3 décembre 2040

Cher journal, aujourd'hui maman m'a enfin avoué qu'elle savait qui était mon père, et qu'il était moldu. Mon monde s'écroule, ainsi que celui de tous les autres membres de ma famille. Tout le monde autour de moi est un sang pur, je pensais l'être aussi. Maintenant, j'apprends que la personne que je pensais être n'est qu'un simple mensonge d'une mère trop égoïste pour me dire qu'elle a eu un moment de coucherie avec un inconnu moldu. Elle est belle la famille. N'empêche, ça peut peut être expliquer pourquoi j'ai toujours senti un certain intérêt pour ces hommes sans pouvoir, ignorant de l'existence de la magie. Contrairement aux autres personnes de mon milieu assez privilégié, je ne ressentais pas cette haine de ces « Sang-de-bourbe » comme ils se plaisent à les appeler. Maintenant, je comprends mieux...

Il y a pas à dire, déjà pour mes huit ans j'avais un sacré franc-parler. Mais j'avais moins le cran d'affirmer mes opinions en face de tous, car il me fallait un journal intime pour exposer mes idées. Quelle naïveté. Mais bon, on peut pas m'en vouloir, j'étais gosse. Je me souviens étrangement bien de cette journée. Toutes les premières années de ma vie je m'étais imaginé le visage de mon père. Selon ma mère, c'était un homme important de la haute société des sorciers. Tellement important qu'elle devait me cacher son identité et je n'avais que quelques histoires le concernant. « C'était un homme merveilleux, attendrissant, intelligent, tout toi mon fils... ». « Même s'il ne peut pas être à tes côtés, il t'aime plus que tout et n'attend qu'une chose, pouvoir un jour te le dire en face. ». « Nous nous sommes rencontrés dans un conférence de sorciers, ce fut le coup de foudre. ». Et bla bla bla. Que de conneries, que de conneries. Mon Dieu faites la taire. C'est ma mère mais ça devrait pas être permis de donner autant de pouvoir dans le mensonge à quelqu'un. Encore un peu je grandissais en demeurant un idiot qui se fait des illusions sur son paternel.

AIDEN - Mamaaaaaan ! J'ai une lettre de Poudlaaaard ! Je suis acceptééééé !
MÈRE - C'est bien mon fils. Pense à fermer la porte derrière toi en sortant.
AIDEN - Euh...

Depuis l'épisode de mes huit ans, ma mère et moi on a entretenu une relation assez originale. Elle n'entendait qu'un mot sur deux de ce que je lui racontais, et ce qu'elle entendait... elle n'y faisait pas attention. Heureusement que Poudlard m'ouvrait ses portes, j'allais pouvoir me faire une vraie éducation. Plus de mensonge, plus de demie-discussion, plus d'ignorance au détour d'une pièce. J'adore ma vie, j'adore ma vie, j'adore ma vie... Sans aucune réelle surprise, j'entrai à Poudlard dans la maison Serpentard. Même si le bug dans mon arbre généalogique m'avait fait émettre quelques doutes quant au choix de ma maison dans l'école... Très vite je devins l'idole de me camarade, et le cauchemar des profs malgré mes résultats excellents. On m'aimait et me détestait pour les mêmes raisons, j'étais un rebelle/boute-en-train/doué dans l'art de s'attirer des ennuis/intello. Cherchez l'erreur. Je faisais gagner des points à maison par mon intellect, autant que j'en faisais perdre par mes conneries. Après tout, j'étais assez équilibré dans mon genre.
Les années passèrent, et je devenais de plus en plus insupportable auprès des professeurs et du directeur qui n'attendaient qu'une chose : que je quitte Poudlard et n'y remette plus jamais les pieds. Il ne comprenait pas qu'un jeune homme avec mon talent passe son temps à faire le pitre, à draguer toutes les filles, et à faire son intéressant alors qu'il pouvait faire des choses tellement plus constructives. Mais comme je leur répétais si souvent, « la constructivité (oui, j'inventais des mots aussi) varie d'une personne à l'autre ». J'ai fini par quitter l'école, applaudi par tous les profs plus que ravis de me dire adieu. Ah s'il savait que je reviendrais quelques années plus tard en tant que collègue...

