Tout d'un coup, peut-être que j'étais devenu quelqu'un de mauvais. Aucune idée du pourquoi ; surtout du comment. Enfin si, j'avais une petite idée de pourquoi j'étais devenu une mauvaise personne. C'était cette après-midi, alors que j'ai embrassé la douce et réservée Roxane Dumont. Quand j'en ai fais ma petite amie ; quand je suis devenu son copain. C'est ça être une mauvaise personne : mentir. Alors je suis une mauvaise personne. Depuis toujours. Pour toujours.

PROFESSOR Ҩ « Monsieur Lockwood ! celui-ci, couvert d'encre, tourna le regard vers cette mégère, alors qu'un esprit frappeur beaucoup trop content s'éloignait déjà. »

Ses poings, comme son visage et la plupart de ses vêtements, ruisselaient d'encre. Pas de cette encre bleue qui peut encore passer au lave-linge. Non, cette encre noire et crade qui colle à la peau. Ezekyel bouillonnait, si bien que l'encre aurait, pour un peu plus, put partir en vapeur. Il était tranquillement dans les couloirs, quand le fantôme avait décidé de ruiner sa journée en lui lançant quelque chose qui ressemblait à un encrier, en plus mou, en pleine figure. Puis, d'autres farces de ce genre avaient commencé à pleuvoir sur son pauvre corps pris par surprise. Il s'était renfrogné, ses épaules s'étaient rentrées d'elles-mêmes mais rien n'avait pu y faire ; il était couvert d'encre comme pas permis.

PROFESSOR Ҩ « Lockwood ! il aurait dû le voir, il aurait dû le voir, il aurait dû le voir, il aurait dû le voir, il aurait dû le voir, voilà ce que se disait Ezekyel. Monsieur Lockwood ! »

lui aboyait-on dessus, alors qu'un léger « oui ? » poli mais contenu sortait d'entre ses lèvres. Avec un calme étonnant, surtout vu la qualité et surtout la propreté de ses vêtements, à l'origine, il ramassa son sac qui avait préféré choir parterre, échappant à l'encre. Tandis que quelques gloussements se faisaient entendre, quelqu'un eut la bonté d'âme de lui jeter un sortilège pour évacuer l'encre de son corps mais aucun remerciement ne s'échappa de son être ; il serrait les poings, tout simplement, pour ne pas éclater. Ne pas éclater, ne pas éclater, ne pas éclater, songeait-il avant de se détendre sensiblement et qu'une mine affable prenait place sur son visage d'ange.

PROFESSOR Ҩ « Vous serez collé pour empêcher le passage dans le couloir ! Et vous aussi, mademoiselle Gray-Wylvern ! Ohhh, je vous ai bien vue ! au début, Ezekyel crut à une farce. De mauvais goût, mais une farce quand même.
EZEKYEL Ҩ « Pardon ? fit-il, avec une politesse insolente.
PROFESSOR Ҩ « Vous m'avez bien entendue ! »

Les yeux d'Ezekyel virèrent enfin sur la professeur et, malgré lui, un petit sourire étira son visage. Le fantôme n'avait pas loupé la professeur, à qui aucune âme charitable n'avait voulu retirer l'encre. Effectivement, celle-ci semblait si profondément incrustée qu'il semblait impossible de l'enlever.

PROFESSOR Ҩ « Et ça vous amuse, en plus ! Vous serez collés deux heures ce soir, vous deux ! Allez en cours ! »

Il désenchanta aussitôt. Non mais elle avait ses règles, ou quoi ?! C'était injuste, il n'avait rien fait ! Enfin, jusqu'à preuve du contraire. Mais quelque part, quelqu'un, avait dû en décider autrement. La journée avait pourtant si bien commencé.. si embrasser Roxane Dumont était une événement heureux – Ezekyel n'en savait foutre rien. Il songea à elle, tandis qu'il se rendait en cours de sorts et enchantements et que la professeur atteint de sa fausse farce essayait de se faire désencrer par un camarade nerveux du brun. La journée, trop longue, trop chiante, lui donna envie d'aller se coucher tôt. Malgré tout, avec mauvaise conscience – il essayait de se dire ça pour ne pas avoir l'air trop paumé ( « Je suis un rebelle et je refuse l'ordre établi, OUAIS ! » ) –, il réussit à aller à sa colle sans trop ronchonner. Il ignorait complètement qui était cette Gray-Wylvern ; la seule chose qu'il savait d'elle était qu'il était arrivé avant elle. Il s'assit au premier rang de la salle et aussitôt, la professeur lui donna des exercices, avant de s'occuper de la miss qui venait d'arriver. Il ne lui adressa pas un regard, préférant se concentrer sur les mots qui commençaient d'ores et déjà à se mélanger sous ses yeux. Heureusement, la professeur ronchonne lui expliqua vaguement ce qu'il avait à faire et il sortit sa plume, oubliant complètement qui pourrait l'entourer. Il posa cette plume – toute nouvelle acquisition qui corrigeait d'elle-même ses énormes fautes – sur le papier et commença à écrire, évitant de faire des taches d'encre comme il le faisait d'habitude. Une fois la professeur partie dans un sombre recoin du château, sans doute persuadée qu'ils allaient rester tout sages ainsi, il se retourna et regarda la Gray-Wylvern. Un instant, ses deux prunelles si bleues s'écarquillèrent et il détailla en long et en large l'américaine avant de sourire en coin. Il se déplaça de quelques rangs pour la rejoindre. Il la connaissait oui – même qu'ils étaient genre très proches, surtout sur de l'herbe – mais plus sous le nom de Prudhence ou Melusyne que son patronyme.

EZEKYEL Ҩ « P'tain, je savais pas que ton nom était si compliqué à prononcer, fit-il, avant de s'asseoir à côté d'elle définitivement, sans lui laisser le choix. Il sourit, toujours en coin, et embrassa la joue de la jeune femme. Toi aussi, tu te retrouves collée pour avoir rien fait sinon être dans un couloir sous l'assaut répété d'encre ? »

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