Belle et jeune fille qui nous vient tout droit de Salem pour entamer sa sixième année au collège. Elle est née à lieu de naisance en ce beau jour qu'est le JJ mois en lettres AAAA en tant que né moldu, sang mêlé, sang pur ; à présent il/elle vit à ville. Jusqu'à maintenant, son niveau scolaire s'est révélé être bon, moyen, très mauvais, etc. Il y a quelques années maintenant, il/elle s'est procurée une baguette faite en bois de nom de l'arbre, mesurant nombre en lettres centimètres et contenant nom de l'élément. Avec cette baguette, il est possible de créer un patronus - le sien prend la forme de/d'un(e) animal. Pour ajouter à son bonheur, il y a aussi la vision qu'il/elle a eu face au miroir du Risèd : en bref ce que le personnage voit dans le miroir. Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. En quelques mots, l'apparence de l'épouvantard, dans son cas.
→ the best day of my life.
« Tu ne peux pas faire attention, Griffin ? » Je lève les yeux au ciel, lasse. Moi c'est Oxygen, ravie de te rencontrer... Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que mon interlocutrice s'est arrêtée au moment même où, la main appuyée sur sa hanche, ses yeux se sont posés sur moi, noirs de colère. Je n'ai rien fait de plus que de la bousculer, par nécessité plus que par provocation. Il fallait de toute évidence que je me fraye un passage parmi ces âmes perdues et elle se trouvait simplement au mauvais endroit, au mauvais moment. Dommage, petite... « Regardez-là, incapable de s'expliquer... Peut-être devrions-nous lui intimer l'ordre de s'excuser ! » A quoi joue-t-elle ? Je suis tout ce qu'elle déteste, tout ce qu'elle méprise. Je suis le genre de filles qui lui fait monter la gerbe à la gorge, le genre de filles sur qui elle cracherait bien. Mais je suis surtout celle qu'il ne faut jamais pousser dans ses propres retranchements, à moins de ne souhaiter être persécuté tout le reste de l'année. Je sais pertinemment qu'il vaudrait mieux que je passe mon chemin et prenne la direction du prochain cours mais c'est plus fort que moi, plus fort que tout ce qui m'anime : je dois lui faire fermer sa grande gueule de fille hautaine, par principe... ou par fierté. La fierté, c'est tout ce qu'il me reste aujourd'hui, enfin, c'est tout ce qu'il me reste officiellement. Parce qu'officieusement, je traîne derrière moi des kilos d'amertume, des kilos de chagrin. Demi-tour, me voilà à sa hauteur tandis qu'une horde d'insanités s'empare déjà mon esprit. Ça cogne dangereusement en moi et je dois me battre afin de ne pas dégobiller des conneries plus petites que celle qui me fait face. Alors pour faire vite et ne pas perdre mon temps -même si c'est à ça que j'occupe généralement mes journées- je réduis à néant l'espace qui me séparait d'elle, souffle sur son joli nez et murmure calmement ces mots qui la glaceront sur place. « Je ne te dois aucune explication mon ange, d'ailleurs, je ne te dois rien du tout. » Regard discret vers ses mains qui semblent remuer. « Range ta baguette, tu risquerais de te blesser... » Parfois, j'oublie d'avoir un cœur, j'oublie que je ne suis pas un robot, que eux non plus. Parfois, j'oublie d'avoir un cœur, j'oublie que les mots peuvent niquer les dents et laisser des bleus sur la peau... Je me retourne et me remets à marcher puisque je sais parfaitement qu'elle ne répondra pas. Je viens de la faire taire, j'ai réussi à la ridiculiser mais je ne souris pas. Parce que faire ce que je viens de faire ne me fait pas plaisir, parce que supporter celle que je suis devenue me donne envie de remplir des bocaux de larmes. J'avance, droite, mais je ne souris pas. Je ne souris plus. Deux ans déjà que le bonheur s'est fait la belle, deux ans déjà que le soleil qui me faisait rayonner s'est pleinement consumé. Depuis ? J'erre dans la vie, et parfois, au détour d'un couloir, je croise le fantôme de celle que j'aurais aimé être.