La gazette du sorcier

L'auteur a succès, Aiden L. Carlyle, aussi sexy que talentueux, nous charme une nouvelle fois avec ses romans magiques, poétiques, et plein d'humour. Jamais l'histoire de la magie et les aventures personnelles d'un homme ne nous a autant passionnés.

Ah oui, un fois que j'ai terminé mes années à Poudlard, à moitié viré à coup de coup de pied au derrière, j'ai beaucoup voyagé. J'ai vu tous les coins et recoins du monde des moldus, et j'ai appris tout ce qu'il y avait à apprendre du monde des sorciers. Avec mon imagination débordante, j'ai réussi à pondre des romans tous plus populaires les uns que les autres. J'ai aussi écrit quelques bouquins plus sérieux utilisés dans les écoles telle que Poudlard, mais ça vous intéresse tout de suite beaucoup moins. J'ai fait ça pendant quelques années. J'ai collectionné les succès, les séances de dédicace, et les conquêtes féminines qui adoraient côtoyer les hommes tel que moi. Je me répète cette fois ci avec aucune ironie : j'adore ma vie, j'adore ma vie, j'adore ma vie.

Mais les années ont passé, et je me suis lassé. J'ai vite compris que les plus belles années de ma vie n'étaient pas celles que je pensais être. Ce n'était pas ces années de succès, d'argent, et de femmes. C'était plutôt mes années à Poudlard à faire tourner les profs en bourrique, à apprendre des choses qui me serviraient jamais dans la vie, etc etc. Lorsque j'ai entendu dire qu'un poste de professeur d'histoire de la magie se libérait dans l'école, j'ai sauté sur l'occasion. Sur le chemin de l'entretien d'embauche, j'ai fait demi tour une demi douzaine de fois. Mais qu'est ce que j'allais bien foutre en tant que prof ? Je n'allais tout de même pas devenir l'une de ces personnes avec qui j'ai pris plaisir à faire toutes les débilités du monde ? Ce n'est qu'arrivé dans l'enceinte du château que j'ai compris que c'est ce que je voulais faire. Sincèrement. Je n'étais pas le seul surpris par ce nouveau choix de vie. Le directeur l'était presque autant que moi. Si ce n'est plus. Mais il comprit que j'étais l'homme parfait à employer. C'était un pari risqué, mais utile et tentant à relever. C'est ainsi que je devins professeur à Poudlard. L'école qui avait fait de moi ce que je suis aujourd'hui...

DIRECTEUR - Monsieur Carlyle, qui aurait pu un jour imaginer que je vous recevrais dans mon bureau dans le cadre d'un entretien d'embauche ?
AIDEN - Certainement pas moi.
DIRECTEUR - Vous voyez que la décoration n'a pas vraiment changé depuis vos nombreux allés et venues ici.
AIDEN - En effet, toujours la même vieille tapisserie. Les mêmes tableaux égocentriques. Les bouquins vétustes recouverts de poussière, seulement là pour faire bonne figure. Comme au bon vieux temps, tout est resté intact.
DIRECTEUR - Votre caractère lui aussi est resté intact. Et vous vous demandiez pourquoi vous étiez si souvent convoqués dans ce bureau...
AIDEN - Ce n'était donc pas pour mes si merveilleux résultat ?

