin d'être dissimulé aux yeux de quiconque y comprit la principale intéressée.

Mais lorsque je pouvais mentir à n'importe qui pour préserver mes secrets, j'étais inapte à me voiler la face. Je ne pourrais tarir ces sentiments d'un seul coup, je ne pourrais me résoudre à en aimer une autre, alors qu'elle demeure l'unique être sur Terre de laquelle je souhaiterai être proche, ne serait-ce qu'une minute de plus. La seule âme qui m'appelle, le seul regard qui me transperce si brutalement, le seul corps qui m'envoûte. N'était-elle pas celle qui avait éveillé en moi toutes ces notions d'amour et d'affection que j'avais scellé, voire bannis, depuis bien longtemps ? Ainsi aurais-je l'impudence d'imaginer que cela possédait un quelconque signe, que cela pouvait conduire à un chemin bien moins ténébreux et surtout court que ceux que la banalité désirait m'imposer ?

« Tu n’as pas à t’excuser d’éprouver des sentiments ou de vouloir dire des choses. C’est naturel. Enfin, c’est ce qu’on dit. Je ne sais pas si ça l’est vraiment… Tout ce que je veux que tu saches, c’est que tu n’as rien à te faire pardonner. Et puis le fait que tu sois spontané n’a rien de mauvais, au contraire. »

Je gardais le silence, les bras toujours solidement croisés contre mon torse, comme si ma vie en dépendait. Comme s'ils pouvaient atténuer les martèlement de mon cœur contre ma cage thoracique et empêcher Elizaveta d'entrevoir ne serait-ce qu'un dixième de ce qu'elle invoquait en moi. Comme si j'espérais retenir mon palpitant, lutter contre moi-même pour entrer dans ce satané moule qui clame que c'est mal. Mal. En quoi ose-t-il caractériser cela de Mal, tandis qu'il n'y a rien de plus... Spontané...

Je réprimais un sursaut tandis qu'un bref rire réchauffait d'un coup l'infirmerie, ou du moins, me faisait prendre conscience qu'elle n'était pas si austère. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire que je tentais d'imprimer dans les souvenirs les plus précieux de mon cerveau pour l'éternité, cependant celui-ci devint vite contrit.

« Je ne suis pas aussi bonne cuisinière que les elfes de maison, mais je pense que ce sera mangeable. Néanmoins je ne t’en voudrais pas si tu n’arrives pas à terminer ton assiette. Tu ferais mieux de t’allonger, par contre. Je n’ai pas envie que tu t’évanouisses pendant que j’aurais le dos tourné… »

Je comptais ses pas jusqu'à son bureau où elle disparut et m'orienta, docile, jusqu'au lit sur lequel mon troll de camarade de classe m'avait déposé quelques temps auparavant. Je m'interrogeais sur la réaction de mes sœurs lorsqu'elles remarqueront que je ne serais pas au dîner. Probablement avaient-elles déjà eu vent de mes mésaventures ? Si tel était le cas, j'imaginais déjà Maïa chercher un coupable pour le dévisager le temps d'une semaine ou deux. Mes lèvres réprimèrent un rictus qui devait s'apparenter à la base à un léger sourire vis-à-vis cette pensée tandis que je baissais les yeux sur mon poignet découvert de la manche du haut de pyjama légèrement rougit par les péripéties précédentes. Les minutes s'écoulèrent, éternelles, alors que j'essayais non sans difficultés de croire que le Temps n'était pas si lent en dénichant un quelconque intérêt dans les différents mobiliers et ustensiles présents dans la pièce. Puis...

« Ce sera du hachis Parmentier. J’espère que tu aimes… »

Je tournais la tête vers l'infirmière, évitant soigneusement de croiser son regard, favorisant de fixer les deux plateaux en lévitation. Rapidement, l'un d'entre eux se vit affublé de tiges métalliques et se déposa juste devant moi. L'autre demeura en l'air quelques instants, attendant qu'Elizaveta s'installe à son tour et le saisisse.

« Et si ce n’est pas aussi bon que ça en a l’air, j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur ; j’ai beau avoir fait des études de Médicomage, cela ne fait pas de moi une parfaite cuisinière. »
« Ne vous inquiétez pas. »

Mes doigts frôlèrent les froides tiges, tandis que je risquais un regard furtif vers le plateau d'Elizaveta, constatant qu'elle s'était déjà armée de ses couverts. Je l'imitais, demandant plus à l'adresse de ma fourchette qu'à mon interlocutrice, sans me rendre compte réellement des interprétations possibles de ma question :

« Est-ce que... Vous allez restée ici longtemps ? Comme les autres infirmières ? »

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