« et mes rêves s'accrochent à tes phalanges, je t'aime trop fort et je devine que ça te dérange. moi ce qui me dérange, c'est de ne pas pouvoir chanter "qui m'aime me suive"... je sais, toi tu resterais là. »
On dit que lorsqu'on est sur le point de mourir, on voit sa vie défiler. C'était faux... et j'avais beau essayer de me souvenir, je n'arrivais pas à mettre un nom sur le con qui avait dit ça. Tout ce que je voyais, moi, c'était ces couleurs chaudes qui me glaçaient lentement le corps. Tout ce que je distinguais à travers la fumée, c'était ces flammes qui me crameraient les os. Combien de temps me restait-il avant que mes poumons ne lâchent ? Combien de temps me restait-il avant que je ne m'asphyxie complètement et crève ici ? Je n'en avais aucune idée, mais mes suffocations m'indiquaient que ce ne serait plus très long. Il fallait que le temps file et ne revienne jamais, car avachie contre une des poutres de la grange, la souffrance me secouait tout entière. Les larmes s'étaient mises à ravager mes joues déjà rougies sans que je ne m'en rende compte. Je ne comprenais de toute évidence plus rien. Mon cerveau était mort, complètement déchiré par les exhalaisons qui rendaient l'air irrespirable. Et moi ? J'étais encore vivante, à l'agonie cependant. Moi ? J'attendais d'en finir. Parce que je n'en pouvais plus, parce que toutes mes articulations hurlaient de douleur, parce que plus dur que tout cela, je venais de me faire piétiner le cœur. Je n'étais pas foutue de crier au secours, pas foutue de me sortir de tout ce merdier. Mais en avais-je réellement envie ? Non. Parce que mon âme sœur était passée devant moi sans prendre le temps de m'extirper d'ici. Parce que ma moitié voulait me voir morte et que je lui devais bien cela, moi qui avais pris sa place au sein de la famille, inconsciemment.
Comment en étais-je arrivée là, comment avais-je fait pour terminer allongée sur le sol, aveuglée par l'acide qui me tuait les yeux ? Un sort, un sort tellement simple que le rater avait semblé impossible, inimaginable, même. « Lacornum Inflamare ! » Mais Saphyr, ma sœur jumelle, était passée par là, noyée sous des larmes qui m'avaient brisé les côtes. Saphyr, mon accident de bagnole... J'aurais aimé que tu saches que je suis désolée, juste désolée. J'aurais aimé te murmurer ces mots qui auraient tué le silence qui nous éloignait. Seulement je suis une incapable mon Amour, je suis une incapable. J'aurais voulu te dire que tu n'es pas vaine, qu'il suffit que tu remues ta crinière pour te retrouver au sommet... Parce que tu es la plus belle fleur qui m'ait été donné de rencontrer et que depuis que tu es fanée, le monde semble terne. Putain Saphyr, si tu savais à quel point je m'en veux, si tu savais à quel point je me fous de la magie qui m'habite si je ne peux pas la partager avec toi... Je me fous d'être la religion des parents autant que je me fous de les voir sourire lorsque j'agite ma baguette. Moi, c'est toi que je veux voir sourire. J'aurais aimé que tu sois fière de moi, autant que je le suis de toi. Parce que oui mon Amour, tu es ma seule fierté, mon seul trésor, la luciole au fond de la nuit. Je suppose qu'il est trop tard maintenant, j'ai très vite compris que tu me reprocherais éternellement d'être l'élue de la famille tandis que tu es le cracmol. Mais tout ça va cesser, de toute manière, c'est la fin maintenant. Et ma fin rime avec ton début. Je ne vais pas m'en sortir, non, je ne vais même pas essayer de m'extirper de cette grange qui brûle parce que si tu avais voulu que j'en sorte indemne, tu m'aurais tirée hors d'ici. Et tu ne l'as pas fait... Sache que je ne t'en veux pas de me laisser filer hors du monde, il est temps que tu brilles à ton tour mon Amour, temps que tu reprennes ta place... J'aurais juste voulu m'excuser d'avoir existé, m'excuser d'avoir creusé ta tombe... et d'avoir fait de ton quotidien des jours tristes à mourir... Sa tristesse m'avait déconcentrée, le sort inachevé s'était répandu partout et à défaut d'enflammer seulement un objet, le feu s'était imposé en maître de cérémonie partout autour de moi, partout. Elle m'avait vue et m'avait tourné le dos comme on ferme un livre qu'on ne veut plus lire. Elle m'avait vue mourir et la flotte avait cessé d'étouffer ses yeux. Elle m'avait observée m'éteindre et s'était rallumée...
