judith-tzipporah berkolitz
dite la naïveBelle et jeune fille qui nous vient tout droit de Durmstrang pour entamer sa septième année année au collège. Elle est née à Lillehammar en ce beau jour qu'est le quatorze février deux-mille quarante trois en tant que sang-mêlé ; à présent elle vit à Londres. Jusqu'à maintenant, son niveau scolaire s'est révélé être moyen. Il y a quelques années maintenant, elle s'est procurée une baguette faite en bois de peuplier blanc, mesurant vingt six virgule huit centimètres et contenant une plume de Jobarbille. Avec cette baguette, il est possible de créer un patronus - le sien prend la forme d'une gazelle. Pour ajouter à son bonheur, il y a aussi la vision qu'elle a eu face au miroir du Risèd : une version parfaite et follement amoureuse d'elle-même. Mais la vie n'est jamais entièrement rose, la preuve avec les épouvantards. Sa meilleure amie, assassinée par une idiote dont elle aurait brisé le couple, dans son cas.
oh, oh, it's magic, you know.
J'avais toujours été trop naïve, trop maladroite, trop blonde, trop complexée, trop tout. Effrayée par le monde et par moi-même, effrayée par ce que j'aurais pu être. Quand on me souriait dans les couloirs, je me retournais pour voir à qui ce sourire était adressé ; désireuse de passer inaperçue, j'avais passé toute mon adolescence emmitouflée dans des pulls informes, mes longs cheveux blonds sagement natté, à attendre que comme dans les contes de fées, ma bonne marraine vienne me transformer en princesse et m'amène à mon prince charmant. Et puis il y avait eu cette après-midi d'hiver, ces insultes qui fusaient dans les couloirs, cette détresse dans les yeux de celle qui allait devenir ma meilleure amie. Je n'avais pas quatorze ans, j'étais vulnérable, naïve, idiote, mais quand je l'ai vue, je n'ai pas pu m'empêcher de venir à son secours. Il y avait cette fille, elle devait être en sixième ou septième année, et elle était folle de rage. Ce devait être l'une des premières victimes du charme ravageur de Pearl.
Pearlyne Dashwood. Depuis son premier jour à Durmstrang, chacun, homme ou femme, élève ou professeur, était incapable de ne pas se retourner sur son passage. Elle dégageait quelque chose de snob, un aura de supériorité, comme si, malgré le fait qu'elle était parfaitement consciente de ce qui se disait sur son compte, elle se savait mieux que quiconque dans cette école. Elle exerçait sur moi une attraction que je n'aurais su expliquer, si ce n'était que j'étais sûre que cela n'avait rien de physique. Simplement, elle avait quelque chose dans les yeux, qui m'intriguait, qui semblait signifier qu’au-delà de sa sale réputation, il y avait une fille bien.
Ce jour-là, donc, la veille de notre départ en vacances d'hiver, je me dirigeais vers mon dortoir, quand ma route croisa celle de Pearl. Elle se disputait violemment avec cette septième année en question, qui l'accusait d'avoir couché avec son copain - ce qui, elle me le révéla quelques heures plus tard, s'avérait être vrai. Je ne comprenais pas, pourquoi cette idiote s'acharnait sur elle, pourquoi personne ne la défendait. Les gens passaient devant elles sans un mot, et les rares qui osaient s'approcher de ces deux furies soutenaient la septième année. Et moi, dans ma naïveté exquise, misérable chose aux joues rondes et boutonneuses, je m'étais interposée.