Ahah. Toujours le mot pour rire, on me changera jamais. Déjà à l'époque j'avais ce don pour m'attirer les foudres de mes professeurs et du directeur dès que j'avais un mot plus haut que l'autre. Je savais pourtant bien que ce caractère de merde qui m'habitait déplaisait à l'homme que j'espérais voir bientôt devenir mon patron. Mais ce n'était pas mon genre de jouer au parfait petit employé. Je suis comme je suis, si c'est pour devoir jouer un rôle pour le reste de mon parcours professionnel à Poudlard, ce n'était pas la peine. Et allez savoir pourquoi, à force de passer mon temps entre ces murs il y a de ça plusieurs années, le directeur a fini par m'apprécier. Il aimait surement cette immense culture que j'avais, mon habilité à manier les mots pour le faire rire, mes idées toujours farfelues pour améliorer la vie dans l'école de magie, mon talent pour m'attirer tous les ennuis de la Terre mais toujours m'en sortir sans trop de dommages. J'aimais ces parties de moi en tout cas. Pourquoi pas lui ? C'est bien pour ça que je tentai ma chance. Je savais qu'au fond de moi, il m'adorait. Qu'il rêvait de sang neuf dans le corps professoral de l'école. Surtout que la matière qui allait me faire vivre était considérée comme l'une des plus ennuyeuses et lassantes du programme. Avec mes capacités, je savais comment rendre le cours beaucoup plus attrayant pour tous ces nouveaux sorciers. Et ma belle gueule aiderait surement à faire passer la pilule.

DIRECTEUR - Plus sérieusement, qu'est qui vous a poussé à vouloir devenir professeur ? Vous avez toujours montré un mépris exacerbé pour vos potentiels homologues quand vous étiez élèves chez nous. Qu'est ce qui vous a fait changer d'avis ?
AIDEN - Vous me manquiez Padre. Non plus sérieusement, je crois que j'ai vécu et vu tout ce que le monde pouvait m'offrir, il est temps que je me pose quelque part. Et mes nombreuses expériences font de moi l'homme idéal pour enseigner à la nouvelle génération ce qu'ils ont loupé dans le passé.
DIRECTEUR - Qu'est ce qui fera de vous un bon professeur ?
AIDEN - J'ai déjà fait toutes les conneries qu'un élève peut faire, vous en êtes témoins. Je ne pourrai pas me faire avoir par ces trolls comme l'ont été mes prédécesseurs.
DIRECTEUR - Vous pourrez commencer dès la rentrée prochaine.
AIDEN - Je n'en attendais pas moins de vous boss.

Court, simple, efficace. C'est ainsi que c'était déroulé mon entretien d'embauche à Poudlard il y a de ça un peu plus d'un an. Lorsque je raconte cette histoire à mes nouveaux collègues, ils ont souvent du mal à me croire. Ça ne me surprend pas plus que ça quand j'entends après comment eux ont été embauché. Ils avaient dû lutter, donner un nombre énorme d'argument jouant en leur faveur, faire du lèche-cul comme personne auparavant. Alors que moi, j'avais joué au sale gosse, à l'ancien élève qui n'aurait probablement jamais dû reposer les pieds dans le sein de l'établissement, mais qui pourtant avait osé se présenter devant le directeur tel un jeune loup sorti de sa meute pensant être le roi du monde... pensant être capable de tout grâce à sa pauvre volonté. N'empêche que ça a marché pour moi. Aujourd'hui, mes collègues me voient toujours comme ce jeune loup. J'ai limite l'impression d'être toujours élève dans l'école. S'ils le pouvaient, les autres profs me mettraient surement en retenue, ou m'enverraient dans le bureau du directeur. Quelle ironie... Heureusement, je ne suis pas rejeté de tous. Au contraire, même ceux qui me détestent et veulent me voir renvoyé de l'établissement ne peuvent pas se passer de moi et ma bonne humeur. Mais surtout, les élèves m'adorent. Je me vois en eux autant qu'ils se voient en moi. J'ai réussi à leur faire aimer les études et ne pas redouter le début de chaque heure de cours. Même si je devais partir maintenant, je ne serais pas déçu. J'ai réussi à accomplir la seule mission que je m'étais donné, et pour laquelle on m'avait accordé ce poste. Car il ne faut pas se voiler la face, si je suis là à ce jour, c'est parce que le directeur a su voir en moi ce don que j'avais de me vendre moi et mes passions. On se revoit en cours !