Achevez-moi, faîtes que cette torture prenne fin... Je ne hurlais pas pour qu'on vienne m'aider, je n'avais de toute façon pas mal. Du moins pas physiquement. C'est le reste qui se mourait, le reste qui faisait monter de l'eau le long de mes cils. J'avais l'ivresse de la mélancolie plus que l'ivresse de la douleur. Je regrettais ma vie, je regrettais toutes ces ébauches de bonheur qui n'avaient pas abouties. Je me détestais. Le sang dans mes veines circulait beaucoup trop rapidement, comme s'il cherchait une issue de secours, comme s'il voulait s'échapper de l'ineptie que je formais, comme s'il préférait tâcher la paille plutôt que de rester en moi. Je sentis mon souffle se calmer, devenir un murmure presque inaudible, je devinai mes paupières s'alourdir et mon cœur se vider. C'était la fin, ma fin. Et toutes les autres morts me paraissaient désormais ridicules puisqu'en me bousillant, je rendais la liberté à celle qui était apparue dans ce bas-monde deux minutes avant moi. On dit que lorsqu'on est sur le point de mourir, on voit sa vie défiler. Moi, j'avais seulement vu le visage de ma sœur, et en y réfléchissant, c'était elle, ma vie.
« et mes rêves s'accrochent à tes phalanges, je t'aime trop fort et je devine que ça te dérange. moi ce qui me dérange, c'est de ne pas pouvoir chanter "qui m'aime me suive"... je sais, toi tu resterais là. »
Ma main se niche par réflexe sous mon vêtement et caresse la cicatrice qui borde mon flanc. Je sens que les barrières qui me protègent de mon passé sont en train de s'effondrer. Je n'ai plus le courage, plus la force de faire semblant, du moins pour aujourd'hui. Je souhaite juste m'isoler loin de l'humanité, loin ce tout ce qui ne va pas et faire tomber le masque, à l'ombre des regards. Parce que je préfère être cette fille de l'ombre, parce qu'au fond, je préfèrerais être morte plutôt que de faire semblant de vivre, plutôt que de survivre. Tant pis, une heure de plus, une heure de moins, ils trouveront de toute manière une raison pour me convoquer. Je m'engouffre dans le premier couloir devant lequel je passe et accélère le pas, peu désireuse de me faire prendre. Je n'ai pas peur de me faire chopper en train de faire entrave aux règles de l'école, je n'ai pas peur de la sentence. Non, je suis juste effrayée à l'idée que quelqu'un découvre que je suis en réalité une fille cassée par le destin, une fille écrasée par des remords plus gros que tout ce qu'on peut imaginer. Il est tellement plus simple d'être celle que les autres veulent que je sois, tellement plus simple de ne leur offrir que ce qu'ils veulent voir. « Oxygen, je peux venir me promener avec toi ? » Sursaut de merde, bordel. Après avoir repris mon souffle, je soupire, fatiguée de la voir me suivre à longueur de journée. Militine... va jouer avec ceux de ton âge, par pitié. Je ne la connais pas depuis longtemps, je ne connais de toute façon personne ici. Cette fille ? Une première année qui m'étudie depuis plusieurs jours, inlassablement. Elle a cette facilité déconcertante à mettre ses aprioris de côté pour m'aborder... Alors parfois, lorsque ses pupilles dorées se font suppliantes, je l'autorise à me suivre. On marche ensemble, sans se regarder. Elle me parle d'elle, de ses amis. Elle déballe sa vie de manière insouciante, sans imaginer que je pourrais aisément m'en servir contre elle. Et de temps en temps, elle se met à pleurer silencieusement. Je ne sais jamais si c'est le fait que je ne lui réponde pas qui la rend si vulnérable ou si ce sont ses histoires d'enfants. Ce qui est certain, c'est que ça me touche toujours, bien que l'avouer me rapperait les lèvres. « Pas aujourd'hui, Militine, je suis épuisée, il faut que je me repose... » Mensonge. Je ne suis pas épuisée, et je dois encore moins me reposer. Et si je n'avais pas été à deux doigts de lui confier ma vie, je lui aurais certainement répondu à l'affirmative, l'emmenant faire un tour dans le parc du château. Mais de nous deux, je ne suis pas celle qui raconte. Je suis celle qui écoute, celle qui boit les mots qu'elle déverse dans les airs. Je suis l'enfant qui se nourrit d'histoires pour oublier un instant que le monde ne tourne plus très rond quand on n'a plus d'espoir. Je suis le gosse qui essaye de croire encore au Père Noël tout en sachant pertinemment que ce n'est qu'une invention. « On se voit plus tard, ma petite. » J'ose lui caresser délicatement la joue et je m'aventure sans plus attendre dans la partie la plus isolée du domaine, là où personne ne vient jamais car les couloirs y sont sombres et souvent effrayants. L'angoisse aussi, j'en ai oublié le goût. La seule saveur qui occupe mes pensées en