Depuis on ne se lâchait plus, elle était mon tout, ma meilleure amie. Elle m'avait appris la vie, elle m'avait fait devenir celle que j'étais aujourd'hui. Aussi opposées que nous étions, un mois après notre rencontre, elle m'avait révélée ; j'étais une autre fille, plus belle, plus drôle, libérée. Enfin je n'étais plus la gamine perdue, discrète, enfin je comprenais que je méritais autant que n'importe qui de
vivre. Elle m'apprenait tout, comment séduire, comment me maquiller, m'habiller, comment embrasser, comment rendre ce mec pour qui je craquais mais qui m'ignorait parfaitement fou de moi. Elle apportait à ma vie cette pointe de délire que je m'étais toujours interdite, elle était ma face sombre et mon point faible, mon renouveau et ma force. Je ne laissais personne l'approcher ou la descendre : quand il s'agissait d'Azylis, je devenais hystérique, battante, bornée, j'étais tout feu tout flamme. Personne n'a jamais compris ce que je lui trouvais, pas même moi - nous étions si éloignées l'une de l'autre. Mais c'était elle, ma marraine la fée, celle des contes que me lisait ma grand-mère moldue. La chenille était devenue papillon, la vilaine petite Judy était devenue Cendrillon. Elle m'avait transformée.
Elle me dit toujours que le jour où j'aurais enfin compris comme elle que l'amour n'est qu'un grand ramassis de conneries, et que je m'écroulerais, elle sera là pour me rattraper. Et même si je pense qu'elle a tort, que ce sera plutôt à moi de la rattraper le jour où elle se rendra compte d'à côté de quoi elle est passé, je respecte ses choix comme elle respecte les miens. Et peu importe nos différences, toutes les filles qu'elle fait pleurer, tous ceux et celles qu'elle s'est tapé, l'amour que j'attends et l'amour qu'elle dément ; à travers les douleurs, à travers le temps, il y aura
nous, et ça suffira.
Si Pearl avait été un tournant décisif dans ma vie, l'origine de mon changement, ce ne fut qu'à l'aube de ma septième année que je laissai enfin l'ancienne Judy derrière moi. Je me souviens parfaitement du déchirement que j'avais ressenti, et puis plus rien, le vide. Plus le moindre sentiment, plus un pincement au cœur ou une vague de colère. Je ne leur en voulais même pas, et cet absence de réaction était sans doute ce qui pouvait m'arriver de pire. Il n'y avait pas eu de larmes, pas de cris, pas de reproches. Mon père n'était pas mon père, et je ne parvenais plus à ressentir quoi que ce soit. Je m'étais murée dans un enclos de silence pour le reste de l'été. La seule qui entendit ma voix durant ces deux dernières semaines fut Pearlyne. Je ne suis pas sûre qu'elle ait compris ce que je ressentais, mais personne ne le pouvait, alors je ne lui en voulut pas. Elle était là pour moi, me faisait rire, me forçait à me nourrir, aussi, me sortait ; elle me maintenait en vie, expliquait aux gens quand, aux soirées, soudainement je me faisais amorphe. Ma vie était un vaste mensonge, le moindre de mes souvenirs devenait totalement futile, faussé. J'étais le personnage principal d'un film dont on m'avait caché le scénario. Toutes les excuses de ma mère et de celui que j'avais appelé
papa depuis ma plus tendre enfance n'apaisaient pas mon amertume. Je me sentais trahie, bafouée, humiliée - tous savaient, tous, croyant me protéger de la souffrance, m'avaient caché la vérité. Mais la douleur n'en était que plus féroce.
Et puis nous sommes partis pour Londres, tous ensemble. Je me souviens des larmes de ma mère, de la moue frustrée de mon père, le jour du départ. Je les ai embrassés - sur ordres de Pearlyne, quelle ironie - mais je n'ai pas prononcé un mot. J'ai entendu dire que ma mère s'était littéralement effondrée quand j'étais entrée dans le train sans même me retourner, et elle continuait de m'envoyer des lettres désespérées et larmoyantes qu'Azylis me lisait d'un air de reproches. Mais je n'arrivais plus à ressentir quoi que ce soit, même pas un peu de pitié pour celle qui m'avait donné la vie. Si ce n'était la peur, la peur de ce vide, la peur de tirer un trait sur ma mère, de devenir un être dénué de sentiment. Seule Pearlyne le savait, le connaissait, ce vide, ce trou qui creusait mon plexus depuis le mois d'août.
