Tandis que le soleil venait tout juste de se lever, une silhouette gracieuse et féminine traversait les couloirs à vive allure. Sans doute une personne ne désirant pas qu’on l’intercepte, afin de la déranger ou de la questionner sur ce réveil bien plus que matinal. Effectivement, le samedi, la plupart des élèves, exténués par cinq jours de cours, prenaient la décision de faire une grasse matinée.
Pourtant, il n’était pas dans les habitudes de Ryan d’effectuer cette grasse matinée. Ses samedis étaient constitués d’évènements posés : ils se consacraient à la sérénité et à la solitude, si bien que souvent, ses amis ne la trouvaient pas durant de nombreuses heures. Elle avait pour habitude de se réfugier à la bibliothèque et dans la Salle sur Demande l’après-midi, et le matin, elle se réveillait bien tôt, entamant une fraîche promenade dans le parc du château. Il était agréable de se retrouver seule, respirant l’air frais qui s’offrait à elle, observant le paysage et s’abandonnant à ses pensées diverses.

Parvenue à l’extérieur, elle se dirigea vers un grand chêne, situé dans un endroit plus reculé du parc, où on ne s’aventurait pas bien souvent : la plupart du temps, les élèves jugeaient ce lieu inapproprié pour pouvoir s’amuser. Ils n’avaient pas faux… sauf qu’ils n’avaient sans doute jamais vu l’intérêt réel de s’y poser. Ryan, si. Par exemple, la vue était particulièrement attrayante : ce chêne avait été planté en hauteur, si bien qu’on voyait tout de haut, notamment le lac noir, qui s’étendait à plusieurs kilomètres. Et à cette heure-ci, le soleil tapait en cet endroit précis, mettant en valeur sa longue chevelure dorée et sa peau pâle. Enfin, pour ce dernier détail futile, c’était un élève de septième année l’ayant surpris il y avait deux ans de cela qui le lui avait déclaré… autant pouvoir le croire.
S’asseyant sur l’herbe refroidie par les températures de fin septembre, son dos adossé au tronc du chêne, elle posa son sac à terre pour en ressortir un livre de Moldus, que son père lui avait acheté l’été précédent. Son père qui devait d’ailleurs se sentir extrêmement seul quand sa fille unique partait pour une école de sorcellerie où il n’avait jamais eu le loisir de poser les pieds, étant aussi Cracmol que ses quelques précédents ancêtres.

Absorbée par sa lecture, achevant le quatrième chapitre, elle ferma son livre de son habituelle délicatesse silencieuse. Elle le rangea dans son sac, observant les alentours par la suite. Il n’y avait toujours personne. Hum. Peut-être fallait-il qu’elle retourne dans la salle commune ou qu’elle aille dans les cuisines de Poudlard pour y manger quelque chose ? Il commençait d’ailleurs à faire froid, par ici. Ou peut-être était-ce parce que plus on était seul, plus on avait froid… surtout si on trouvait à l’extérieur. Soupirant sans se gêner – après tout, elle était bien la seule élève à se trouver ici – elle se leva, s’étirant et baillant.
Ce fut en voulant ramasser son sac qui se trouvait toujours par terre qu’elle remarqua une présence au sens opposé du tronc où elle s’était adossée précédemment : une figure masculine, aux cheveux aussi blonds qu’elle, assise, regardant au loin, en direction de la forêt interdite. Un homme et non un élève : Tristan Ainsworth, son professeur de potions. Affolée, elle ramassa son sac, sans pouvoir s’empêcher de lâcher quelques jurons et un : « Putain de merde ! » au passage. Il était certainement le seul être humain qu’elle avait envie de croiser et d’éviter à la fois.
Pas lui. Désormais, il était selon elle aussi idiot qu’un autre.