ce moment, c'est celle des lèvres de Potter. Deux semaines que j'y pense constamment, comme si c'était tatoué sur ma peau à l'encre de chine. Il n'est pas question d'amour, encore moins d'amitié. C'est beaucoup plus complexe que ça : il suffit que je le croise pour que mon corps se mette à flageoler, il suffit qu'il me regarde pour que des papillons habitent mon estomac. J'vous parle pas d'amour putain, j'vous parle de danger, d'animosité... de sincérité. Je l'ai su le jour où j'ai compris que nous jouions dans la même cour, le jour où je l'ai croisé sans son masque, au même titre que moi. Depuis, je crois qu'une vraie tristesse me gagne. Parce que c'est troublant d'imaginer qu'il pourrait être capable de lire en moi. Parce que comprendre que je pourrais faire la même chose me renverse complètement. Alors je l'évite comme on évite le vent qui nous fera tomber. Je l'évite car nous n'appartenons pas au même monde et que tout est plus simple ainsi, de toute évidence. Je suis censée être l'incomprise, le reste ne me convient pas. Le reste ne me convient plus.
« mais toutes les chansons racontent la même histoire : c'est toujours un garçon et une fille au désespoir. on en a fait des films et des tragédies divines. »
L’oppression ne cédait pas. J’avais beau m’asseoir, me relever, tourner en rond, elle ne me lâchait pas. Il fallait que je me ressaisisse, que je chope de nouveau un peu d’espoir quelque part. Poudlard… J’avais de plus en plus de mal à déambuler dans les couloirs, de plus en plus de mal à feindre l’ignorance. Cette école était une malédiction ; ma malédiction. Je détestais tout ce qui se déroulait ici tandis que Salem me manquait chaque jour un peu plus. Impossible d’oublier que j’avais été bien là-bas, impossible d’oublier que là-bas, j’avais vécu un peu, même si ce n’était qu’à moitié. Poudlard, ma malédiction… Je n’étais plus capable de savoir ce dont j’avais envie, ni même ce dont je ne voulais pas. Je n’étais même plus foutue de jouer mon rôle correctement. Deux fois en moins d’une semaine. Deux fois que les larmes me montaient aux cils en plein milieu du couloir, sans en connaître la raison. C’était comme ça. Je chialais comme eux rient aux éclats. J’avais la sensation de voler au-dessus de tout cela, d’être en apesanteur en attendant que quelque chose me ramène sur Terre. Quelque chose oui. Pas quelqu’un. Parce que j’avais arrêté depuis longtemps de compter sur l’humanité, parce que j’avais renoncé à tout ce qui me rattachait à eux. Je n’étais et ne serais jamais comme eux. Eux couraient à en perdre haleine. Ils couraient après ce truc essentiel dont je ne savais rien. Ils couraient à s’en faire exploser les poumons et je me demandais souvent ce qu’ils fabriquaient, ce qui semblait si important à leurs yeux. Et quelques soirs, amère de vivre seule, j’avais cru en chacun d’entre eux ; une putain de perte de temps puisque je n’étais destinée qu’à être l’ombre du tableau, l’ignorée. Personne n’avait jamais pris le temps de caresser du bout des yeux tous ces SOS que je balançais au gré du temps qui passe et ne revient. Personne. Alors je m’étais entraînée à me passer d’eux, à me passer de leurs boutades, de leurs confessions aussi. Je m’étais enfermée dans ma bulle, et lentement, j’avais apprivoisé l’isolement et la solitude. Suicide social. « Il y a quelqu’un ? » Malgré l’obscurité qui régnait ici, mes yeux s’ouvrirent, semblables à deux soucoupes en orbite. Un rictus se dessina sur mes lèvres tandis que je pinçais celles-ci, m’ordonnant intérieurement de cesser de respirer. Si on me trouvait là, j’étais morte. Que ce soit un professeur ou un élève ne faisait aucune différence : tout le monde ici me comparait à une pierre, à un roc dur, froid et surtout silencieux. On me considérait comme cette fille imperturbable, dénuée de tout sentiment. On me prenait pour mon opposé et habiter cette nana me facilitait la tâche : on n’attendait rien de moi. Je ne décevais personne. « Tout va bien ? » Fait chier. Une silhouette apparut lentement et je devinai que j'étais repérée. D'un revers de main, j'essuyai rageusement mes yeux humides et priai pour qu'il ne s'aperçoive de rien. J'inspirai assez fort et ne répondis rien, histoire de lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu, histoire qu'il capte que je préférais être seule que... que mal accompagnée. Potter... Gé-ni-al... J'ai un don pour attirer les déchets de la société... Ce mec me sortait par les yeux. Non, en fait, il me sortait par les tripes et me donnait envie de me ficeler la bouche. Il avait léché un nombre incalculable d'amygdales ici et trimballait une réputation aussi vaniteuse que stupide.