Devant les autres, je jouais la comédie des apparences, comme Pearl me l'avait si bien appris. Je la copiais, je faisais comme elle de grands sourires, je jouais les divas, j'essayais de retrouver les sensations de la vie, et peu à peu j'y arrivais. J'oubliais le vide, à coup de nouvelles rencontres, de batailles de boules de neige, d'éclats de rires, de baisers volés et de soirées trop arrosées. Je vivais, enfin, sans pour autant mettre de côté mes ferventes croyances en Dieu et en l'Amour ; je me mettais simplement sur pause, pour quelques semaines, le temps de retrouver l'ancienne Judith, qui pleurait devant des films à l'eau de rose moldus et qui rêvait au prince charmant. En attendant, la vie était légère. Ou du moins, j'essayais de la faire paraître ainsi. Et si je devais rester cette Judy un peu moins niaise, un peu plus blasée, un peu moins romantique, ce serait Pearlyne qui serait contente.
the best day of my life.
Quelque part à un ou deux mètres de l'endroit où je me trouvais, Pearlyne, toujours dans le hall, faisait face à une grande donzelle blonde, une de ces sang-purs qui se croyaient au-dessus de tout. Contrairement à mon habitude, je ne remarquai pas ce face à face muet, absorbée par la contemplation de ce qu'ils appelaient la Grande Salle, le souffle me manqua - c'était si beau. On nous avait déjà tant dit sur cette salle, mais aucun mot ne pouvait décrire ce que vous y ressentiez, misérable pion de Dieu sous ce ciel obscur. Et s'il n'y avait eu que cela. Il y avait tant de monde, bien plus qu'il n'y en avait jamais eu à Durmstrang. C'étaient des centaines, m'aurait-il semblé des milliers d'yeux fixés sur nous, détaillant le moindre d'entre nous. Quatre immenses tablées déjà noires de monde, plus grande que je n'en avais jamais vues, ainsi que trois autres, vides, aux couleurs respectives de Durmstrang, Salem et Beauxbâtons, sans compter celle, nous faisant face, des professeurs. C'était simplement impressionnant.
Entrée à son tour dans la Grande Salle, Pearl se glissa à mes côtés, passant un bras sous le mien, et nous contemplâmes ensemble, hébétées, ce qui allait être le quotidien de notre prochaine année. J'espérais un nouveau départ, quelque chose, un changement, mais j'avais, sincèrement, du mal à y croire. Avoir enfin quitté l'atmosphère plus qu'étouffante de la maison familiale m'était évidemment bénéfique mais cela ne suffisait guère. Il restait le poids des mensonges impardonnables, des rancunes inavouées, des mots balancés à la hâte ; j'aurais voulu me débarrasser de tout cela, mais ç'aurait été oublier, oublier tout ce que j'avais pu apprendre cet été, et j'étais aujourd'hui assez grande pour savoir qu'aucune fée ne viendrait laver le goût amer que ces révélations avaient laissé dans ma bouche.
Plus rien ne serait plus pareil, mais j'osais croire, sans doute dans un nouvel élan de naïveté que cette dernière année, dans ces conditions si spéciales, dans cette école aux si nombreuses possibilités, me permettraient de pardonner, et d'ouvrir un nouveau chapitre à mon conte de fée, qui, malheureusement, n'en était plus un. Une fin, la fin de mon insouciance, en l’occurrence impliquait forcément un commencement, un renouveau.
Je sursautai, tirée de mes réflexions par l'apparition soudaine d'une bonne cinquantaine de plats différents sur la table qui nous était réservée. Tandis que les élèves anglais se jetèrent sans plus attendre sur les énormes poulets, les steacks bien cuits, les gratins et les bouteilles de jus de citrouille qui leur avait été servis, nous autres étrangers échangeâmes un regard consterné.
Je ne me doutais pas encore que cela n'était que l'un des nombreux changements qui nous attendait.
- Citation :
- TON PSEUDO: sapphire, mais sarah ça suffira.
TON ÂGE: 14 ans
TON AVIS SUR SONORUS? mamma mia, enfin de retour ! et puis ce design toujours aussi orgasmique.
SI JE TE DIS 'WHAT ELSE?' TU ME RÉPONDS: "good night, mister decaffeinato."