« Eh Oxygen ? Réagis ! » Et il connaissait mon prénom. J'osai enfin un regard dans sa direction pendant qu'il s'accroupissait près de moi. Et aussi étrange que celui puisse paraître, je ne le reconnus pas. Il avait toujours cette même gueule d'ange, toujours ce corps que beaucoup de jeunes filles rêvaient de posséder en silence... mais il y avait quelque chose de différent dans ses iris, quelque chose... d'humain. Je l'avais toujours considéré comme un mec volage, le genre de gars qui n'abordait les filles que pour pouvoir profiter de leur corps (d'une quelconque manière) par la suite... Et là... Et là, je ne savais plus. Parce qu'il était en train de s'assurer que la fille dont tout le monde riait en cachette allait bien. Parce qu'il semblait inquiet... Et que, dans mon esprit, Antown était tout sauf un mec qui prenait le temps de s'inquiéter, d'avoir peur... de craindre quoi que ce soit. J'arquai un sourcil, septique. Potter... Je ne sais pas, je ne sais plus. Et j'te jure que si j'avais les mots pour te dire d'aller te faire foutre, je te les cracherais à la gueule. Mais il est tard, tout le monde dort certainement, j'ai le mal d'ici et je crois que j'ai besoin de le dire, besoin de te dire que la solitude n'apporte pas que du bon, qu'elle brûle tous mes souvenirs et que je vais finir complètement vide. Trouée, amputée jusqu'au cœur. C'est moche un cœur, hein ? C'est gorgé de sang... et puis tu sais, le mien il est encore plus laid. Il est petit, tout petit et ne bat qu'à moitié. J'ai une soeur Antown, ou j'avais une sœur... A une époque, je marchais comme toi dans les couloirs de Salem, fière d'exister. Et aujourd'hui, j'ai l'impression de ramper, de m'accrocher à quelque chose qui s'émiette continuellement... Alors j'vous déteste tous. Je n'ai pas de raison de le faire, mais il y a dans chacun de vous un bout d'elle... Alors qu'elle n'est pas là, du moins pas là pour moi. J'vous déteste Antown, mais je me déteste encore plus. Parfois, je m'imagine en train de m'arracher les cordes vocales en espérant que le cœur suivra. Je hais l'humanité parce qu'elle s'évertue à me rappeler que ma sœur n'est qu'une humaine et que c'est tout ce qui nous sépare. Alors j'vous méprise, et je m'entraîne à me passer de moi-même. Je me déshumanise, je me robotise. Je me fous en l'air... « Raconte-moi... » Sa voix me sortit de ma torpeur et je me rendis compte que c'était dans ses yeux que je venais de m'égarer. Ma main courait le long de son bras et je n'avais rien vu. Et merde... La retirant vivement, je me confondais en excuses minables. « J'suis... Je suis désolée, je ne sais pas ce... » Pourquoi ? Je n'étais même pas désolée, et je ne m'en voulais pas. Pour la première fois depuis une éternité, je ne jouais aucune comédie. Je n'étais plus ma propre ombre mais la vérité. Et les battements rythmés en moi me contentaient dans mon opinion. On pourrait toujours oublier demain, non ? On pourrait faire semblant d'être ces autres encore et encore, qu'est-ce que cela changerait-il au fond ? Rien. Cherchant sa pogne dans le noir, je dégageai le tissu qui couvrait mon poignet et appuyai le pouce de Potter sur les veines situées au niveau de mon poignet. « Regarde... C'est la solitude qui court dans mes veines ! » Sans perdre une seconde, mes lèvres vinrent frôler les siennes, timidement, puis elles finirent par se sceller complètement aux siennes. Je ne contrôlais plus rien, et plus rien ne me contrôlait. Tu sais Potter, on regrettera demain matin, on regrettera mais ce n'est pas si grave parce que j'aurais enfin quelqu'un à qui montrer que je vaux plus que tout ce qu'on dit à mon sujet. On s'en voudra, tu te trouveras con d'être passé par là et je me trouvais affreusement conne de t'avoir embrassé. Mais ce ne sera pas grave, non, on fera semblant. On se croisera et on continuera notre chemin. Rien n'est grave, tout sera oublié demain, je te le promets... Ramassis de conneries. Bien sûr que c'était grave. Ma main, jusque là posée sur sa joue, autorisa mes ongles à se planter dans la chair du jeune homme. Bien sûr que si c'était grave. C'était surtout stupide, inapproprié. Surtout avec Potter. Il ne pouvait être là que pour ça, et je l'imaginais déjà raconter à toute sa bande qu'il avait réussi à toucher à l'intouchable, qu'il avait réussi à voir l'invisible. Je reculai ma main pour mieux la faire claquer contre sa joue. Énervée, souillée... Déstabilisée. Je me levai et il en fit de même, il alla jusqu'à ajuster ses pas en fonction des miens. « Lâche-moi Potter, dégage ! » Un pas sur la droite, un autre sur la gauche. Pousse-toi putain, retourne jouer avec tes abrutis de copains et fous-moi la paix... Un pas en avant, un pas en arrière. « Va te faire foutre, merde ! » Mon épaule heurta un peu trop violemment son torse mais je ne me liquéfiai pas. Je fis au contraire tout mon possible afin de ne pas accélérer ni ralentir ma marche. Fais semblant de t'en foutre, relève le menton et avance Oxy... Tu joues ta survie ici, tu joues pour un quotidien semblable à celui d'hier. Tais-toi et avance. Marche droit ou tombe...
« mais toutes les chansons racontent la même histoire : c'est toujours un garçon et une fille au désespoir. on en a fait des films et des tragédies divines. »
Potter... Je passe mes doigts sur mon front en sueur, essayant désespérément de faire taire ce souvenir. Il est le plus lancinant de toutes les douleurs et aucun cachet ne saurait m'apaiser. Je le déteste de s'être laissé faire, et je me déteste d'avoir laissé mon chagrin me malmener. Prenant appui sur la gigantesque colonne qui se trouve derrière moi, je me laisse glisser le long de celle-ci pour finir accroupie sur le sol. Il suffit que je me donne la chance de m'en sortir. Je connais le chemin par cœur, les éléments en cascade sur le bout des doigts. Alors une fois en tailleur, je commence par fermer les yeux. Pour m'évader. Et lentement, tout se monte : je ne suis plus ici mais ailleurs ; la misère m'a lâchée contre un petit violon ; les oiseaux chantent et le soleil dore ma peau claire ; je ne suis plus vraiment moi parce que je suis heureuse. Je ne veux pas changer de jeu : le bonheur, c'est bel et bien ces dés qu'on ne contrôle jamais.
Je m'appelle Oxygen, Oxygen Lennon Griffin. Ma soeur a gerbé tout l'amour qu'elle me portait et depuis, je ne m'aime plus. Je crois que j'oublie de vivre. Je suis officiellement ce roc incassable et officieusement cette pierre en miettes. Je suis seule, aussi. Parce qu'on s'écarte dès que je passe. Je suis seule tout le temps. Ce que je veux dire par là... C'est que même si quelqu'un me parle, même s'il y a du monde dans la même pièce que moi, même si on m'offre des sourires... moi je reste seule. On est jamais mieux servi que par soi-même paraît-il.
→ i am not a robot. ton pseudo : eat the mistakes, plus connue sous cam. ton âge : seize ans... et oui, une petite débarque. ton avatar : teresa palmer (disons que si je la refusais, jem me reniait ahah). ton avis sur sonorus : le forum a l'air agréable, je suis ravie de voir un design coloré alors que la majorité des forums prône actuellement les couleurs froides et lassantes de l'hiver. sinon, première fois que j'atterris dans l'univers de harry potter pour jouer, je verrai bien où cela me mène. si je te dis what else ? tu me réponds : à part l'autre saleté de george timothy clooney, rien ne me vient pour l'instant.
Dernière édition par Oxygen L. Griffin le Sam 15 Jan - 10:30, édité 73 fois
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Sam 1 Jan - 14:00
→ oh, oh, it's magic, you know.
crédit (absolutefucker@tumblr).
Le verre s'éclate violemment sur le sol et mon corps est rapidement soumis à un spasme dû à la frayeur. Plaquant vivement ma paume contre ma bouche, je coince un cri entre mes fins doigts. Mes iris font un mouvement circulaire afin de voir ce qui s'est passé. Rien, à première vue. Tant mieux, je ne souhaite pas me faire remarquer dès mon arrivée ici. Poudlard, une nouvelle école loin de ma famille et de tout ce qui me faisait tenir debout. Pourtant, je n'ai pas peur, et je suis encore moins triste. Devant moi se dessine un nouveau départ, une renaissance. Je veux y croire, je dois y croire. Je n'attends de cette école rien de plus que l'oublie. Parce que je sais pertinemment que j'ai besoin d'envoyer aux oubliettes ce drame fraternel pour m'en sortir indemne. Parce que je sais pertinemment qu'il suffirait que j'oublie jusqu'à son nom pour me remettre à sourire. Elle m'a volé la vie après que je l'ai évincée de la sienne. Et depuis, je ne suis plus que le fantôme de moi-même, le fantôme d'une fille perdue dans une époque dont elle ne profite plus vraiment. Je hausse un sourcil avec un air penaud. Qu'est-ce donc ? Une odeur me monte aux narines, lentement. Et je ne tarde pas à trouver la source de cet enivrement dérangeant : un de mes petits pots remplis d'aquarelle s'est fracassé sur le sol, répandant l'encre transparente sur les premières marches de cet escalier imposant. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais je me mets à rire. Sincèrement. Comme au bon vieux temps. Comme dans quelque temps si tout se passe bien. Je ris à m'en lacérer les cordes vocales. Je ris comme je n'avais pas ris depuis une éternité et dans chacun de mes pores s'incruste la joie, soudain intéressée par ma petite personne. « Vous êtes-vous perdue, jeune fille ? » Le calme revient lentement tandis que je me remets de mes émotions. A en juger l'allure de mon interlocuteur, ce doit être un des professeurs de Poudlard. J'ai toujours été une bonne élève, toujours été celle qui aide les autres pendant les cours. Mais le toujours ne dure jamais. Je n'apprécie plus vraiment les cours, encore moins les professeurs. Parce qu'ils m'oppressent. Parce qu'ils sont les vents éphémères qui me plient chaque jour. « Oh et bien... Je n'ai pas réussi à suivre les autres, je dois me rendre à la Grande Salle. » Je dis la vérité parce que je ne me sens pas assez forte pour mentir. Et... A quoi bon ? Je dois changer. Je veux changer. Ou plutôt retrouver celle que je suis réellement, celle qui n'a pas sans cesse le cul coincé entre deux chaises. Je veux me foutre des autres, me foutre de la vie et frôlé cette conne. Frôler la vie. S'éloigner de la mort. Je me sens vivante... plus de condamnation. Plus de barreaux. Juste un couloir géant et éclairé. Juste cette main qui me guide jusqu'à la Grande Salle. Juste cette main qui me guide vers ce monde bourré de bonheur. Bonheur, bonheur... Encore bonheur !
« Nous y voilà. Ne te perds plus à l'avenir ! » Un léger sourire sympathique en guise de remerciements et j'ouvre le plus délicatement possible l'énorme porte qui me fait face. Allez, bouge-toi petite... Tu y es. Ouvre cette foutue porte et jette-toi bras ouvert à l'intérieur. Affronte le destin, rien qu'une fois. Casse la gueule à ce connard rien que pour avoir le droit de choisir de quoi sera fait demain. Bouge-toi Oxygen. Respire et tape contre ton cœur éteint, tape-le jusqu'à ce qu'il se réveille, lui aussi... Un long bruit dérangeant s'immisce dans l'air et j'aperçois enfin toutes ces têtes... tournées vers moi. Ne fais pas attention à eux, ils ne sont rien de plus que des élèves, rien de plus que des mômes un peu perdus... Ils sont toi, tu es eux. Ferme les yeux et rejoins-les. Il me manque juste un peu de courage, alors je laisse mes yeux se passionner pour le sol. Je laisse mes yeux se fixer sur un étrange filet foncé, un étrange filet gris. Un regard en arrière. Putain, c'est quoi ce bordel ? J'aurais pu jurer que l'aquarelle que j'avais faite tomber était transparente... Je ne comprends pas, j'ai la sensation d'être à l'ouest et ma vision se brouille à moitié. Je délire, je recommence à voir des images fausses. Les illusions me reprennent et j'ai peur de ne jamais m'en remettre. Je m'agenouille en plein milieu de la rangée et trempe mon index dans l'encre, sans réfléchir. Mon doigt est beige, mon doigt est gris pâle, mon doigt est gris... Mon doigt est noir. Mes pupilles sont hypnotisées par ce qui se trame devant moi et je n'ose plus faire un pas. Parce que j'ai peur que tout s'assombrisse encore. Parce que j'ai peur de ne plus y voir clair et de finir complètement aveugle. J'ai peur de crever là, j'ai peur de rester dans cet état de léthargie. Mes muscles se tendent, se crispent et je finis par avoir mal partout. Ça me brûle, ça me pique. Ce n'est qu'une illusion qui me pousse à imaginer de belles conneries. Ce n'est qu'une illusion qui s'encre dans la réalité et m'enferme dans ce placard blindé de tristesse. J'ai l'index humide, l'index crade. J'ai envie de faire ce que je maîtrise le mieux : prendre la fuite. Mais les quelques professeurs assis dans le fond m'observent avec une attention débordante. Ils ne comprennent pas non plus... Ils ne comprennent pas ce que tu fais là, à genoux, tremblante comme une feuille presque morte. Tu te trompes, tu fais fausse route. Cesse, cesse tout ça, merde. Arrête de ramper, arrête de cueillir la misère. L'aquarelle a simplement glissé jusqu'ici, et elle a toujours été foncée. Tais-toi, ne réponds pas. Dis-leur que tout va pour le mieux, installe-toi et ouvre-toi enfin... Mais je n'y crois pas. J'ai la certitude de ce que j'avance intérieurement, la certitude qu'avant d'être terne, ce filet était clair et se confondait pratiquement avec le sol. Je suis folle, dérangée, tarée, aliénée... Je suis maudite.
« Tu peux venir t'asseoir avec nous, si tu veux... » Je finis par suivre cette jeune inconnue. Je n'ai de toute évidence pas d'autre choix. Je passe mes jambes une par une par dessus le grand banc, j'étudie leurs lèvres qui remuent mais je ne leur réponds pas. Il parait que le silence est d'or. Il n'y a même plus une once de joie en moi, elle s'est volatilisée. Je pensais pouvoir recommencer, mais ce putain de passé me hante. Alors je regrette d'être encore en vie, je regrette d'avoir été trouvée ce jour-là. Je regrette d'être ici. Ces gens sont insignifiants. Ces gens sont tous des abrutis qui crèveront avant moi d'avoir vécu trop longtemps dans ce monde fantasmagorique. Je ne devrais pas être là et Salem me manque déjà. Je me fous de chacun d'eux. Je me fous de ce petit blondinet en face de moi, de cette fille aux lunettes cassées une table plus loin, de ce professeur qui engloutit la nourriture plus qu'il ne la mange, de ce groupe d'amis qui rie beaucoup trop fort, de ces deux gamins qui se disputent une bataille de pouces. Je me moque de tout. Je hais cette école. Je vois tout en noir. Je ne vois plus rien. Je n'ai plus envie. Et je n'ai pas faim. Je ne désire plus qu'une seule chose : m'endormir à Salem, et m'en sortir là-bas. Je pensais frôler la vie ici. Foutaises. Je caresse la mort, une fois de plus.
Dernière édition par Oxygen L. Griffin le Sam 15 Jan - 8:51, édité 15 fois
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Sam 1 Jan - 14:03
Ma Caaam. Merci encore. (: Bienvenue parmi nous, officiellement.
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Sam 1 Jan - 14:32
Mon musicien Merci, je vais faire de mon mieux pour te pondre quelque chose de sympa.
Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Dim 2 Jan - 1:27
TERESA + LE GIF + LES PRÉNOMS Bienvenuuue.
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Dim 2 Jan - 2:07
Héhé, tu as tout compris. Si tu refusais Teresa Parlmer... Mais non, je t'aurais voulu pour le rôle quand même. (: Vraiment bien, le début de fiche. <3
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Dim 2 Jan - 2:19
Merci beaucoup
Tu t'es remis de ta nuit, alors. Laisse-moi écrire au lieu de m'inciter à flooder.
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Dim 2 Jan - 2:22
BIENVENUUUUE ! Je ne peux que plussoier devant ta bannière
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Sujet: Re: oxygen ▬ i don't want to die, i sometimes wish i'd never been born at all. Dim 2 Jan - 2:46
Merci mademoiselle. J'adore ton pseudo, en passant. (: